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06/07/2016
Hector Berlioz : Symphonie fantastique, opus 14
Edgar Varèse : Ionisation

Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks, Mariss Jansons (direction)
Enregistré en public à la Philharmonie im Gasteig, Munich (1er-2 juillet 2010 [*] et 7-8 mars 2013) – 58’44
BR Klassik 900121 – Notice (en anglais et en allemand) de Jörg Handstein





Anton Bruckner : Symphonies n° 6 en la majeur (édition Nowak, 1952) [*] et n° 7 en mi majeur (édition Nowak, 1954)
Koninklijk Concertgebouworkest, Mariss Jansons (direction)
Enregistré en public au Concertgebouw d’Amsterdam (7 et 9 mars [*], 23 et 25 décembre 2012) – 116’27
Album de deux disques RCO Live 14005 – Notice (en anglais, allemand, français et néerlandais) d’Aad van der Ven


Must de ConcertoNet





Antonín Dvorák : Stabat Mater, opus 58
Erin Wall (soprano), Mihoko Fujimura (mezzo-soprano), Christian Elsner (ténor), Lian Li (basse), Chor und Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks, Mariss Jansons (direction)
Enregistré en public à la Herkulessaal, Munich (26 mars 2015) – 77’55
BR Klassik 900142 – Notice en anglais et en allemand


 Sélectionné par la rédaction





Gustav Mahler : Symphonie n° 4 en sol majeur
Dorothea Röschmann (soprano), Koninklijk Concertgebouworkest, Mariss Jansons (direction)
Enregistré en public au Concertgebouw d’Amsterdam (11-12 février 2015) – 55’59
RCO Live 15004 – Notice (en anglais, allemand, français et néerlandais) de Dirk Luijmes





Giuseppe Verdi : Messa da Requiem
Krassimira Stoyanova (soprano), Marina Prudenskaja (mezzo-soprano), Saimir Pirgu (ténor), Orlin Anastassov (basse), Chor des Bayerischen Rundfunks, Michael Gläser (chef de chœur), Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks, Mariss Jansons (direction)
Enregistré en public à la Philharmonie im Gasteig, Munich (7 et 11 octobre 2013) – 86’23
Album de deux disques BR Klassik 900126 – Notice (en allemand et en anglais) de Wolfgang Stähr





A un peu plus de soixante-treize ans (rappelons qu’il est né le 14 janvier 1943), Mariss Jansons ne cesse de confirmer que tout ce qu’il touche se transforme en or et qu’il est bien une des plus grandes baguettes aujourd’hui en activité comme en témoigne une anthologie récemment parue. Ne cessant de parcourir le grand répertoire, il livre une véritable leçon d’orchestre à chacune de ses prestations: les quatre disques présentés ici le prouvent encore une fois avec art et manière.


Commençons dans l’ordre alphabétique par la Symphonie fantastique de Berlioz, dont Jansons nous a déjà livré au moins deux belles versions avec le Concertgebouw ou le Philharmonique de Berlin. Evidemment, avec Amsterdam de nouveau, on bénéficie là d’une beauté plastique extraordinaire – les cordes, notamment les basses dans le troisième mouvement de la «Scène aux champs» à 6’48! le cor anglais dans le même mouvement – qui se double d’une précision diabolique (c’est le cas de le dire dans le «Songe d’une nuit du sabbat» conclusif). Pour autant, est-on pleinement convaincu? Pas tout à fait, à vrai dire, en raison d’une prudence parfois étonnante qui en vient presque à scléroser le discours berliozien. On souffre également (en dépit là aussi de la beauté de l’interprétation) du manque de fougue dans «Un bal» et de l’absence de toute folie dans le dernier mouvement. Pierre Monteux (avec Vienne en 1958) ou Igor Markevitch hier, Seiji Ozawa encore récemment ont montré qu’on pouvait déborder le cadre contraint de la partition et lui insuffler davantage que des couleurs, fussent-elles somptueuses. Le complément, Ionisation de Varèse, est à la fois anecdotique et intéressant, ne serait-ce que pour rappeler l’éclectisme du répertoire de Jansons.


