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02/06/2015
Philippe Hersant : Vêpres de la Vierge Marie
Robert Getchell (ténor), Alain Buet (baryton), Maîtrise Notre-Dame de Paris, Les Sacqueboutiers (Ensemble de cuivres anciens de Toulouse), David Joignaux (cloches), Olivier Latry (grand orgue), Yves Castagnet (orgue de chœur), Lionel Sow (direction)
Enregistré en public en la cathédrale Notre-Dame de Paris (10 décembre 2013) – 76’47
Maîtrise Notre-Dame de Paris 004 (distribué par Socadisc) – Notice (en français et en anglais) de Lionel Sow et Philippe Hersant et textes inclus


 Sélectionné par la rédaction





Les Vêpres de la Vierge Marie de Philippe Hersant répondent à une commande de l’association Musique sacrée à Notre-Dame de Paris pour la clôture de l’année jubilaire des huit cent cinquante ans de la cathédrale dont les festivités musicales s’étaient ouvertes en décembre 2012 avec les Vêpres de la Vierge de Monteverdi. L’œuvre nouvelle sonne comme une synthèse entre la musique des temps anciens et celle de temps présents. Philippe Hersant fait appel à deux solistes et aux forces musicales de la cathédrale au complet: les trois chœurs de la Maîtrise (chœur d’enfants, jeune ensemble et chœur d’adultes), le grand orgue, l’orgue de chœur, l’ensemble Les Sacqueboutiers (deux cornets, trois sacqueboutes) et un jeu de cloches. Il met à profit la spécificité de l’acoustique des lieux et la distance qui sépare les deux orgues pour spatialiser la composition par les effets sonores de nombreux jeux de réponses, avec le chœur traité en triple chœur tandis que le chœur d’enfants et les Sacqueboutiers sont mobiles. C’est une œuvre d’envergure, son grand souffle libéré grâce à la conviction des interprètes et à l’excellence de la direction sensible et rigoureuse de Lionel Sow.


L’œuvre se divise en trois parties de durée presque égale précédées à chaque fois d’une toccata aux deux orgues, la première enchaînant un invitatoire choral, la deuxième avec cornets et la troisième aux seuls orgues. Puisque c’est en quelque sorte une réponse contemporaine aux Vêpres de la Vierge d’ouverture, le texte présente l’office des vêpres selon la tradition des lieux, l’Ave maris stella et le Magnificat chantés en latin, les Psaumes 121 et 126 et le Cantique aux Ephésiens en français dans la traduction de Lemaistre de Sacy. La voix chaleureuse du baryton Alain Buet éclaire les éléments profondément humains des textes bibliques et le seul regret que l’on puisse avoir c’est que le ténor Robert Getchell n’intervient que pour le Psaume 121, sa voix doublant celle du baryton en proche harmonie capiteuse.


La participation des Sacqueboutiers appuie d’office le lien que le compositeur a souhaité établir avec la musique ancienne et les débuts de la cathédrale. Les fanfares, les jeux en antiphonie, les moelleuses sonorités et les courbes gracieuses des lignes évoquent les musiques italiennes du XVIIe siècle et les motifs récurrents du Magnificat citent les Litanies de la Vierge Marie de Monteverdi et Ave dulcissima Maria de Gesualdo. Certains thèmes grégoriens et les modalités et techniques anciennes imprègnent les toccatas et le chant choral, et le canon «O Virgo splendens» du Livre de Vermeil de Montserrat irrigue le premier Psaume. L’écriture indépendante de Philippe Hersant garde, cependant, sa personnalité propre pénétrée d’une profonde spiritualité.


Les deux premières parties enchaînent deux volets à une toccata, le chœur d’enfants de l’Ave maris stella d’entrée d’une touchante luminosité et le Psaume 121 aux effets de réverbération polyphonique tout à fait fascinante. L’ampleur accordée au Psaume 126 de la partie centrale implique l’ensemble des interprètes auquel Hersant ajoute, pour le Cantique aux Ephésiens, un jeu de cloches qui relève le délicieux frottement harmonique de la fin de l’antienne pour jouer sur la résonance naturelle des lieux. La partie de baryton, ponctuée de ritournelles de cornets et de sacqueboutes et d’abord très sobre, s’amplifie petit à petit soutenu par un chœur expressif mais l’importance de la parole domine. Après la toccata d’introduction, la troisième partie est entièrement consacrée au Magnificat, les pupitres des chœurs étant simples ou divisés, harmoniques ou polyphoniques, seuls ou accompagnés des orgues, rehaussés ou non par le baryton. La progression, tendue, passe d’une réitération de climats mystérieux en léger crescendo à une splendeur cuivrée et lumineuse, une longue chaîne d’«Amen» en apothéose.


C’est une digne conclusion à l’année jubilaire de Notre-Dame. Tout en rêvant d’un Messiaen ou d’un Florentz, force est de constater que les Vêpres de la Vierge Marie de Philippe Hersant conviennent parfaitement pour clore cette année de célébration exceptionnelle. La prestation des interprètes, en particulier celle de la Maîtrise, est en tout point juste, vibrante et précise. La prise de son de Philippe Maladin et Antoine Pinçon rend compte dans la clarté de l’espace sonore et de la spatialisation des forces musicales.


Le site de Philippe Hersant
Le site de l’association Musique sacrée à Notre-Dame de Paris


Christine Labroche

 

 

 

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