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12/30/2015
Franz Schubert : Sonate n° 21, D. 958 – Quatre Impromptus, D. 935
Nikolai Lugansky (piano)
Enregistré au Potton Hall, Westleton (28-31 mai 2015) – 74’
Naïve Ambroisie AM214 – Notice de présentation en français et anglais





«Schubert. Piano à quatre mains»
Franz Schubert : Fantaisie, D. 940 – Variations sur un thème original, D. 813 – Allegro «Lebensstürme», D. 947 – Divertissement sur des motifs originaux français, D. 823: «III. Thème et Variations»

Claire Désert, Emmanuel Strosser (piano)
Enregistré au Théâtre Saint-Louis, Cholet (janvier 2015) – 57’
Mirare MIR 280 – Notice de présentation en français et anglais





«Des fragments aux étoiles»
Franz Schubert : Sonate n° 23, D. 960 – Valses, D. 145 n° 2 et n° 8 – Valse noble, D. 969 n° 10 – Valse sentimentale, D. 779 n° 13 – Originaltänze (Erste Walzer), D. 365 n° 1 – Deutsche Tänze, D. 783 n° 5, n° 10, n° 14 et n° 15 – Deutsche Tänze, D. 790 n° 3, n° 5 et n° 11 – Deutsche Tänze, D. 366 n° 3 et n° 4 – Deutsche Tänze, D. 366 n° 3 et n° 4 – Mélodie hongroise, D. 817

Shani Diluka (piano)
Enregistré à la Maison de la musique, Nanterre (septembre 2013) – 58’
Mirare MIR 240 – Notice de présentation en français, allemand et anglai





Franz Schubert : Sonate n° 23, D. 960
Domenico Scarlatti : Sonates, K. 2, K. 6, K. 35, K. 132, K. 142, K. 193, K. 247, K. 322, K. 386, K. 515 et K. 519

Clara Haskil (piano)
Enregistré à Winterthour (octobre 1950 [Scarlatti]) et à Amsterdam (juin 1951 [Schubert]) – 69’
Archipel Records ARP CD 0060 – Pas de notice de présentation





Franz Schubert : Quatre Impromptus, D. 899
Frédéric Chopin : Impromptus n° 1, opus 29, n° 2, opus 36, n° 3, opus 51, et n° 4, opus 66 «Fantaisie-Impromptu»
Gabriel Fauré : Impromptus n° 1, opus 25, n° 2, opus 31, n° 3, opus 34, et n° 4, opus 91

Tomasz Lis (piano)
Enregistré à la Grosser Sendesaal, Funkhaus Nalepastrasse, Berlin (11-12 avril 2014) – 70’
Klanglogo KL1511 – Notice de présentation en allemand et anglais





Franz Schubert : Quatre Impromptus, D. 899
Serge Prokofiev : Sonate pour piano n° 2, opus 14

Elisso Bolkvadze (piano)
Enregistré à la Grosser Sendesaal, Funkhaus Nalepastrasse, Berlin (17-19 novembre 2014) – 48’
Audite 97.719 – Notice de présentation en anglais





Comme pour Beethoven, Liszt, Schumann ou Chopin, on recense toujours autant de nouveautés discographiques dans les rayons du piano de Franz Schubert (1797-1828).


Radical et plutôt exigeant, le Schubert de Nikolai Lugansky (né en 1972) – qui évoque par instants celui de Sviatoslav Richter – ne conviendra pas à toutes les oreilles. C’est le cas de la Sonate en do mineur (1828), tendue comme un fil de fer et brillante comme de l’or blanc. Par instants ensorcelante, la rythmique du premier mouvement déroute quelque peu – trop fluctuante peut-être pour emporter pleinement l’adhésion. Mais l’autorité de la frappe comme du toucher impressionne d’emblée. Avec ses crescendos titanesques et l’originalité de sa pulsation, l’Adagio revêt une dimension beethovénienne de par sa tension et sa noirceur permanentes. Les troisième et quatrième mouvements sont, respectivement, intransigeant et implacable par leur relative lenteur et le granit d’un toucher étonnamment appuyé. Comme en concert, les Quatre Derniers Impromptus (1827) se parent, eux, d’une netteté auguste dans l’articulation et d’un lyrisme constant dans le phrasé – qui dressent comme un pont, au-dessus de Schubert, entre Mozart et Liszt. Ceux en fa mineur ont une élégance et même une grâce d’un goût très sûr. Les Impromptus en la bémol et en si bémol majeur déploient leurs métamorphoses avec calme et chaleur – et quelques traits de génie au clavier. Pour son premier disque consacré à Schubert, Lugansky emprunte des chemins de traverse – passionnants à suivre (si l’on ne s’y perd pas).


