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09/25/2014
Richard Strauss : Elektra, opus 58
Birgit Nilsson (Elektra), Regina Resnik (Klytämnestra), Leonie Rysanek (Chrysothemis), Eberhard Wächter (Orest), Wolfgang Windgassen (Aegisth), Frederick Guthrie (Der Pfleger des Orest), Margareta Sjöstedt (Vertraute), Margarita Lilowa (Schleppträgerin), Gerhard Unger (Junger Diener), Herbert Lackner (Alter Diener), Danica Mastilovic (Aufseherin), Margarita Lilowa, Margareta Sjöstedt, Margarete Ast, Gundula Janowitz, Gerda Scheyrer (Fünf Mägde), Chor und Orchester der Wiener Staatsoper, Karl Böhm (direction)
Enregistré en public au Wiener Staatsoper (16 décembre 1965) – 98’40
Orfeo C 886 142 1 – Notice de présentation en français, allemand et anglais


Must de ConcertoNet






Impérissable Elektra que celle donnée en ce 16 décembre 1965, à l’Opéra de Vienne, et qu’Orfeo restitue avec tout le soin nécessaire. Une soirée historique – mythologique, oserait-on presque dire –, qui justifie pleinement les mots de Dominique Meyer dans la notice d’introduction: «c’est saisis sur le vif, dans le feu de l’action scénique, que les artistes, êtres de chair et de sang, apparaissent dans toute leur authenticité». Le frisson du premier «Allein!» fait comprendre que l’Electre de Birgit Nilsson non seulement possède les moyens et l’épaisseur tragique requis par le personnage, mais sera cet être «de chair et de sang» que ce rôle – redoutable entre tous – appelle. Le premier monologue ne la prend jamais en défaut, comme si la voix était chauffée depuis des millénaires. Le dialogue avec sa mère révèle une tragédienne possédée (...de quoi bousculer les stéréotypes parfois véhiculés par ses prestations wagnériennes). Celui avec son frère ouvre une séquence d’anthologie, où la soprano suédoise brise l’armure pour se faire émotion pure (on croirait entendre Daphné par moments!).


L’angoisse du premier «Elektra!» ne laisse pas moins de doutes sur l’absolue perfection de la Chrysothemis de Leonie Rysanek – un rôle dans lequel personne n’a su approcher la même maîtrise –, de bout en bout frappée par le génie. Autant dire que la scène finale touche au sublime. En comparaison de son incarnation à l’hystérie débridée dans la version en technicolor de Georg Solti (Vienne, 1967, Decca), la Clytemnestre de Regina Resnik est ici sans faille – notamment dans la voix (de la profondeur du grave à l’extraversion des aigus, dans la perversion empoisonnée des murmures comme dans la véhémence terrifiante du cri). Quant à l’Oreste d’Eberhard Wächter, il apporte – par la profondeur de la voix et la noblesse du ton – une touche de lyrisme frémissant (sans la profondeur d’un Fischer-Dieskau ou d’un Nimsgern – mais avec une urgence théâtrale presque rafraîchissante, qui évoque davantage un Walter Berry). Et à l’image de Wolfgang Windgassen – qui parvient à dresser d’Egisthe le juste portrait –, les rôles secondaires sont tenus avec exemplarité sinon passion.


Autant faire court, enfin, pour saluer la puissance marmoréenne du geste de Karl Böhm et se prosterner devant sa battue infaillible. Une tension à la fois continue et grandissante inonde littéralement la scène du Staatsoper – sans une seule chute de tension (quelle cohésion parmi les pupitres!), jusqu’à la densité inouïe des dernières scènes. Au-delà, doit-on choisir entre les versions légendaires de cette partition? Probablement pas, tant les Elektra de référence font grandir – sans lassitude – l’amour que suscite l’opéra de Strauss, depuis l’incandescence hallucinée de Mitropoulos – avec Borkh, Madeira et della Casa (1957, Orfeo) – jusqu’à la réussite de Salonen – transcendé par la mise en scène de Patrice Chéreau (2013, Bel Air). Doit-on même choisir entre les différentes versions léguées par Karl Böhm, avec l’Orchestre d’Etat de Bavière – pour Goltz et Rysanek, déjà (1955, Walhall) –, avec la Staatskapelle de Dresde – Borkh et Fischer-Dieskau y demeurent irremplaçables (1960, DG) –, avec l’Opéra de Paris (1975, Golden Melodram) – un live incandescent –, avec le Philharmonique de Vienne – Rysanek osant Electre pour la seule et unique fois (1981, DG)? Non. Mais affirmer que ce live de 1965 est le témoignage le plus abouti du chef autrichien dans cette œuvre suffit à renseigner sur la place qu’il doit occuper dans toute discothèque straussienne.


Gilles d’Heyres

 

 

 

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