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12/15/2015
«Nocturnes»
Claude Debussy : Suite bergamasque: «Clair de lune» – Les soirs illuminés par l’ardeur du charbon – Préludes (Second Livre): «Feux d’artifice»
Erik Satie : Gymnopédie n° 1 – Gnossiennes n° 3 et n° 4
Abel Decaux : Clairs de lune
Gabriel Fauré : Nocturnes n° 7, opus 74, et n° 8, opus 84 n° 8
Maurice Ravel : Gaspard de la nuit

Natacha Kudritskaya (piano)
Enregistré à La Ferme de Villefavard-en-Limousin (9-12 janvier et 20-23 avril 2015) – 74’47
Deutsche Grammophon 481 2207 (distribué par Universal) – Notice de présentation en français et en anglais





Dans un album intitulé «Nocturnes» et composé de pièces de petit format, la pianiste ukrainienne Natacha Kudritskaya (née en 1983) exalte le monde magnétique de la nuit et les éclairages angoissés du soir, avec beaucoup de subtilité et un art assumé de la mesure.


L’ancienne élève d’Alain Planès et Jacques Rouvier au Conservatoire de Paris aborde Debussy avec tact et finesse. Refusant toute ostentation, le «Clair de lune» (1905) joue à fond la carte du nocturne romantique. La douceur du toucher résonne comme une caresse au-dessus de l’ivoire des touches. Si – sans surprise – le même effet est recherché dans Les soirs illuminés par l’ardeur du charbon (1917), «Feux d’artifice» (1912) oblige à une frappe d’une autre ampleur, plus vivace et scintillante – l’un des rares moments où la pianiste expose sa virtuosité, sans jamais en rajouter. Les trois pièces de Satie sont à l’avenant, et ce bien que la Première Gymnopédie (1888) ne soit pas dénuée de fadeur. Les deux Gnossiennes (1890) trouvent ainsi leur ton au milieu des résonnances d’un piano qui continue de s’exprimer avec retenue et mystère.


Tout en ouvrant aux paysages atonaux, les rares Clairs de lune d’Abel Decaux (1869-1943) trouvent naturellement (et intelligemment) leur place dans ce programme thématique. «Minuit passe» (1900) fait tonner les graves au cœur de la pédale, tandis que «Le Cimetière» (1907) panse les plaies des attaques au couteau subies dans «La Ruelle» (1902). Puis, dans une veine anticipant sur l’univers d’un Takemitsu, «La Mer» (1903) soulève les vagues des touches noires – sans perdre pied ni s’abandonner au vertige dans lequel on pourrait souhaiter se plonger. Enfin, même si Natacha Kudritskaya réussit un «Scarbo» vif et espiègle, Gaspard de la nuit (1908) enthousiasme un peu moins. «Ondine» tâtonne quelque peu (la faute à une articulation parfois trop heurtée et à un tempo tirant sur la mollesse) et – tout comme dans les deux Nocturnes (1898 et 1902) de Fauré – l’on regrette que «Le Gibet» soit terni par un toucher plus anonyme.


Un très bel album – qui rend hommage à l’art français de la miniature pianistique du sentiment – et un piano plein de promesses, dont la frappe gagnera à coup sûr en personnalité et en identité. Une artiste à suivre.


Le site de l’album
Notre entretien avec Natacha Kudritskaya


Gilles d’Heyres

 

 

 

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