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05/15/2015
Paul Dukas : Sonate en mi bémol mineur – Variations, Interlude et Finale sur un thème de Rameau – Prélude élégiaque (sur le nom de Haydn) – La plainte, au loin, du faune...
Laurent Wagschal (piano)
Enregistré à Vincennes (juillet 2013) – 67’12
Timpani 1C1211





Hervé Billaut (piano)
Enregistré à Theizé (16-18 septembre 2013) – 71’05
Mirare MIR 242





Le piano constitue l’un des trois piliers de l’œuvre aussi exigeant que parcimonieux édifié par Paul Dukas (1865-1935) – les deux autres étant l’opéra (Ariane et Barbe-Bleue) et l’orchestre (Symphonie en ut, L’Apprenti sorcier, La Péri). Hormis la version pour deux pianos de L’Apprenti sorcier, les partitions destinées au clavier comprennent quatre œuvres principales (bien que de durée très inégale), dominées par les trois quarts d’heure de l’immense Sonate en mi bémol mineur (1899-1900). Pour autant, les trois autres ne sont pas du tout négligeables, qu’il s’agisse bien sûr des Variations, Interlude et Finale sur un thème de Rameau (1903) mais aussi de deux pages beaucoup plus concises, destinées à des recueils collectifs: le Prélude élégiaque sur le nom de Haydn (1909), à l’occasion du centenaire de la mort du compositeur, et La plainte, au loin, du faune... (1920), pour le Tombeau de Claude Debussy dont La Revue musicale avait pris l’initiative et auquel contribuèrent par ailleurs Bartók, Falla, Goossens, Malipiero, Ravel, Satie, Schmitt et Stravinski.


Les «intégrales» de la musique pour piano de Dukas excluent donc généralement une page de jeunesse inédite – une Introduction (1885) au poème Les Caresses de Richepin –, le brévissime Allegro pour Monsieur Serge Koussewitzky (1925), enregistré pour la première fois voici quatre ans seulement par Marco Rapetti (Brilliant), et un Modéré (1933). C’est le parti pris retenu par les deux albums dont il est ici question, même si les interprètes ont opté chacun pour un ordre différent, se refusant au demeurant l’un comme l’autre à la séquence suggérée par la chronologie.


Laurent Wagschal (né en 1972) se lance d’emblée dans la Sonate, l’une des rares partitions de cette époque à revendiquer cette appellation en France – même Saint-Saëns (auquel elle est dédiée) n’en a pas écrit, bien qu’ayant activement contribué à remettre au goût du jour les formes classiques. Après Schmitt, Fauré, Pierné et Emmanuel, Wagschal poursuit, toujours chez Timpani, son panorama du piano français au tournant du siècle. Il ne dépare pas dans une discographie marquée jusqu’ici essentiellement par les Français – Jean Hubeau (Erato), François-René Duchâble (EMI), Jean-François Heisser (Harmonic Records) – si l’on excepte Marc-André Hamelin (Hyperion). Il s’inscrit pleinement dans cette lignée d’un piano français rectiligne, peu enclin aux alanguissements, plus soucieux d’articulation que de couleur. Cette approche sert sans doute davantage les Variations et les deux pages de moindre envergure que la Sonate, tant celle-ci est l’héritière d’influences extérieures – Beethoven (en particulier la Hammerklavier), Liszt (Sonate en si mineur), Franck (bien moins pour le principe cyclique, quasiment absent, que pour l’harmonie et le climat).


Enregistré deux mois plus tard, Hervé Billaut (né en 1964) prend le contrepied de cette tradition, au point que les Variations s’apparentent parfois aux cycles exactement contemporains de Reger: tempi moins rapides, articulation plus soucieuse de legato, mise en valeur de la fluidité du discours. Développant un jeu plus séduisant, il est servi par une prise de son de bien meilleure qualité: jouant sur une échelle plus large de dynamiques et se fondant sur une différenciation très précise des plans sonores, il n’hésite pas ainsi à souligner la dimension symphonique de la Sonate. Mais il faut saluer avant tout une interprétation très habitée, qui ouvre sur des espaces poétiques d’une grande richesse.


Le site de Laurent Wagschal
Le site d’Hervé Billaut


Simon Corley

 

 

 

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