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09/15/2015
Gioacchino Rossini : Guillaume Tell
Nicola Alaimo (Guillaume Tell), Juan Diego Flórez (Arnold Melchthal), Simon Orfila (Walter Furst), Simone Alberghini (Melchthal), Amanda Forsythe (Jemmy), Luca Tittoto (Gessler), Alessandro Luciano (Rodolphe), Celso Albelo (Ruodi), Wojtek Gierlach (Leuthold, Un chasseur), Marina Rebeka (Mathilde), Veronica Simeoni (Hedwige), Orchestra e Coro del Teatro Comunale di Bologna, Michele Mariotti (direction musicale), Graham Vick (mise en scène), Ron Howell (chorégraphie), Paul Brown (décors et costumes), Giuseppe di Iorio (lumières), Tiziano Mancini (réalisation)
Enregistré en public à Pesaro (août 2013) – 247’ (+ 17’ documentaire William Tell - Behind the Scenes)
Decca Blu-ray 074 3871 8 (ou deux DVD 074 3870 1) (distribué par Universal) – Format 16:9/NTSC – Son Dolby Digital/DTS 5.1 Surround – Region Code: 0 – Sous-titres en allemand, anglais, français et coréen






Andrew Foster-Williams (Guillaume Tell), Michael Spyres (Arnold Melchthal), Nahuel di Pierro (Walter Furst, Melchthal), Tara Stafford (Jemmy), Raffaele Facciolà (Gessler), Giulio Pelligra (Rodolphe), Artavazd Sargsyan (Ruodi), Marco Filippo Romano (Leuthold, Un chasseur), Judith Howarth (Mathilde), Alessandra Volpe (Hedwige), David Laera, Fernando Pellicioli, Francesca Peniguel, Andrea Rama, Sarah Vella, Silke Vente Yubi (danseurs), Camerata Bach Chor, Ania Michalak (chef de chœur), Virtuosi Brunensis, Antonino Fogliani (direction musicale), Jochen Schönleber (mise en scène), Matteo Graziano (chorégraphie), Robert Schrag (décors), Claudia Möbius (costumes), Kai Luczak (lumières)
Enregistré en public à Bad Wildbad (juillet 2013) – 235’
Album de deux DVD Bongiovanni AB 20029 – Format 16:9/NTSC – Son Stereo PCM – Region Code: 0 – Notice en italien et en anglais – Sous-titres en français, italien, anglais et allemand





Si la discographie du dernier opéra de Rossini est riche, sa vidéographie officielle se réduit à un seul DVD, dans sa version italienne, filmé à la Scala de Milan et dirigé par Riccardo Muti comme un grand oratorio patriotique; dans cette production routinière de Luca Ronconi, Chris Merritt n’était pas au meilleur de sa forme. C’est dire l’événement que la publication à quelques mois d’intervalle de deux productions scéniques festivalières, filmées en 2013 respectivement à Pesaro pour Decca et à Wildbad pour Bongiovanni, dans sa version française originale et utilisant chacune l’édition critique la plus récente éditée par le festival de Pesaro. Si l’on ajoute que le Royal Opera de Londres vient d’en donner une nouvelle production sous la direction d’Antonio Pappano, dans la mise en scène très controversée de Damiano Michieletto, et que cette rentrée lyrique verra l’œuvre affichée par le Grand Théâtre de Genève sous la direction de Jesús López Cobos et dans une mise en scène de David Pountney, on peut espérer encore de nouvelles versions vidéo.


La confrontation des deux versions est tout à fait passionnante. D’un côté, le grand festival italien, internationalisé, consacré à Rossini dans sa ville natale avec de grands moyens, un metteur en scène anglais habitué des grandes scènes lyriques (Graham Vick) et une distribution très luxueuse. De l’autre, un festival allemand consacré au belcanto romantique mais très axé sur l’œuvre rossinienne, situé dans une station thermale de la Forêt noire et qui a toujours fait avec des moyens moins importants et des installations moins adaptées le mieux qu’il pouvait avec un succès certain; sans être aussi exposée, la distribution de Wildbad comporte des interprètes aux voix plus adaptées aux besoins de cette œuvre, qui a ses exigences très pointues, mais pèche par sa diction.


