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11/14/2015 Henning Mankell : Concerto pour piano, opus 30
Gösta Nystroem : Concerto ricercante Anna Christensson (piano), Deutsche Staatsphilharmonie Rheinland-Pfalz, Roberto Paternostro (direction)
Enregistré à la Ludwigshafen Philharmonie, Ludwigshafen am Rhein (6-9 janvier 2015) – 62’
Capriccio C5240 – Notice en allemand et anglais
Capriccio nous convie à la découverte de deux figures méconnues tout droit venues de Suède. Gösta Nystroem (1890-1966) est sans doute celui dont le nom pourra faire écho aux amateurs de Stravinski et Honegger, lui qui fut fortement influencé par ces deux maîtres lors de ses douze années passés en France, de 1920 à 1932. On retrouve ici une œuvre beaucoup plus tardive, son unique concerto pour piano, composé en 1958, alors que le compositeur est désormais installé à Göteborg. Réputé novateur en son pays mais conservateur ailleurs, Nystroem y fait preuve d’un sens admirable de la rythmique, parsemé de légères dissonances, tandis que les cordes tissent un arrière-plan arachnéen et inquiétant dans le premier mouvement – le piano nerveux montrant quant à lui une agilité toute verticale. Beaucoup plus mélodique, l’Adagio emprunte un chemin mystérieux et sinueux, sombre en son début, puis suivi d’un épisode central plus dramatique. Nystroem retrouve une rythmique féline dans le finale, où une sorte de danse morbide vient s’intercaler avant d’être balayée par la fougue du piano.
L’interprétation d’Anna Christensson au piano apparaît constamment équilibrée entre respect des nuances et agilité, bien soutenu par un chef attentif. Il en va de même dans l’autre œuvre gravée sur ce disque, beaucoup plus précoce. Composé en 1917, le Concerto pour piano de Henning Mankell (1868-1930, à ne pas confondre avec l’auteur de romans policiers contemporain) rappelle immédiatement ceux de Liszt ou Grieg, se montrant très inspiré au niveau mélodique. Avec la raréfaction de l’accompagnement en certains passages du premier mouvement, Mankell semble suspendre le temps autour de petites touches légères et graciles au piano, à l’effet magnétique sur l’auditeur. L’Adagio laisse ensuite entrevoir des bois élégants, doux et sensibles, nous embarquant en une ambiance enveloppante et évocatrice. Assurément, quelques échos à Sibelius peuvent ici se laisser entrevoir, tandis que le finale déçoit en revanche par quelques maladresses au niveau de l’orchestration. L’élan lyrique de Mankell apparaît néanmoins assez séduisant pour compenser ces faiblesses techniques.
On notera pour conclure qu’un disque consacré aux œuvres pour piano solo de Henning Mankell était paru chez Phoenix Edition en 2009, déjà avec Anna Christensson, manifestement inspirée par l’univers délicat de son compatriote méconnu.
Florent Coudeyrat
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