On a récemment admiré la réussite de ce chef et de l’Orchestre royal du Concertgebouw d’Amsterdam dans la Neuvième Symphonie d’Anton Bruckner. Quelque temps auparavant, ce sont de tout aussi exceptionnelles Sixième et Septième qu’il enregistrait, de nouveau en concert, avec la même phalange. Moins représentée au disque que la Quatrième ou les trois dernières du maître de Saint-Florian, la Sixième trouve tout simplement ici une de ses plus belles consécrations discographiques. Le premier mouvement (Majestoso) n’a jamais aussi bien mérité son nom: le chef letton prend son temps et permet à l’orchestre (à partir de 5’ ou, surtout pour la fin, à partir de 12’20) de livrer une puissance emplie de grandeur, servie par des cordes à tomber. Dommage que la toute fin soit aussi appuyée... Le deuxième mouvement est renversant, la noirceur des couleurs (quelles cordes là encore! les cuivres!) évoquant bien souvent les sonorités mahlériennes. Le Scherzo, à la construction typiquement brucknérienne, est très bien fait mais c’est le dernier mouvement qui achève de nous convaincre, Jansons dirigeant l’ensemble avec une liberté qui parvient à masquer adroitement la rigueur de la partition. A notre sens, nous avons là tout simplement une des plus grandes versions qui existe de la Sixième! On n’en dira pas autant de la Septième, non que Mariss Jansons la rate (bien au contraire) mais la concurrence est ici bien plus rude et, même si le résultat amstellodamois est splendide, il n’éclipse pas Karajan (avec Vienne) ou Böhm (géniale version de 1977 avec l’Orchestre de la Radio bavaroise). Et pourtant, le premier mouvement (Allegro moderato) est superlatif: l’orchestre se pare de toutes les couleurs imaginables et Jansons le conduit avec un sens de la progression qui rend l’ensemble inexorable. L’Adagio baigne dans un naturel confondant, les cordes se hissant pour l’occasion au plus haut niveau; il manque néanmoins ce côté désespéré qui en fait également l’intérêt. Là aussi, le Scherzo (qu’on aurait pu souhaiter plus violent) est irréprochable avant un quatrième mouvement qui conclut cette version de la plus belle manière.


Quelques jours avant de le diriger dans la salle de concert du KKL de Lucerne (la vidéo de la représentation donnée le 28 mars 2015 existe sur YouTube, offrant ainsi à tout un chacun un incroyable concert), Mariss Jansons conduisait avec maestria le Stabat Mater (1875-1877) d’Antonín Dvorák (1841-1904) à Munich. On sait que le compositeur tchèque a souhaité, à travers cette œuvre, traduire en musique le drame que lui ont infligé les décès successifs de trois de ses enfants (ses filles Josefa et Růzena, ainsi que son fils Otokar): autant dire que Jansons sait parfaitement rendre cette douleur grâce tout d’abord à des forces bavaroises d’une qualité exceptionnelle, qualité que l’on avait déjà soulignée dans la même œuvre, sous la conduite cette fois-ci de Nikolaus Harnoncourt. L’orchestre: rien à dire de spécial si ce n’est qu’il confirme là son statut, celui d’une des meilleures phalanges du monde (des pupitres de cordes au soyeux confondant, des bois aux timbres d’une finesse devant laquelle on rend les armes, des cuivres à la puissance souveraine...). Les lauriers de cet enregistrement doivent néanmoins être attribués non à l’orchestre mais au Chœur de la Radio bavaroise: dans le si beau Eja, Mater, Fons amoris, il déclame son texte avec un sens de la progression qui, en un instant, nous fait basculer du murmure douloureux à la peine exacerbée. On avait souligné la performance du Collegium vocale de Gand sous la direction de Philippe Herreweghe (voir ici): force est de constater que le Chœur de la Radio bavaroise nous éblouit encore davantage, peut-être en raison d’effectifs plus conséquents, la grandeur ne sacrifiant jamais à l’intimité et au recueillement propre à la partition. Un peu trop démonstratif peut-être dans son entrée, le ténor Christian Elsner s’avère néanmoins parfaitement à sa place, notamment dans un Fac me vere tecum flere idéal. Excellents également, la basse Lian Li – écoutez son intervention dans Fac, ut ardeat cor meum! – et la soprano Erin Wall. Mais c’est sans doute la mezzo Mihoko Fujimura qui nous éblouit le plus: à elle seule, elle incarne le drame de l’œuvre avec une justesse de chaque instant. Là aussi, n’hésitons pas à la dire: Jansons le magicien signe sans aucun doute une version de référence du Stabat Mater.