Pesaro joue scéniquement la carte du chic. On peut être agacé par de nombreux aspects de la mise en scène de Graham Vick, l’utilisation de procédés un peu éculés (on filme l’opéra qui se déroule, abus de la vidéo, effets spéciaux un peu paresseux, costumes mélangeant l’époque de la création au XXIe siècle, références cinématographiques branchées) mais l’ensemble est assez convaincant, les personnages crédibles et le grand espace scénique bien utilisé. L’orchestre et les chœurs sont d’excellente qualité, celui du Teatro comunale de Bologne. Michele Mariotti réussit un coup de maître, sa direction est toujours parfaitement dramatique, pondérée, stylée et il tient ses troupes dans un parfait équilibre avec la scène. La distribution est luxueuse. Juan Diego Flórez a certainement une voix un peu trop légère pour Arnold mais il le chante avec une telle virtuosité et tant de conviction que l’on ne peut qu’être conquis par l’ardeur son personnage. Nicola Alaimo est parfait en Guillaume Tell, autant par la crédibilité de son jeu que par le style, l’humanité de son personnage et la puissance de sa voix. Marina Rebeka impose en Mathilde une vraie présence scénique et une grande classe vocale, virtuose à souhait, mais pas irréprochable phonétiquement. Amanda Forsythe est une Jemmy parfaite de ligne et de timbre et de plus très crédible en garçon et tous les rôles secondaires sont parfaitement tenus, hormis Luca Tittoto qui force un peu le rôle du méchant Gessler. La diction est quasiment parfaite chez tous. La chorégraphie de Ron Howell a beaucoup de fantaisie (ce sont les figurants et choristes qui dansent), et s’intègre plutôt bien à l’action théâtrale sans ridiculiser les nombreux épisodes folkloriques, toute la musique de ballet ayant été rétablie. Le bonus Behind the scene n’apporte pas grand-chose au spectateur.


A Wildbad, il faut en préambule saluer la prouesse de pure technique théâtrale car il s’agit d’une scène de taille restreinte, sans coulisses et sur laquelle il faut faire tenir beaucoup de monde: on y parvient grâce à de bonnes trouvailles du metteur en scène Jochen Schönleber. Mais on est en Allemagne et tous les tics du Regietheater sont au rendez-vous, à commencer par le misérabilisme des costumes. Les paysans sont habillés au décrochez-moi-ça local, les Autrichiens, on s’en doute, en treillis et la crédibilité déjà fragile de l’histoire ne s’en remet pas facilement. Quelques idées sont vraiment puériles comme celle de remplacer le monument devant lequel Gessler oblige les paysans helvètes à venir se prosterner en signe d’allégeance par un siège de WC. La chorégraphie ridiculise véritablement les très longues séquences de danses folkloriques. Certains personnages ne sont absolument pas crédibles, principalement Mathilde, attifée dans des fourreaux lamés et portant des perruques de blonde platine. Musicalement l’orchestre est desservi par la qualité technique de l’enregistrement, qui déséquilibre totalement fosse et plateau. L’orchestre Virtuosi Brunensis est plutôt bon et la direction d’Antonino Fogliani, moins détaillée que celle de Mariotti à Pesaro, est cependant très théâtrale et séduisante. Le Chœur Camerata Bach de Poznan est moins discipliné que le chœur bolognais. La distribution pèche par la diction: presque tous sont en défaut, surtout Judith Howarth, Mathilde qui est de plus techniquement insuffisante. Le Tell d’Andrew Foster-Williams est un personnage physiquement comme vocalement un peu trop pâlot. Micheal Spyres a les immenses moyens que l’on attend pour Arnold. Sa diction est très convenable, le style impeccable, c’est lui qui domine l’ensemble. Le Gessler de Raffaele Facciolà est sombre et brutal à souhait, sans excès. Jemmy est chanté avec conviction par Tara Stafford, assez peu crédible physiquement.


La version de Pesaro l’emporte largement: on la conseille donc en premier choix sans pour autant discréditer Wildbad (disponible aussi au disque), qui donnera certainement aussi des satisfactions aux inconditionnels de l’œuvre.


Olivier Brunel

 

 

 

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