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09/07/2016
«Te Deum pour les victoires de Louis XV»
Henry Madin : Te Deum HM 28 – Diligam te, Domine HM 22

Anne Magouët, Michiko Takahashi (sopranos), Robert Getchell, Alban Dufourt (ténors), Alain Buet, Geoffroy Buffière (basses), Les Cris de Paris, Geoffroy Jourdain (chef de chœur), Stradivaria (Ensemble baroque de Nantes), Daniel Cuiller (direction)
Enregistré en public en la Chapelle royale du Château de Versailles (27 juin 2015) – 69’09
Alpha 963 (distribué par Outhere) – Notice (en français, anglais et allemand) de Laurent Brunner et Jean-Paul Montagnier, et traduction des textes chantés


 Sélectionné par la rédaction





Comme le signale Jean-Paul Montagnier dès les premières lignes de la notice d’accompagnement de ce disque, Henry Madin (1698-1748) est célèbre pour avoir notamment «occupé la charge musicale la plus enviée de tout le Royaume de France, celle de sous-maître de la Musique de la Chapelle du Roi». Aux Petits motets d’Henry Madin (renvoyons les curieux vers le très bon disque du Concert lorrain dirigé par Anne-Catherine Bucher), à l’accompagnement et aux dimensions des plus modestes, il nous est désormais permis d’opposer le grandiose avec ce Te Deum qui, s’il ne porte pas l’appellation «pour les victoires de Louis XV» comme pourrait le faire croire le titre du disque, fut néanmoins donné pour la première fois pour célébrer la prise de Fribourg en 1744 dans le cadre de la guerre de Succession d’Autriche, Louis XV ayant assisté lui-même au bombardement d’une ville prise par les Français à quatre reprises en un siècle!


Enregistré sur le vif dans le somptueux cadre de la Chapelle royale du Château de Versailles, il n’en fallait pas moins pour donner tout son lustre à cette partition où alternent les passages où brille toute la pompe de l’absolutisme royal (citons à ce titre les excellents Emmanuel Mûre à la trompette et Isabelle Villevielle aux timbales) et les moments plus recueillis. A la tête d’un très bon ensemble Stradivaria, Daniel Cuiller, rompu à ce répertoire, impose d’emblée le climat de réjouissance du «Te Deum laudamus» introductif, où les anches doubles s’intercalent entre la trompette et les timbales qui brillent immédiatement de tous leurs feux avant ensuite de conclure le mouvement. Or, comme on l’a signalé, il serait réducteur de résumer ce Te Deum aux seuls aspects luxuriants de son orchestration, celle-ci connaissant en effet des séquences où la douceur prédomine, comme dans ce récit de dessus «Aeterna fac cum sanctis» où, dans un rythme de sicilienne, la flûte volette doucement, les cordes constituant pour leur part le seul accompagnement instrumental dans le «Te per orbem terrarum»... Le chœur des Cris de Paris, préparé par Geoffroy Jourdain, est excellent de bout en bout. Quant aux solistes, on regrettera que la notice d’accompagnement (très riche d’enseignements par ailleurs) ne détaille pas les interventions de chacun, l’auditeur ne pouvant par exemple savoir qui chante précisément dans tel ou tel mouvement. Pour autant, on salue le duo de sopranos (Anne Magouët et Michiko Takahashi) dans le «Te per orbem terrarum» ainsi que le jeu des solistes dans le «Dignare Domine». Même si la voix est parfois un peu claire, on mentionnera enfin les interventions du toujours d’attaque Alain Buet, au timbre reconnaissable, dont la beauté culmine dans cet étonnant «Judex crederis esse venturus», magnifique passage en raison également de l’intervention des basses de l’orchestre.


En complément de ce Te Deum, le Diligam te, Domine, composé pour sa part en 1737 (l’œuvre fut dédiée à Louis de Noailles, capitaine des gardes de corps du Roi), offre un bel exemple de grand motet du XVIIIe siècle. Débutant par un mouvement très délicat (une voix de soprano accompagnée notamment par une flûte et un violon solos), il dévoile une assez belle diversité stylistique, chaque mouvement offrant son charme propre à l’instar du très beau «Commota est», où les attaques et l’ostinato des cordes sont remarquables.


Au regard surtout du Te Deum, Daniel Cuiller réalise là sans conteste un excellent disque qui, dans le cadre des enregistrements réalisés sous la houlette de «Versailles spectacles», dévoile un nouveau coin de la musique française des XVIIe et XVIIIe siècles. Que lui et quelques autres persévèrent dans cette vaste entreprise!


Le site de Robert Getchell
Le site des Cris de Paris
Le site de Stradivaria


Sébastien Gauthier

 

 

 

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