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08/18/2016
We Want the Light
Christopher Nupen (réalisation)
Réalisé en 2005 – 330’
Album de deux DVD The Christopher Nupen Films A16CND – Format 4:3 – Region code 0 – Son Dolby Digital 2.0 – Sous-titre en anglais, français, allemand, espagnol et italien





Dans les années soixante-dix, le réalisateur Christopher Nupen a révolutionné l’art du documentaire musical avec quelques films réalisés pour la BBC dont certains, comme La Truite et ceux consacrés à Jacqueline du Pré, Itzhak Perlman et Vladimir Ashkenazy, sont restés légendaires. Plus récemment, il s’est intéressé à des pianistes comme Evgeny Kissin et Daniil Trifonov, dont il a réalisé des portraits qui seront passionnants à confronter à l’image qu’ils donneront tout au long de leur carrière.


Publié en 2005, We Want the Light («Nous demandons la lumière») fait exploser complètement le cadre du documentaire musical que Christopher Nupen, comme il s’en explique en préambule à ce formidable film, avait déjà poussé envers et contre tous à la télévision britannique vers des limites complétement nouvelles, notamment celles de la difficile intégration de la musique au documentaire. Ce film est à facettes multiples avec un thème comme dénominateur commun: le rôle salvateur de la musique. Il s’agit en fait de trois films dont le premier, We Want the Light, tire son titre d’un poème écrit par une jeune fille de douze ans, Eva Pickova, au camp de concentration de Terezín; il a pour thème général les rapports entre les juifs et la musique, entre judaïté et art et raconte deux siècles de l’histoire allemande vus par le prisme de ces thèmes. Ce vaste sujet passe par des chemins aussi variés que le rôle joué par Moïse Mendelssohn, grand-père de Felix Mendelssohn-Bartholdy, dans l’intégration des juifs dans la société allemande après leur libération des ghettos. Puis sont abordés Richard Wagner et le spectre de l’antisémitisme qui pointait dans ses écrits, notamment son essai Le Judaïsme dans la musique, et de sa possible influence sur la suite de l’histoire allemande. Trois survivants du camp de Theresienstadt dans les Sudètes annexées par le régime nazi, aujourd’hui Terezín en République tchèque, camp où étaient regroupés ceux qui avaient un statut particulier au sein de la société allemande et les artistes, notamment les musiciens. Le poignant témoignage de la pianiste Alice Sommer Herz, qui avait 109 ans au moment du tournage (un an avant sa mort), est une leçon de vie et d’optimisme. La violoniste Anita Lasker-Wallfisch, qui y fut internée encore enfant, est beaucoup plus raisonnée et philosophique, et le violoniste et ingénieur Jacques Stroumsa raconte comment, grâce à la musique, il a pu sauver sa vie et celle de quelques autres.


La deuxième partie du film offre dans leur intégralité les musiques qui sont utilisées comme exemples au cours de la première – Mahler, Bach, Schoenberg, Bruch, Schumann, Mendelssohn-Bartholdy, Wagner, Schubert, Bloch, Waxman – interprétées par l’Orchestre du Gürzenich, le Chœur de l’Opéra de Cologne et le Chœur d’enfants de la cathédrale de Cologne dirigés par Vladimir Ashkenazy et le Philharmonique d’Israël par Daniel Barenboim.


La troisième partie du film est intellectuellement la plus stimulante. Tous les thèmes développés dans We Want the Light, et principalement celui de l’antisémitisme en rapport avec la musique, sont abordés lors d’interviews magistralement menées de personnalités du monde musical, interprètes, musicologues, mais aussi les trois survivants déjà cités. Les points de vue de Daniel Barenboim, Evgeny Kissin, Toby Perlman, Zubin Mehta, Pinchas Zukerman, Norman Lebrecht sont particulièrement brillants et apportent un éclairage enrichissant sur la question. Le film s’achève sur une bouleversante interprétation par Evgeny Kissin du mouvement lent (Andante espressivo) de la Troisième Sonate de Brahms.


De ce film qui a reçu des récompenses multiples de la presse, des institutions culturelles juives, de festivals de films et de télévision, on ne ressort pas indemne.


Olivier Brunel

 

 

 

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