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03/11/2015
Richard Strauss: Der Rosenkavalier, opus 59
Krassimira Stoyanova (Die Feldmarschallin Fürstin Werdenberg), Sophie Koch (Octavian), Mojca Erdmann (Sophie), Silvana Dussmann (Jungfer Marianne Leitmetzerin), Wiebke Lehmkuhl (Annina), Günther Groissböck (Der Baron Ochs auf Lerchenau), Adrian Eröd (Herr von Faninal), Rudolf Schasching (Valzacchi), Stefan Pop (Ein Sänger), Tobias Kehrer (Ein Polizeikommissar), Martin Piskorski (Der Haushofmeister bei Faninal), Franz Supper (Der Haushofmeister bei der Feldmarschallin), Dirk Aleschus (Ein Notar), Roman Sadnik (Ein Wirt), Andreja Zidaric, Phoebe Haines, Idunnu Münch (Drei adelige Waisen), Alexandra Flood (Eine Modistin), Franz Gürtelschmied (Ein Tierhändler), Rupert Grössinger (Leopold), Konzertvereinigung Wiener Staatsopernchor, Ernst Raffelsberger (préparation), Salzburger Festspiele und Theater Kinderchor, Wolfgang Götz (préparation), Wiener Philharmoniker, Franz Welser-Möst (direction musicale), Harry Kupfer (mise en scène), Hans Schavernoch (décors), Yan Tax (costumes), Jürgen Hoffmann (lumières), Thomas Reimer (vidéo), Brian Large (réalisation)
Enregistré en public à Salzbourg (8-14 août 2014) – 214’
C Major Blu-ray 719404 (ou album de deux DVD 719308) – Image 16:9, HD – Son PCM Stereo, PCM 5.1 – Region code: ABC (worldwide) – Sous-titres en allemand, anglais, français, espagnol, chinois, coréen et japonais – Notice en allemand, anglais et français





Le Chevalier à la rose revient au programme du festival de Salzbourg avec la régularité d’un coucou suisse, soit tous les dix ans depuis qu’il a été en 1960 l’opéra inaugural du Grosses Festspielhaus sous la direction de Herbert von Karajan. Son avant-dernier avatar, dans une mise en scène de Robert Carsen, n’est pas mémorable. Quand cette nouvelle production signée par le vétéran Harry Kupfer a été créée à l’été 2014, la critique s’est exprimée assez unanimement en faveur pour sa mise en scène et pour la direction musicale de Franz Welser-Möst, à l’exception d’une réserve quant au niveau sonore de l’orchestre, qui couvrait un peu trop les chanteurs. La distribution avait été globalement louée à quelques rôles près.


Pour rendre compte de l’enregistrement vidéo assez bien réalisé par Brian Large, d’autres critères entrent en ligne de compte. La concurrence est déjà assez rude avec sur le marché deux versions signées Carlos Kleiber – Munich (1979) et Vienne (1994) – dans une mise en scène traditionnelle signée Otto Schenk, magnifique et totalement respectueuse des intentions de Strauss et Hofmannsthal avec des distribuons superlatives (Universal) et celle, d’une esthétique traditionnelle mais plus compassée, filmée en 1960 à Salzbourg avec Elisabeth Schwarzkopf et Sena Jurinac (RCA). Les versions ultérieures de Covent Garden, du Metropolitan Opera avec Kiri te Kanawa sont aussi des références, à un étage inférieur cependant. Tout ce qui est venu après (Bechtholf à Zurich, Carsen à Salzburg, Laufenberg à Dresde, Wernicke à Baden-Baden) a été des relectures de metteurs en scènes avides de poser leur empreinte sur un opéra tellement ancré dans le style de la Vienne de Marie-Thérèse qu’il est vraiment illusoire de vouloir en sortir sans risquer une distanciation qui tue le rêve et l’intérêt même de l’œuvre.


Cette mise en scène de celui qui fut le pionnier de l’avant-garde de la RDA dans les années 1970, où il a donné d’inoubliables mise en scènes de Salomé, Elektra et La Femme sans ombre qu’il a reprises partout ensuite à l’époque de sa carrière occidentale, n’échappe pas à ce désir de sortir du cadre rococo pour aller se promener du côté des années de la création de l’opéra (1911), soit dans une esthétique qui contredit souvent ce que le texte raconte. La direction d’acteurs est extrêmement soignée, on découvre le personnage de Faninal joué par un jeune comédien et n’en faisant pas la silhouette un peu ridicule qu’on est convenu de brosser le plus souvent. Ochs aussi bénéficie du physique avantageux du chanteur autrichien Günther Groissböck (et de sa science idiomatique du patois autrichien) et on ne compte pas les bonnes idées qui parsèment sa réalisation. On ne s’ennuie pas une seconde mais on ne rêve jamais dans ce Chevalier très concret et objectif avant tout.


La réserve précédemment exprimée pour l’orchestre ne s’entend pas dans l’enregistrement et si l’on peut reprocher à la direction de Welser-Möst de ne pas donner aux valses le vertige que savait y infuser Kleiber, on ne peut qu’admirer des Wiener Philharmoniker en très grande forme, des timbres instrumentaux somptueux et une virtuosité à toute épreuve comme dans l’ahurissant prologue au troisième acte.


C’est certainement la distribution qui permettra à l’acquéreur potentiel de décider en fonction de ce qu’il connaît ou possède déjà. On a dit que Günther Groissböck est un atout: un Ochs jeune, jouant bien et finement, n’ayant dans la voix ni le grave abyssal ni le caractère bouffe qui conviennent au rôle mais qui y apporte vraiment son empreinte. Sophie Koch est un Chevalier expérimenté qui a beaucoup chanté le rôle dans les meilleures maisons et sous les meilleures baguettes. La caractérisation du rôle, le style, la diction sont impeccables. Elle est cependant plus crédible en Chevalier qu’en Mariandel et cet enregistrement vient un peu tard dans sa carrière, car elle peine souvent dans les aigus et n’en a plus la maîtrise totale. Adrian Eröd est un Faninal jeune, vocalement somptueux, qui donne au rôle une grande présence, un véritable relief. En revanche les seconds rôles ne sont pas toujours convaincants particulièrement Annina (Wiebke Lehmkuhl) et Valzacchi (Rudolf Schasching), que la transposition de siècle n’avantage pas. Le chanteur italien de Stefan Pop a beau imiter Pavarotti, il ne lui arrive pas à la cheville. La silhouette bien éphémère du Commissaire de police mérite ici d’être remarquée, car Tobias Kehrer impressionne beaucoup et pourrait bien un jour chanter le rôle du Baron. La Maréchale enfin est certainement la pierre d’achoppement de cette distribution. La Bulgare Krassimira Stoyanova possède indéniablement la voix idéale pour le rôle, riche, somptueuse, endurante et une diction acceptable. Sans vouloir être irrespectueux, on parierait qu’au casting purement physique, on lui aurait, dans les grandes années de Salzbourg, attribué le rôle de la mère des trois orphelines... On attend d’une Maréchale, même dans une version scénique dévoyée, un minimum de classe, de tenue, de rang – sinon à quoi bon? On est au regret de dire qu’elle n’a rien de tout cela et qu’au I plus qu’au III, où le rôle devient plus monolithique, elle n’est jamais la grande dame de la situation.


On l’aura compris et pour paraphraser Feydeau, avec cette version, on tient peut-être une petite dame de moins mais pas une grande dame de plus! Kleiber et Schenk peuvent dormir tranquilles!


Olivier Brunel

 

 

 

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