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08/14/2015
Fartein Valen : Quatuors à cordes n° 1, opus 10, et n° 2, opus 13 – Quatuor à cordes, opus 0 – Drei Gedichte von Goethe (Sakontala, Weiss wie Lilien, Suleika), opus 6
Hilde Haraldsen Sveen (soprano), Hansakvartetten: Asta Jørgensen, Hilary Foster (violon), Helga Steen (alto), Walter Heim (violoncelle)
Enregistré à Bergen (février 2011) – 55’35
Coffret de deux disques (1 Hybrid SACD, 1 Blu-ray audio) 2L 2L-089-SABD – Notice en anglais et en norvégien de Lorentz Reitan


 Sélectionné par la rédaction





Fondé en 1987 par quatre membres de l’Orchestre philharmonique de Bergen, le Quatuor Hansa, versé dans les répertoires classique, romantique et contemporain, tient à rendre hommage aux quatuors de ses compatriotes de Grieg à Sæverud et jusqu’aux compositeurs d’aujourd’hui. Il propose ici les trois Quatuors à cordes de Fartein Valen (1881-1952), l’une des figures les plus marquantes du monde musical norvégien. C’est un programme bienvenu, seul le Second Quatuor ayant fait l’objet d’enregistrements antérieurs.


La célébrité grandissante de Valen reste encore trop confidentielle par rapport à la beauté, à l’originalité et à l’excellente facture de sa musique, qui doit son modernisme créatif à un système de polyphonie atonale de sa propre conception. Ses premières pièces, cependant, relèvent d’un romantisme tardif par tradition et par la formation reçue d’abord à Oslo et ensuite à Berlin auprès de Max Bruch et de Karl Leopold Wolf entre 1909 et 1911. En Allemagne jusqu’en 1915, tout en s’attachant à Bruckner, il se familiarisa avec l’esprit et la lettre des théories de la seconde Ecole de Vienne sans jamais suivre la même voie et ne s’intéressant que très brièvement aux principes de la série. D’un raffinement lyrique et poétique très éloigné de l’expressionnisme viennois, ses compositions subséquentes, fortement intériorisées et toujours contenues dans une forme classique, présentent un entrelacs lumineux et transparent de puissantes lignes déliées conçu selon les principes d’un contrepoint dissonant en héritage distancié de Bach.


Les trois Quatuors illustrent le grand saut stylistique entre ses deux manières. Le Quatuor non numéroté, composé en Norvège et présenté à Berlin en 1909, révéla à Bruch le grand potentiel de Valen. Des quatre mouvements du Quatuor encore imparfait, le compositeur ne paracheva la révision que des deux retenus ici par le Quatuor Hansa, un poignant Andante et un Scherzo presque mendelssohnien hormis son trio sombrement tendu. Encore dans la lignée de Grieg, le langage chromatique s’enrichit d’un contrepoint harmonique fréquemment modulé. En 1928-1929 et 1930-1931 viennent en contraste total les deux Quatuors numérotés. Valen avait trouvé sa voix, sa méthode et son équilibre idéal dès le Trio avec piano travaillé entre 1917 et 1924.


Les deux quatuors ont en commun la beauté plastique des lignes, mélodiques nonobstant la fréquence de larges intervalles. Elles se mêlent intimement à la verticale sans parallélisme ni concordance exacte des rythmes et des valeurs, créant un contrepoint dissonant d’une grande fluidité aérée – la précision dynamique et le flux puissant malgré une apparente absence d’urgence. Les quatre pupitres s’équilibrent, bien que l’un ou l’autre instrument puisse par moments créer seul un effet discrètement dramatique. Les techniques instrumentales restent plutôt classiques, invitant le beau son qui sied si bien au lyrisme poétique de ces pièces et à la densité vibrante de leur polyphonie particulière, diaphane, toujours d’une élégance sûre et pénétrée de la profondeur jamais démonstrative de sentiments intimes. Le Premier Quatuor est en quatre mouvements classiques: un Moderato lumineusement aéré, un fervent Adagio, un vif Scherzo plus troublant que joueur et un Rondo aux voix à la fois fondues et autonomes. Le Second Quatuor s’ouvre sur le thème limpide et expressif qui lance l’élégante fugue du premier mouvement. Vient en contraste mouvementé le Tempo di menuetto central, le caractère double de son contrepoint amenant en alternance une pareille fluidité gracieuse. Plus dramatique, plus affirmé, mais créant toujours un sentiment d’espace, le finale accentue la force douloureuse qui sous-tend l’ensemble.


Trois brèves mélodies complètent le programme. A l’origine pour soprano et piano, les Trois Poèmes de Goethe (1925-1927) se prêtent agréablement à la transcription pour soprano et quatuor à cordes que fit Leif Halvorsen, premier violon du Quatuor Norvégien, en 1932. Si la beauté plastique de la ligne du chant atonal domine, elle doit en partie sa puissance expressive au subtil soutien en contrepoint du quatuor ou de l’un des quatre instruments, leur sonorité pourtant moins efficace que la pureté, la lumière et la transparence délicate du piano de Valen. Le riche satin rayonnant de la voix de Hilde Haraldsen Sveen reste un atout certain.


Le Quatuor Hansa, sensible à l’exigence, à la cohérence et à l’expressivité discrète des compositions de son compatriote, en donne une interprétation intelligente et sensible. La finesse de leur exécution, aux sonorités plus rondes que celles du Quatuor d’Oslo (Second Quatuor), retrouve la fraîcheur et la profonde humanité inhérentes à la beauté émouvante de ces œuvres rares. Recommandé.


Le site de l’Association Fartein Valen


Christine Labroche

 

 

 

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