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07/05/2015
Richard Strauss : Also sprach Zarathustra, opus 30 [1] – Macbeth, opus 23 [2] – Till Eulenspiegels lustige Streiche, opus 28 [2]
Koninklijk Concertgebouworkest, Andris Nelsons (direction), Joost Honselaar [1], Ferenc Soeteman [2] (réalisation)
Enregistré en public dans la salle du Concertgebouw d’Amsterdam (25 décembre 2013 [1], 7 et 10 mai 2014 [2]) – 80’
C Major/Unitel Classica Blu-ray 719004 (ou DVD 718908) – Son PCM Stereo – Format NTSC 16:9 – Region Code 0 – Notice (en anglais, allemand et français) de Misha Aster





Johannes Brahms : Sérénade pour orchestre n° 2 en la majeur, opus 16 – Rhapsodie pour alto, chœur d’hommes et orchestre, opus 53 – Symphonie n° 2 en ré majeur, opus 73
Sara Mingardo (alto), Chor des Bayerischen Rundfunks, Gerald Häussler (chef de chœur), Lucerne Festival Orchestra, Andris Nelsons (direction), Michael Beyer (réalisation)
Enregistré en public dans la salle de concert du KKL de Lucerne (15 et 16 août 2014) – 109’
Accentus Music Blu-ray ACC10325 (ou DVD ACC20325) – Son PCM Stereo – Format NTSC 16:9 – Region Code 0 – Notice (en anglais, allemand et français) de Susanne Stähr


 Sélectionné par la rédaction





Si la parution d’enregistrements filmés témoigne de la notoriété d’un chef d’orchestre, nul doute que le jeune Andris Nelsons fait partie des grands d’aujourd’hui. Et le fait est qu’il l’est! Car, à 39 ans, il peut se targuer d’occuper une place de choix au sein de l’élite de la direction d’orchestre, lui qui vient de quitter l’Orchestre symphonique de Birmingham pour prendre les rênes du Symphonique de Boston et dont le nom a été avancé pour succéder à Sir Simon Rattle à la tête du Philharmonique de Berlin.


En l’espèce, c’est à la tête d’un autre orchestre ô combien prestigieux qu’on le retrouve, l’Orchestre royal du Concertgebouw d’Amsterdam, pour un film rassemblant des œuvres de Richard Strauss (1864-1949) captées au cours de trois concerts différents. Après une rapide entrée sur scène, Andris Nelsons et ses musiciens livrent une excellente prestation du célèbre poème symphonique Ainsi parlait Zarathoustra (1896) dans lequel on tombe immédiatement sous le charme d’une musique ô combien voluptueuse (cette richesse orchestrale allant d’ailleurs parfaitement de pair avec les larges vues de la salle de concert à 4’55) qui permet à chaque soliste de se surpasser. Qu’il s’agisse bien évidemment du premier violon Liviu Prunaru, mais aussi du corniste Laurens Woudenberg ou du bassoniste Gustavo Nunez, on admire leur dextérité de bout en bout. Quant à Nelsons, les caméras de Joost Honselaar ne nous font pas perdre une miette de sa direction parfois si étrange par sa grandiloquence, son attitude et son regard pouvant le faire passer pour une vraie bête fauve (à 14’55), le chef n’hésitant pas ensuite, tout sourire, à presque danser sur son podium (à 22’50), emporté qu’il est par la musique qu’il dirige. Même si certaines options musicales peuvent ne pas toujours s’avérer pleinement convaincantes (quelques ralentis excessifs notamment), il n’en demeure pas moins que ce fut là sans conteste une très belle prestation. Quelques mois plus tard, Nelsons dirigeait Macbeth (1888). Beaucoup moins connue, ce poème symphonique, dont Hans von Bülow avait souligné «les monstruosités [du] matériau», bénéficie ici d’une exécution très convaincante qui illustre parfaitement les passions qui l’innervent. Filmée de manière classique (alternance de plans sur le chef, sur l’orchestre et sur les solistes), cette captation rend justice à une œuvre passée au second plan dans le répertoire straussien alors qu’elle bénéficie de passages très impressionnants (les contrebasses à 43’), où l’attention portée aux transitions notamment s’avère primordiale (comme à 54’20 lorsque la finesse des bois succède en un instant aux puissants accents de l’orchestre). Enfin, second œuvre au programme de ces mêmes concerts de mai 2014, Till l’espiègle (1895). Si la partition, techniquement redoutable, bénéficie ici encore d’excellents solistes (Tjeerd Top au violon solo, Arno Piters à la clarinette en mi bémol ou Marinus Komst aux timbales) que l’on peut voir à chacune de leurs interventions, elle ne s’avère pas ici suffisamment sarcastique et manque souvent d’impertinence, Nelsons la dirigeant presque de façon trop élégante (qui frise d’ailleurs parfois l’alanguissement comme à 66’00).