Gustav Mahler: que dire sur les relations entre l’Orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam et Mahler, entre Jansons et Mahler si ce n’est que c’est là souvent un ticket gagnant. Et le fait est que ce disque, qui fait suite à d’excellentes Première, Troisième, Cinquième et Sixième Symphonies, confirme ces affinités. Pour une prise en concert, on reste bouche bée d’admiration devant l’assurance des solistes dans le premier mouvement (les cors ou les trompettes à partir de 9’55): même en studio, l’aplomb se fait moins sentir! Mais avec Amsterdam, on joue sur du velours. Or, un peu comme dans Berlioz, le résultat s’avère presque trop parfait: l’élégance des solistes (hautbois et cor en premier lieu) n’est-elle pas presque excessive dans le deuxième mouvement (In gemächlicher Bewegung. Ohne Hast)? A l’image des grandes heures d’un Bernard Haitink à la tête du même orchestre, on baisse les armes devant la direction de Jansons qui, dans le troisième mouvement, réalise un petit miracle, chaque entrée (par exemple les violoncelles à 7’40) étant absolument parfaite mais également empreinte d’un très grand naturel. En fin de compte, c’est peut-être le dernier mouvement qui nous laisse un peu sur notre faim en raison d’une Dorothea Röschmann un rien distante, même si elle déploie une voix enjôleuse en plus d’une occasion. Un second choix, pourrait-on dire, mais à quelle hauteur néanmoins!


Enfin, Giuseppe Verdi, dont Mariss Jansons dirigeait là une brillante version du Requiem, quelques jours avant de le donner avec la même équipe au Musikverein de Vienne le 15 octobre (concert d’où sont d’ailleurs issues les photographies illustrant la jaquette des présents disques). Le quatuor de solistes est du plus haut niveau: mentionnons notamment la basse Orlin Anastassov dans un «Tuba mirum» où les trompettes bavaroises sonnent avec un éclat des plus inquiétants. Même s’il réussit plutôt son «Ingemisco», le ténor Saimir Pirgu est surtout remarquable dans le «Hostias», à l’image de ses trois partenaires. Mais c’est surtout le chœur qui impressionne, superbement préparé par Michael Gläser: quelle entrée dans le «Rex tremendae»! Jansons dirige l’ensemble de ses forces avec beaucoup d’éclat, optant volontairement pour une vision assez théâtrale, voire dramatisante de l’œuvre à laquelle tous adhèrent, comme le ténor dans son entrée au cours du «Requiem» introductif. L’orchestre est chatoyant et confirme une fois de plus l’ensemble de ses qualités tant individuelles que d’ensemble. Une très belle version du Requiem à défaut de s’imposer parmi les références de l’œuvre.


Le site d’Erin Wall
Le site de Mihoko Fujimura
Le site de Christian Elsner
Le site de Dorothea Röschmann
Le site de Krassimira Stoyanova
Le site de Saimir Pirgu
Le site du Chœur et de l’Orchestre symphonique de la Radio bavaroise
Le site de l’Orchestre royal du Concertgebouw d’Amsterdam


Sébastien Gauthier

 

 

 

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