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05/02/2015
Thierry Escaich : Claude
Jean-Sébastien Bou (Claude), Jean-Philippe Lafont (Le directeur), Rodrigo Ferreira (Albin), Laurent Alvaro (L’Entrepreneur, Le surveillant général), Rémy Mathieu (Premier personnage, Premier surveillant), Philip Sheffield (Deuxième personnage, Deuxième surveillant), Chœurs et Maîtrise de l’Opéra de Lyon, Alan Woodbridge (chef des chœurs), Orchestre de l’Opéra de Lyon, Jérémie Rhorer (direction musicale), Olivier Py (mise en scène), Pierre-André Weitz (décors, costumes), Bertrand Killy (lumières), Daniel Izzo (chorégraphie), Vincent Massip (réalisation)
Enregistré en public à Lyon (avril 2013) – 97’ (+ bonus 26’)
DVD Bel Air Classiques BAC118 (distribué par Harmonia mundi) – Son: PCM Stéréo/5.1. Dolby Digital – Vidéo: NTSC 16:9 – Region Code: 0 – Sous-titres en français et en anglais


Must de ConcertoNet





Chaque saison l’Opéra de Lyon propose à son public un festival thématique. L’édition 2013, centrée sur les tensions entre justice et injustice, avait été marquée par la création de l’opéra Claude de Thierry Escaich (né en 1965) et Robert Badinter, d’après Victor Hugo, violemment mis en scène par Olivier Py. Parution très attendue du DVD.


Pour Claude, médiatisé comme l’événement lyrique de la saison, Serge Dorny, le directeur général de l’Opéra de Lyon, avait eu le nez creux en réunissant pour une création centrale à son idée de faire un festival sur justice et injustice le compositeur et organiste Thierry Escaich et l’ancien Garde des Sceaux Robert Badinter, dont le nom restera à jamais associé à l’abolition en France en 1981 de la peine de mort. Leur réalisation a le mérite de la clarté à la fois dans la lisibilité de l’action inspirée d’un fait divers et du court roman Claude Gueux d’Hugo avec des personnages parfaitement bien typés et crédibles, que dans la réalisation spatio-temporelle de l’opéra. Ni trop long, ni trop court, Claude emprunte son efficacité quasi cinématographique à Wozzeck de Berg. Escaich a réussi une orchestration rutilante qui sait créer climats et suspense sans jamais noyer l’auditeur sous un flot sonore inutile. Seule réserve, son traitement de la ligne vocale, un peu monotone, tourne vite au procédé et lasse un peu.


Autre réussite, le choix des interprètes, dominés par le baryon français Jean-Sébastien Bou qui, dans le rôle-titre, crève l’écran, donnant un relief autant vocal que physique saisissant au canut prisonnier à Clairvaux et entraîne avec lui dans une énergie contagieuse une formidable distribution. Le contre-ténor Rodrigo Ferreira fut aussi une découverte de taille dans le rôle d’Albin, le prisonnier en qui Claude trouve une consolation à l’injustice et la sévérité de la prison dont le très antipathique Directeur est physiquement formidablement incarné par Jean-Philippe Lafont, qui, cependant, parle le rôle plus qu’il ne le chante. Laurent Alvaro aussi fait une très belle incarnation en Surveillant général.


Le spectacle réglé par Olivier Py avec une efficacité admirable est un modèle tant dans sa conception grâce au dispositif frontal et rotatif de Pierre André Weitz qui fait de la prison un personnage à part entière, magnifiquement éclairé par Bertrand Killy, que par une direction d’acteur réglée au millimètre qui donne froid dans le dos tant elle montre avec une efficacité chirurgicale l’horreur inhumaine de l’univers carcéral. Jérémie Rhorer dirige cette partition très dramatique, qui utilise l’orchestre comme des jeux d’orgue, avec beaucoup d’efficacité, offrant une place privilégiée à l’orgue et aux chœurs, avec une intensité incandescente. La réalisation vidéographique de Vincent Massip est exemplaire compte tenu de la complexité de la scénographie et utilise à bon escient le gros plan pour souligner les points les plus fortement dramatiques.


En complément, on pourra voir une interview de Robert Badinter et Thierry Escaich réalisée par Anne Sinclair au moment de la création, à laquelle manque certainement la participation d’Olivier Py. On y apprend beaucoup sur la collaboration entre librettiste et compositeur, qui est à chaque fois un processus différent et singulier. Si Escaich reste un peu en retrait dans les explications de son geste créateur, Badinter éclaire très brillamment les étapes de son travail, notamment au sujet de la consultation des archives judiciaires du procès réel de Claude Gueux et sur la part de fiction introduite par Hugo dans l’histoire. Il explique aussi concernant la relation entre Claude et Albin, un des nœuds du livret, et le processus de glissement de la littérature hugolienne à une histoire à la Jean Genet, plus proche de la réalité carcérale du siècle suivant. Un passionnant bonus qui change des inévitables making of qui accompagnent désormais les opéras filmés.


Olivier Brunel

 

 

 

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