Ces concerts de mai 2014 étaient complétés, en seconde partie, par la Deuxième Symphonie de Johannes Brahms (1833-1897). Mais c’est sur un second Blu-ray qu’il faut aller pour l’entendre dirigée par Andris Nelsons, dans le cadre d’un concert donné cette fois-ci au Festival de Lucerne, les prises de vue ayant été effectuées au cours de deux prestations données les 15 et 16 août 2014. Comme l’explique Susanne Stähr dans la notice, avec quelques mots ou expressions qui confinent parfois à la condescendance à l’égard du jeune chef letton, ce concert était spécial puisque se déroulant lors du premier Festival de Lucerne de l’«après-Abbado», le grand chef milanais étant en effet décédé quelques mois plus tôt, le 20 janvier. Depuis, les musiciens de l’Orchestre du Festival ont choisi Nelsons pour lui succéder, celui-ci les ayant d’ailleurs déjà dirigés au mois d’avril 2014 pour un concert commémoratif également donné à Lucerne. Et même si le programme donné en ce mois d’août a été conçu par Abbado, c’est bien une page qui se tourne. Il est rare d’entendre en concert une des deux Sérénades et c’est pourtant la Seconde qui ouvrait ce concert: le résultat est tout simplement admirable. L’orchestre en effectif réduit, sous la houlette de l’ancien altiste solo des Berliner Philharmoniker (cette œuvre excluant les violons), démontre une fois encore son excellence grâce à des bois d’une beauté renversante (Jacques Zoon à la flûte, Alessandro Carbonare à la clarinette, Guilhaume Santana au basson pour n’en coter que quelques-uns même si tous mériteraient de l’être) sans oublier le pupitre de cors emmené par le charismatique Alessio Allegrini. Que dire ensuite de la Rhapsodie pour alto (1869), chantée, déclamée devrait-on plutôt dire, par Sara Mingardo, tout en retenue et en ferveur, accompagnée avec soin par les hommes du Chœur de la Radio bavaroise dont l’entrée, à 48’07, est tout bonnement idéale? Dans la Deuxième Symphonie, Nelsons étonne tout d’abord, en raison d’un premier mouvement d’une lenteur inhabituelle, habité certes, mais qui dépasse tout de même les 18 minutes! L’allure est plus agréable par la suite, le deuxième mouvement bénéficiant d’une direction extrêmement expressive de la part d’un Nelsons bizarrement engoncé dans sa tunique (à 78’55) qui souvent semble l’empêcher de donner libre cours à ses épanchements. Même si l’on peut regretter un léger manque d’élan dans l’Allegro con spirito conclusif à 95’50, on ressort de cette symphonie assez soufflé, tant l’orchestre et le chef ont joué sans se réfréner, faisant exploser avec bonheur ces couleurs brahmsiennes si riches que Abbado, à la tête du Philharmonique de Berlin, avait également su sublimer vingt ans plus tôt.


Le pari était important et l’enjeu élevé: nul doute qu’Andris Nelsons l’a brillamment relevé. Deux signes qui ne trompent pas: le public se lève spontanément pour ovationner le chef et, contrairement au concert commémoratif du mois d’avril, les musiciens arborent non des visages aux yeux rougis par les larmes mais des sourires radieux. Chapeau maestro!


Le site d’Andris Nelsons
Le site de l’Orchestre royal du Concertgebouw d’Amsterdam
Le site du Festival de Lucerne


Sébastien Gauthier

 

 

 

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