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04/12/2015
Giuseppe Verdi : Les Vêpres siciliennes
Lianna Haroutounian (Hélène), Bryan Hymel (Henri), Michael Volle (Guy de Montfort), Erwin Schrott (Jean Procida), Jean Teitgen (Le Sire de Béthune), Jeremy White (Le Comte de Vaudémont), Michelle Daly (Ninetta), Nicholas Darmanin (Danieli), Neal Cooper (Thibault), Jihoon Kim (Robert), Jung Soo Yun (Mainfroid), Royal Opera Chorus, Renato Balsadonna (chef de chant), Orchestra of the Royal Opera House, Antonio Pappano (direction musicale), Stefan Herheim (mise en scène), Philipp Fürhofer (décors), Gesine Völlm (costumes), Alexander Meier-Dörzenbach (dramaturgie), André de Jong (chorégraphie), Anders Poll (lumières), Rhodri Huw (réalisation)
Enregistré au Royal Opera House, Londres (octobre 2013) – 182’ + bonus 10’ (making of et entretien avec le metteur en scène à propos de la place du ballet)
Warner Classics Blu-ray 0825646164318 (ou DVD 0825646164349) – Sous-titres en allemand, anglais, français, espagnol et italien – Notice (en allemand, anglais et français) d’Alexander Meier-Dörzenbach





Longtemps délaissée au profit de son adaptation italienne, la version originale en français des Vêpres siciliennes avait été opportunément reprise à l’Opéra Bastille en 2001 et 2003. Voilà deux ans, Londres lui a emboîté le pas avec un plateau vocal de tout premier plan – les rôles principaux, non francophones pour la plupart, soignant tout particulièrement la diction de notre langue. Seule à parler français (comme on peut l’entendre dans le making of en bonus), Lianna Haroutounian se permet ainsi des accentuations marquées au niveau dramatique pour réellement investir le rôle, marquant ses interventions de son timbre velouté, très à l’aise dans l’aigu, aux graves superbes. A peine pourra-t-on encore lui reprocher certains positionnements de voix, ainsi qu’une faible projection vocale. Aucun problème de ce côté-là pour l’impérial Bryan Hymel, à l’élan naïf idéal dans son rôle d’Henri. Techniquement irréprochable, il semble se jouer de chaque difficulté vocale avec une facilité déconcertante. A ses côtés, la belle ligne de chant d’Erwin Schrott donne à Procida un luxe vocal flatteur, mais qui ne peut faire oublier une interprétation trop placide. Michael Volle (Montfort) réussit au contraire une composition marquante tout du long des cinq actes – son timbre un peu terne s’avérant finalement en phase avec ce rôle de tyran usé par les remords.


Car c’est bien là la principale idée de la mise en scène, assez sage pour une fois, de Stefan Herheim. Le Norvégien choisit en effet de placer au centre de l’action la figure de Montfort – comme il l’avait fait déjà fait pour l’Ondin de Rusalka, montrant dès l’Ouverture sa saisissante scène de viol parmi les danseuses de l’Opéra national de Paris. Avec ce théâtre dans le théâtre dont Herheim raffole, l’action est transposée dans les lieux mêmes où l’œuvre avait été créée en 1855 – Procida se retrouvant maître de ballet malmené par Montfort. Tout juste après La Traviata, Verdi se tourne vers le «grand opéra», sorte de fresque historique où s’entrecroisent destins individuels et collectifs, en un mélodrame longuet dont raffolait la bourgeoisie parisienne du Second Empire. Si la suppression du ballet au troisième acte permet de resserrer l’action, les danseuses sont constamment présentes pendant l’opéra (en référence au goût bourgeois de l’époque) comme symbole de fragilité et de grâce malmené par l’occupant français en Sicile.


Aux interventions récurrentes des danseuses s’oppose la figure de la mort qui cerne Montfort, symbolisée par les masques morbides du bal au III ou le crâne que traîne Hélène comme un fardeau en début d’opéra. Herheim reste constamment dans une maitrise esthétique superbe, portée par des éclairages variés et de riches costumes «à l’ancienne» discrètement modernisés. Autre incontestable réussite avec la direction finement coloré de Pappano, très expressive, aux attaques sèches et précises. Assurément la version de référence de cette œuvre en vidéo, sans véritable concurrence il est vrai.


Florent Coudeyrat

 

 

 

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