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12/07/2015
Gustav Mahler : Symphonie n° 3 en ré mineur
Carolyn Watkinson (mezzo-soprano), Groot Omroepkoor, Peter Serpenti (chef de chœur), Noord-Hollands Jongenskoor, Hendrik Timmerman (chef de chœur), Koninklijk Concertgebouworkest, Bernard Haitink (direction), Hans Hulscher (réalisation)
Enregistré en public dans la salle du Concertgebouw d’Amsterdam (25 décembre 1983) – 103’
Arthaus Musik Blu-ray 109120 (ou DVD 109119) – Son PCM Stereo – Format NTSC 16:9 – Region Code 0 – Notice (en anglais, français et allemand) de Peter Uehling





Gustav Mahler : Symphonie n° 4 en sol majeur
Maria Ewing (soprano), Koninklijk Concertgebouworkest, Bernard Haitink (direction), Hans Hulscher (réalisation)
Enregistré en public dans la salle du Concertgebouw d’Amsterdam (25 décembre 1982) – 62’
Arthaus Musik Blu-ray 109109 (ou DVD 109108) – Son PCM Stereo – Format NTSC 16:9 – Region Code 0 – Notice (en anglais, français et allemand) de Norma Strunden





C’est sans aucun doute sous le mandat de Bernard Haitink que l’Orchestre royal du Concertgebouw d’Amsterdam aura le plus fréquemment joué Gustav Mahler (1860-1911). Après Mengelberg et Van Beinum, le chef amstellodamois a, au fil de ses années à la tête du célèbre orchestre (de 1963 à 1988), maintes fois dirigé et enregistré les symphonies de Mahler: de ces divers concerts est issue une série de représentations ayant toutes eu lieu le matin du jour de Noël (ce sont les fameuses Kerstenmatinees), du 25 décembre 1977 (où fut donnée la Première Symphonie) au 25 décembre 1987 (pour la Neuvième), ces divers concerts ayant été publiés chez Philips dans un coffret que tous les mélomanes chérissent.


Les deux présentes parutions offrent deux témoignages de cette série avec une Troisième (1895-1896) et une Quatrième (1901) aussi convaincantes musicalement qu’elles sont décevantes visuellement. Car on aurait pu espérer, grâce au report sur Blu-ray, bénéficier d’une bonne image; il n’en est rien. Certes, on ne peut sans doute enlever la totalité du grain de l’image mais l’image demeure parfois entourée d’un léger halo – ce qui, avouons-le, rend particulièrement bien lorsque la caméra fixe le chef, la qualité médiocre de l’image permettant de suivre visuellement les mouvements de la baguette – et les cadrages peuvent se révéler quelque peu approximatifs. De même, on ne peut que regretter la manière très scolaire de filmer ces concerts, les caméras alternant classiquement les plans sur les instruments lorsqu’ils interviennent (en solistes ou en tutti) et sur le chef ou sur les chanteurs, chacune de ces deux symphonies bénéficiant en effet d’une soliste vocale en plus des chœurs intervenant dans la Troisième. On a parfois affaire à quelque trouvaille comme dans la Troisième lorsque l’image de Haitink apparaît au centre avec, en arrière-plan, l’orchestre au sein de la salle du Concertgebouw (procédé que l’on inaugure dans le premier mouvement et que l’on retrouve dans le quatrième ainsi qu’au début du sixième mouvement); mais ce sont là les seules attraits visuels. A ce titre, le concert de la Troisième réalisé par Barrie Gavin à la Philharmonie de Berlin (Haitink dirigeant pour l’occasion le Philharmonique) s’avère visuellement beaucoup plus intéressant (Philips).


En revanche, du point de vue musical, on est là sur des sommets. Souvenons-nous que c’est également à cette époque que Haitink poursuivait son intégrale Mahler avec l’Orchestre du Concertgebouw pour Philips (la Quatrième ayant été enregistrée en octobre 1983 par exemple): autant dire que la compréhension à la fois entre le chef et l’orchestre et entre les interprètes et la musique de Mahler est idéale. Dès l’entrée des neuf cors dans le premier mouvement de la Troisième, l’orchestre se hisse au plus haut niveau. Chaque instrumentiste se donne à fond, à l’instar du jeune premier violon solo, un certain Jaap van Zweden, qui a entrepris depuis une brillante carrière de chef d’orchestre. Les bois font montre d’une vélocité à toute épreuve et les cuivres font honneur à leur rang: quel pupitre de cors dans le premier mouvement de la Quatrième! Quel trombone solo dans le premier mouvement de la Troisième! Quant aux cordes, elles nous donnent deux des plus beaux moments dans chaque Blu-ray lorsqu’elles interviennent dans les mouvements lents. Le Ruhevoll (poco adagio) de la Quatrième est à marquer d’une pierre blanche. Le temps est comme suspendu, Haitink distillant une émotion à nulle autre pareille, à tel point que l’entrée de la chanteuse dans le dernier mouvement en devient presque intrusive tant on rêvait éveillé quelques secondes auparavant encore. Il en va de même dans le dernier mouvement de la Troisième, joyau mahlérien entre tous, que Haitink dirige d’abord sans baguette, emporté lui aussi par le soyeux des cordes de l’orchestre. Si Maria Ewing chante avec l’angélisme que requiert l’intervention de la soprano dans la Quatrième Symphonie, on reste davantage convaincu par Carolyn Watkinson dans la Troisième, irréprochable; profitons-en pour sourire en voyant les tenues improbables des femmes et des enfants des deux chœurs requis dans le cinquième mouvement de la Troisième. Nul doute à avoir: on est bien au début des années 1980!


Bernard Haitink a pu apparaître aux yeux de certains comme un chef assez froid et distant: heureusement que de tels films existent pour tordre le cou à une contre-vérité pourtant tenace, car il faut le voir diriger ces œuvres qu’il connaît comme peu d’autres chefs d’orchestre! Adoptant une gestique qui frappe par sa clarté et sa lisibilité (à 8’01 ou 30’38 dans le premier mouvement de la Troisième, à 77’40 dans le dernier mouvement de la même œuvre ou à 6’19 dans le premier mouvement de la Quatrième), Haitink maîtrise l’ensemble de façon incontestable (regardez-le faire entrer les violons dans le troisième mouvement de la Quatrième par une simple respiration à 30’04!), ne sacrifiant jamais le détail au bénéfice de l’ensemble, donnant tout leur sens aux grandes phrases mahlériennes qui savent pouvoir se dérouler avec confiance sous la baguette d’un tel orfèvre.


Dans un concert comme dans l’autre, le public se lève spontanément pour ovationner le chef sitôt le dernier accord évanoui, démontrant notre impression générale à l’issue de ces deux concerts: à écouter absolument, cela ne fait aucun doute, mais éventuellement les yeux fermés...


Sébastien Gauthier

 

 

 

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