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04/16/2016
Camille Saint-Saëns : Concertos pour violoncelle n° 1 en la mineur, opus 33, et n° 2 en ré mineur, opus 119 – Le Carnaval des animaux (*) – Wedding-cake, opus 76 – Africa, opus 89
Truls Mørk (violoncelle), Louis Lortie, Hélène Mercier (*) (piano), Bergen Filharmoniske Orkester, Neeme Järvi (direction)
Enregistré au Grieg Hall, Bergen (15-18 juin 2015) – 75’32
SACD hybride Chandos CHSA 5162 Notice (en anglais, allemand et français) de Roger Nichols





Antonín Dvorák: Concerto pour violoncelle n° 2 en si mineur, opus 104 [1]
Camille Saint-Saëns : Concerto pour violoncelle n° 1 en la mineur, opus 33 [2]
Pablo Casals : El cant dels ocells [3]

Orchestre du Festival de Lucerne, István Kertész (direction) [1], Orchestre Philharmonique de la RTF, Jean Martinon (direction) [2], Orchestre à cordes du Festival de Lucerne, Matthias Bamert (direction) [3]
Enregistré en public au Kunsthaus, Lucerne (10 septembre 1960 [2], 16 août 1967 [1] et 4 septembre 1976 [3]) – 60’53
Audite 95.628 – Notice en anglais, allemand et français


 Sélectionné par la rédaction





Bien qu’il ne soit pas toujours élevé au rang de chef-d’œuvre (dans son récent Camille Saint-Saëns édité chez Actes Sud-Classica, Jacques Bonnaure ne lui consacre que sept malheureuses petites lignes!), le Premier Concerto (1872) a toujours eu les faveurs des violoncellistes, de Mstislav Rostropovitch (notamment dans un enregistrement célèbre dirigé par Giulini chez EMI) à Jacqueline Du Pré, de János Starker à Anne Gastinel, de Gregor Piatigorsky à Gautier Capuçon...


Dans la petite anthologie dirigée par Neeme Järvi, c’est au tour de Truls Mørk (né en 1961) de se confronter à ce concerto dont il donne une lecture fort bien faite mais qui n’entraîne guère. L’Allegro non troppo bénéficie avant tout d’une superbe prise de son qui permet à l’orchestre de révéler les multiples détails de la partition, les deux autres mouvements se caractérisant par une très grande finesse qui néanmoins, dans le deuxième mouvement (Allegretto con moto), s’apparente davantage à une retenue un brin excessive. Les sonorités du violoncelle de Mørk sont exemplaires et font tout de même de cette gravure une réussite indéniable. Plus rare au disque, le Second Concerto (1905) révèle à son tour une belle plénitude sonore tant de la part du soliste que de l’orchestre, Neeme Järvi donnant au second mouvement (le concerto étant divisé en deux mouvements eux-mêmes subdivisés en deux parties) un élan que l’on aurait d’ailleurs aimé trouver dès le Premier. Ce manque initial d’implication, on le retrouve dans le célèbre Carnaval des animaux (1886), où ce sont surtout les deux pianos de Louis Lortie et Hélène Mercier, complices dans la moindre note, que l’on remarque. Pour le reste, dans cette version sans texte, on entend un «Eléphant» poussif, un «Aquarium» sans grande imagination, des «Fossiles» sans verve: que tout cela est sage alors justement que Saint-Saëns y a mis toute son audace de compositeur (des glissandi de cordes à l’effectif même requis pour l’interprétation) au service d’une œuvre où la fantaisie devrait être le maître-mot! Bien que bénéficiant déjà de quelques gravures au disque, la rhapsodie Africa pour piano et orchestre (1891) est interprétée avec esprit par Louis Lortie, Neeme Järvi dirigeant l’Orchestre philharmonique de Bergen avec une attention remarquable. Si l’on devait passer sur la dernière œuvre au programme (le caprice-valse Wedding-cake), plus anecdotique qu’autre chose, ce serait donc avant tout pour cet Africa que l’on pourrait recommander ce disque qui peut en outre offrir une belle introduction à l’œuvre de Saint-Saëns pour qui souhaiterait la découvrir.


Avec Pierre Fournier (1906-1986) à l’archet, on change de braquet si l’on ose dire! Car il possède le Premier Concerto de Saint-Saëns avec une énergie incroyable: ce n’est pas une attaque que l’on entend au début, c’est une empoignade, un ouragan qui ne quittera l’auditeur de ce concert qu’avec la pause offerte par le deuxième mouvement. C’est une tornade musicale, tornade accrue par l’urgence du live sous la direction étincelante de Jean Martinon, chef avec lequel Fournier avait pourtant déjà gravé une fort belle version en 1960 à la tête de l’Orchestre Lamoureux pour les micros de Deutsche Grammophon. Martinon opte ici davantage pour une approche symphonique de l’œuvre à laquelle Fournier adhère totalement, le marivaudage du deuxième mouvement (servi par une profondeur d’archet qui lui confère également une très grande noblesse) se muant en un véritable poème symphonique dans le troisième: écoutez l’accélération à partir de 6’35 qui ne vous lâche plus! Quelle prestation! Les compléments sont du même niveau, à commencer par ce Second Concerto de Dvorák avec l’accompagnement idoine de l’Orchestre du Festival de Lucerne dirigé par István Kertész, connaisseur ô combien avisé du compositeur tchèque. D’emblée, l’orchestre se pare de couleurs splendides et, guidé par une énergie constante, permet à l’archet de Fournier (qui l’a déjà gravé au disque avec Rafael Kubelík et George Szell) de s’épanouir. Au début assez péremptoire dans son jeu, le violoncelliste français semble se laisser aller petit à petit et le dialogue avec l’orchestre gagne ainsi en intensité: là aussi, une superbe gravure qui culmine dans le mouvement central, d’une poésie que l’on n’entend plus guère aujourd’hui. Enfin, annoncé par Fournier lui-même à la «mémoire impérissable» de Pablo Casals, c’est Le Chant des oiseaux dans un arrangement pour violoncelle et orchestre à cordes écrit par Casals lui-même: superbe moment qui conclut de la plus belle manière un disque indispensable pour tout amoureux de Pierre Fournier.


Le site de Louis Lortie
Le site de Neeme Järvi
Le site de l’Orchestre philharmonique de Bergen


Sébastien Gauthier

 

 

 

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