Claire Désert (née en 1967) et Emmanuel Strosser (né en 1965) empruntent ces chemins à deux, et sur le même piano. Comme le souligne Rodolphe Bruneau-Boulmier – dans une notice de grand talent –, «avec Schubert, le piano à quatre mains rêve de grandeurs, d’effusions et d’idéaux romantiques pour suspendre le temps». Or, dans la célèbre Fantaisie en fa mineur (1828) – une œuvre que les pianistes français semblent apprécier (si l’on en juge par les récents disques de Philippe Cassard et Cédric Pescia, d’Ismaël Margain et Guillaume Bellom ou encore de David Fray et Jacques Rouvier) –, l’aridité d’une frappe économe en pédale et courte en résonnances assèche l’émotion. Une version plutôt sévère pour une première approche de l’œuvre, mais qui n’est pas sans mérites – à commencer par ceux d’un changement de perspective, d’un équilibre total entre les voix et d’un tranchant souvent revigorant. Malgré son aspect presque scolaire, l’interprétation des Variations en la bémol majeur (1824) offre davantage de satisfactions, montant perceptiblement en puissance pour mieux interrompre sa course sur le Più lento de la septième variation – et explorer les registres les plus rêveurs d’une œuvre injustement négligée. Plus encore que le rarissime Divertissement sur des motifs originaux français (1825) – d’un intérêt moindre –, le Lebensstürme (1828) apporte la touche de passion et la tension qui semblait manquer à la Fantaisie, dépeignant à juste titre ces mystérieux «orages de la vie» qui paraissent se résoudre sans difficulté sous les doigts déterminés et fusionnels de Claire Désert et Emmanuel Strosser.


Dans un album original intitulé «Des fragments aux étoiles», Shani Diluka (née en 1976) associe de courtes pièces à la monumentale Dernière Sonate. Sur l’auguste Bechstein qui lui sert de compagnon de route, la pianiste d’origine sri-lankaise apporte une belle touche de fraîcheur au premier mouvement de la Sonate en si bémol, tout en rythmes virevoltants – sans métaphysique aucune. Une approche qui déçoit dans le deuxième mouvement – aux couleurs chaudes mais court en bouche – et davantage encore dans le troisième – carrément sans saveur et comme décharné. Taillé dans du roc, le quatrième mouvement se fait trop violent, presque fuyant à force d’être charpenté. Si les «fragments» (une intelligente sélection de Valses et de Danses) ne manquent pas de charme, cela ne suffit pas à faire un disque Schubert consistant.


La reparution chez Archipel (dans sa «Desert Island Collection») de l’enregistrement amstellodamois de 1951 de cette même Dernière Sonate par Clara Haskil (1895-1960) est l’occasion de souligner d’autant mieux les manques du disque précédent. Le premier mouvement est dessiné au travers d’une succession de variations qui se transforment à l’infini. Une approche très «motoriste» reposant sur une étonnante mobilité du geste, qui pourra décontenancer les tenants d’un Schubert plus carré. L’Andante sostenuto assume sa face dépressive, avec une manière très personnelle de couper les résonnances et aussi une retenue du poignet qui accentue la poésie du propos. Le Scherzo est ciselé avec talent – sinon génie – alors que le dernier mouvement se fait vif comme l’éclair, au point de précipiter parfois les choses. Cette réédition (éditorialement sommaire) est complétée par onze Sonates de Scarlatti gravées en Suisse en 1950, pleines de vie et de sentiments forts, au charme intimiste et un peu désuet – mais ô combien attachantes.


Un mot rapide, enfin, sur deux disques contenant chacun les quatre Impromptus D. 899. L’interprétation de Tomasz Lis est inégale: le Premier est bien tenu mais subit trop de muscles; le Deuxième déploie une prosodie étrange – à la fois trop marquée et insuffisamment caractérisée –; le Troisième ne manque pas de grâce mais connaît quelques chutes de tension; le Quatrième est plus réussi, avec un brin de fierté dans l’élocution qui donne du cachet à l’ensemble. Celle d’Elisso Bolkvadze (née en 1967) manque elle aussi d’unité. Allongé sur près de onze minutes, l’Impromptu en do mineur peine à prendre son envol, alors que la recherche d’une rythmique bousculée (qui paralyse l’expression naturelle du phrasé) ne réussit pas franchement à celui en mi bémol. Avec ses clairs-obscurs fort bien dessinés, l’Impromptu en sol bémol repose, en revanche, sur une délicatesse du toucher qui menace sans cesse de s’évaporer mais reste toujours à flots. De même, l’Impromptu en la bémol concilie, avec succès, liberté rhapsodique et justesse émotionnelle. Rien d’incontournable cependant, dans ces deux disques dont les compléments se révèlent peut-être plus intéressants: des Impromptus de Chopin et Fauré pour le pianiste polonais – animés d’un toucher chaleureux et sage –; une fière et sonore Deuxième Sonate de Prokofiev pour la pianiste géorgienne.


Le site de Shani Diluka
Le site de Tomasz Lis
Le site d’Elisso Bolkvadze


Gilles d’Heyres

 

 

 

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