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04/04/2016
Johann Sebastian Bach : Partita n° 4, BWV 828 – Toccata, BWV 911 – Suite anglaise n° 3, BWV 808 – Fantaisie chromatique et fugue, BWV 903 – Concerto d’après Alessandro Marcello, BWV 974: «Adagio» – «Ich ruf zu Dir, Herr Jesu-Christ», BWV 639, «Komm, Gott Schöpfer Heiliger Geist», BWV 667, & «Nun komm, der Heiden Heiland», BWV 659 (transcriptions Ferruccio Busoni) – «Jesu bleibet meine Freude», BWV 147 (transcription Myra Hess) – Prélude en sol mineur pour orgue, BWV 535 (transcription Alexandre Siloti)
Nelson Freire (piano)
Enregistré à la Friedrich-Ebert-Halle, Hambourg (17-21 août 2015) – 81’40
Decca 4788449 (distribué par Universal)





Johann Sebastian Bach : Inventions et Sinfonias, BWV 772 à 801
Chantal Stigliani (piano)
Date et lieu d’enregistrement non précisés – 48’14
Calliope Records CAL1211 (distribué par Harmonia mundi) – Notice de présentation en français et anglais





Johann Sebastian Bach : Das wohltemperierete Klavier, BWV 846 à 893
Friedrich Gulda (piano)
Enregistré au MPS-Tonstudio, Villingen (avril 1972 et mai 1973) – 283’55
Album de quatre disques MPS Music 0300650MSW – Notice de présentation en allemand et anglais





Bien qu’éloignés par le style comme par le dessein, ces trois albums de piano ont l’amour de la musique de Jean-Sébastien Bach (1685-1750) en partage.


Dans un disque au programme varié, Nelson Freire (né en 1944) déconcerte. Ce qui frappe d’emblée, c’est la liberté absolue du discours. Flirtant avec le flou ou l’hésitant, le septuagénaire livre un Bach intègre et hautement personnel. Mais sa frappe – à la délicatesse dérangeante – s’avère bien tortueuse pour séduire et surtout convaincre. Ainsi, la Partita en ré majeur bute sur des rythmes complexes ou des harmonies trop subtiles. La Toccata en do mineur baigne dans une lumière argentée, débutant bien sagement avant de s’abandonner à la complexité harmonique et à la joie – avec un trop-plein de subtilité et délicatesse. Une même lumière sage éclaire la Suite anglaise en sol mineur – jusque dans une Gigue pleine de mesure dans l’allant et de calme dans le badinage – et – avec moins d’évidence tant le propos paraît assagi – la Fantaisie chromatique et fugue. Ce Bach très peu «carré» ne suscite, en revanche, que peu d’objections dans les arrangements qui referment le récital (Jésus, que ma joie demeure, Je t’appelle, Seigneur Jésus-Christ, Viens, Dieu créateur, Saint-Esprit, Viens maintenant, Sauveur des Païens). On ne s’étonne guère, à vrai dire, de trouver le pianiste brésilien plus convaincant dans des transcriptions qu’il fréquente probablement depuis plus longtemps et qui collent à sa personnalité comme à son jeu, riches en métamorphoses. Un album atypique, qui met en scène un Bach joyeux et généreux mais qui ne s’adresse pas à tous les publics.


Par comparaison, le Bach de Chantal Stigliani (née en 1953) manque de densité dans la frappe – ce qui n’est pas uniquement le fait du Pleyel de 1910 retenu pour cet enregistrement et dont l’interprète assume l’identité sonore («j’ai choisi d’enregistrer sur ce [piano] pour sa voix humaine»). La sécheresse du ton valorise la motricité des Inventions mais anonymise outre-mesure la personnalité des Sinfonias. On salue, en revanche, l’intégrité de la démarche – celle d’un piano clair et bien ordonné – et l’intelligence de l’ordonnancement, qui part certes de la Première Invention en do majeur mais chemine ensuite, non pas dans l’ordre du catalogue, mais dans celui de tonalités – ascendantes puis descendantes – jusqu’à la Quinzième Sinfonia en si mineur.


Pour apprécier un Bach qui conjugue épaisseur et dynamisme dans le toucher, on pourra opportunément se replonger dans le celui de Friedrich Gulda (1930-2000), dont MPS réédite (après un salutaire dépoussiérage) Le Clavier bien tempéré enregistré en 1972 et 1973 par Hans Georg Brunner-Schwer, qui plaça les micros juste au-dessus des cordes du Steinway. Un des piliers de la discographie de l’œuvre (aux côtés de Sviatoslav Richter, Edwin Fischer ou Glenn Gould), parfois court en résonnances mais d’une invraisemblable diversité de climats et au rendu sonore très riche. Un voyage dans la tempérance du clavier, au moyen d’un kaléidoscope d’atmosphères qui crée, pour reprendre les mots de Thomas Knapp dans le livret, une musique «that in its passage from the most intimate secrets of the clavichord to the radiant majesty of the organ reveals every conceivable musical and human mood». La clarté analytique est le maître-mot de cette version bien connue, dont la réédition s’avère, bien qu’un texte en français lui fasse défaut, un modèle du genre: élégant objet enrichi de textes et d’images, qui donnent une belle occasion de (re)découvrir ce piano d’airain.


Le site de Chantal Stigliani


Gilles d’Heyres

 

 

 

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