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09/19/2016
Johann Sebastian Bach : Toccata en ut mineur, BWV 911
Ludwig van Beethoven : Sonate pour piano n° 7, opus 10 n° 3
Nikolaï Medtner : Sonate pour piano en fa mineur, opus 5

Lucas Debargue (piano)
Enregistré dans la Sendesaal 1, Funkhaus Nalepastrasse, Berlin (1er-5 février 2016) – 70’45
Sony Classical 88985341762 – Notice de présentation en français, allemand et anglais


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Après un premier album porté aux nues – dans la foulée d’une prestation qui fit sensation lors du concours Tchaïkovski 2015 –, on s’avançait prudemment à l’écoute de ce deuxième disque, en se disant que la réputation déjà admirable qui entoure le jeune pianiste Lucas Debargue (né en 1990) avait peut-être quelque chose de douteux. L’évidence frappe pourtant dès le début de la Toccata en ut mineur (1712) de Bach. Le calme et la probité de la démarche interprétative fixent le cadre d’un tableau débordant de vie, qui voit surgir des ombres dans le mal-être de l’Adagio et jaillir mille surprises dans l’intelligence rigoureuse de la Fugue.


Plus encore, c’est la Sonate en ré majeur (1798) de Beethoven qui stupéfie. Le Presto semble s’écrire sous nos yeux: le plan se déroule avec naturel et évidence, la frappe regorge de richesse, dans la variété des tempos comme dans la multitude des nuances (les plus affirmatives tout autant que les plus souterraines). Par la perfection du geste, le Largo e mesto paraît tracer des lignes de cristal dans l’ivoire de l’instrument. Si les accords plaqués dans la fluidité du discours surgissent telles des lames tranchantes dans la chair, la sérénité d’un toucher aussi fin qu’acéré suffit à bouleverser. Les deux derniers mouvements brillent sans ostentation, servant le compositeur en donnant vie aux silences comme aux reprises. Enfin un pianiste qui a quelque chose à dire dans Beethoven... serait-on tenté de dire, tant se succèdent les disques, trop souvent inutiles, dans un contexte discographique pourtant surchargé. Lucas Debargue parvient, dans ce répertoire, à une sorte de synthèse entre Sviatoslav Richter et Friedrich Gulda.


«Je trouve que cela a plus de sens de s’engager dans un ouvrage comme celui-ci, génial mais méconnu, plutôt que dans d’autres, qu’on est trop habitué à entendre». La Sonate en fa mineur (1903) de Medtner n’est pas, en effet, une partition aisée à faire vivre... L’interprète français – qui confirme en passant sa proximité avec la culture musicale russe – y parvient adroitement voire langoureusement, tant les effluves de cette sonate (notamment l’immense premier mouvement – une «sonate en soi», d’après Lucas Debargue) revêtent quelque chose d’érotique sous les doigts du jeune Français. On reste notamment frappé par la ferveur du propos dans le Largo divoto et par la détermination haletante du Finale. Du très grand piano.


Le site de Lucas Debargue


Gilles d’Heyres

 

 

 

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