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07/14/2014
Béla Bartók : A csodálatos mandarin, suite d’orchestre, opus 19, BB 82 – Musique pour cordes percussion et célesta, BB 114 – Quatre Pièces pour orchestre, opus 12, BB 64
Melbourne Symphony Orchestra, Edward Gardner (direction)
Enregistré à Melbourne (21 et 22 juillet 2011 [Pièces], 4 [Mandarin] et (en public) 7 à 9 et 12 [Musique] mars 2013)
SACD Chandos CHSA 5130 – Notice (en anglais, allemand et français) de Paul Griffiths


 Sélectionné par la rédaction





Les prestations du chef britannique Edward Gardner (né en 1974) attirent de plus en plus l’attention des mélomanes au concert comme au disque. Après les œuvres orchestrales de ses compatriotes Walton et Britten, Berio et la riche série «Muzyka Polska» (Lutoslawski, Szymanowski) pour Chandos, le chef britannique se tourne vers Béla Bartók pour proposer un programme réussi qui comprend deux pièces maîtresses du compositeur – Le Mandarin merveilleux et la Musique pour cordes percussions et célesta – ainsi que les Quatre Pièces pour orchestre moins souvent à l’affiche. Sa collaboration avec le somptueux Orchestre symphonique de Melbourne s’avère des plus fructueuses.


Son interprétation éloquente de la suite tirée du Mandarin merveilleux (1918-1919) rend compte de l’intensité dynamique et dramatique de la partition, dans un climat tendu, fantasque et tout à fait saisissant où le danger imminent se ressent à tout instant, y compris pendant les scènes de séduction. Sa direction souligne l’originalité, la modernité et la beauté de l’œuvre, les allures fiévreuses ou sauvages, les rythmes trépidants, le motorisme infernal, les couleurs soutenues et profondes. Gardner ne perd cependant jamais de vue la nécessaire précision rigoureuse et l’équilibre entre des pupitres souvent musicalement en conflit. Totalement avec lui, les musiciens de l’orchestre soignent le moindre détail de leur prestation intense, les solistes, parmi lesquels la clarinette de Craig Hill, d’une efficacité sans faille. Cette version se hisse parmi les meilleures.


Les mêmes qualités interprétatives servent bien la Musique pour cordes, percussion et célesta (1936). La splendeur, la perfection et l’originalité de la composition en font assurément l’un des chefs-d’œuvre absolus du XXe siècle, le mystérieux premier mouvement en arche, le deuxième un ouragan percussif, le «halo crissant et moiré» (Boulez) du troisième comme «de la soie qui se déchire» (Messiaen) et le quatrième, strepitoso, d’une exubérance libératrice. D’une grande détermination concentrée, l’interprétation assez sensuelle de Gardner a moins recours à la pointe sèche que Boulez, et ne semble pas viser une densité aussi enténébrée que celle de Fricsay, par exemple, mais sous sa baguette, la phalange australienne en réussit la grande puissance expressive, les gestes incisifs, les rythmes effrénés, les accélérations diaboliques, les glissandos inventifs et les chuchotements envoûtés aux soudains éclats lumineux. La prestation reste d’un souffle indéniable.


Les trois œuvres illustrent l’affinement progressif du langage musical de Bartók, parmi les plus innovateurs du siècle. Les Quatre Pièces bénéficient de sa science orchestrale de 1921, date à laquelle il a décidé d’orchestrer ces partitions aventureuses conçues «uniquement pour [sa] table de travail» en 1912 dans une Budapest hostile à sa musique. L’ensemble, précurseur sans programme de pages telles Le Prince de bois et Le Mandarin, présente quatre pièces indépendantes sans lien ou thème commun, quatre climats contrastés, intérieurement et entre eux, plus sûrement reliés par le génie et le style expressif et expressionniste du compositeur. Un poignant «Preludio» fait place à un «Scherzo» furioso aux cuivres impertinents avant les fines couleurs d’un gracieux «Intermezzo» et, in fine, une «Marche funèbre» douloureuse, dramatique et protestataire. L’ensemble, d’une belle ampleur énergique aux sonorités somptueuses, déferle avec une intensité de tout instant. Gardner et ses musiciens le défendent avec flamme.


Actuellement principal chef invité de l’Orchestre symphonique de Birmingham et de l’Orchestre philharmonique de Bergen, dont il occupera le poste de chef principal à partir de 2015, Edward Gardner ne cesse de surprendre dans le sens le plus positif du terme. Son choix de programme parmi les œuvres de Bartók et son interprétation à la tête de l’Orchestre symphonique de Melbourne font de sa prestation un témoignage de tout premier ordre qui bénéficie de la prise de son Chandos, toujours aussi fine.


Le site de l’Orchestre symphonique de Melbourne


Christine Labroche

 

 

 

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