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07/03/2014
Gustav Mahler : Lieder aus «Des Knaben Wunderhorn»: «Lob des hohen Verstandes», «Wo die schönen Trompeten blasen», «Revelge», «Rheinlegendchen», «Wer hat dies Liedlein erdacht» & «Urlicht» – Lieder eines fahrenden Gesellen
Wolfgang Rihm : Rilke : Vier Gedichte

Christoph Prégardien (ténor), Bochumer Symphoniker, Steven Sloane (direction)
Enregistré à Bochum (26-29 septembre, 2011) – 62’25
cpo 777 675-2 – Notice (en allemand et en anglais) de Matthias Carvin et textes inclus





Après un premier récital avec piano (Michael Gees) enregistré en 2006 (Hänssler), Christoph Prégardien revient à Gustav Mahler (1860-1911) pour une deuxième fois, avec l’Orchestre symphonique de Bochum. Les deux programmes ont en commun un choix de six lieder de Des Knaben Wunderhorn et les Lieder eines fahrenden Gesellen mais l’originalité du programme vient des quatre lieder de Wolfgang Rihm (né en 1952) qui ont pris la place des quatre Rückert-Lieder sans se départir de l’esprit et de la lignée profondément germaniques du genre.


Un Weltschmerz sans sentimentalisme semble être le trait marquant des quatre poèmes de Rilke, qui se distancie de la teneur de l’ensemble des poèmes d’Aus dem Nachlass des Grafen C.W. (1921) en prétendant recueillir les propos dictés d’outre-tombe de C.W., comte imaginaire. A l’instar des œuvres de Mahler au programme, les Rilke-Lieder ont été composés d’abord pour voix avec piano (2000), enregistrés en 2003 pour Col Legno, et ensuite orchestrés (2004), les deux versions à l’intention de Christoph Prégardien. Destinés à être interprétés sans pause, séparés d’un bref silence à peine, les quatre lieder partagent un tempo lent, un rythme peu marqué, une douce fluidité d’allure et un climat crépusculaire tout en retenue. Suivant une ligne vocale souvent en arche, le phrasé se gonfle en crescendos qui meurent aussitôt l’apogée atteint. L’impact du langage discrètement atonal reste étrangement postromantique, impression que renforcent, peut-être plus que le piano, les subtiles colorations de la densité orchestrale. Les quatre lieder se déploient sans heurt sur un large ambitus et, malgré des syllabes vocalisées peut-être malaisées, Christoph Prégardien les interprète avec beaucoup d’adresse et de délicatesse, ses graves retenus et ses décrochements en voix de tête satinés rendant d’autant plus poignante en contraste la puissance soudaine de vers emblématiques tels «denn das Leben währt weil keiner kannte» du deuxième lied, «Dies überstanden haben».


Les Rilke-Lieder s’insèrent entre les deux recueils de Mahler. Christoph Prégardien lance son programme par six lieder Des Knaben Wunderhorn, judicieusement sélectionnés selon leur humeur à chaque fois différente, la légèreté drolatique et le charme taquin ou tendre faisant place à la nostalgie amoureuse, à une ironie déchirante qui mêle la mort du soldat à la parade militaire ou à une touchante fantasmagorie d’abord hymnique («Urlicht») qui ouvre la voie à Rihm. Le timbre particulier du ténor allemand, moins ample dans le plus grave, peut-être, n’est pas sans rappeler la chaleur discrète d’un baryton. C’est un excellent interprète de lieder pour autant que, sensible aux textes, sa diction claire, il prête vie aux personnages et aux situations tout en gardant une juste mesure, la finesse de l’expression prenant toujours le pas sur la puissance d’émission. Manifestement les musiciens prennent plaisir aux riches sonorités fortement colorées de l’orchestre mahlérien dont Steven Sloane soigne le relief et marque les rythmes avec énergie, dans une prestation taquine pour la délicieuse valse de «Rheinlegendchen» et non sans ironie appuyée pour le terrible «Revelge». La phalange rhénane peut paraître parfois manquer de substance mais l’équilibre avec la voix prime nettement sur l’ampleur et il importe de relever que la prise de son favorise le chant.


Souvent si proches de la Première Symphonie de conception contemporaine, les Lieder eines fahrenden Gesellen ne manquent ni de réjouir ni d’émouvoir. Mahler, fortement touché par une déception amoureuse, met en musique ses propres poèmes, qui restent discrets quant à sa profonde implication, son ardeur romantique pourtant trahie par l’expressivité orchestrale qui, dès son jeune âge, revêt les caractéristiques qui lui sont si personnelles. Prégardien y excelle par son interprétation à la fois habile et ressentie, les textes distillés, sa voix chaleureuse, touchante et belle.


Il existe de très nombreuses versions des deux cycles de Mahler et chacun aura ses préférences mais, ajoutant la découverte enrichissante de l’œuvre de Rihm, le récital de Christoph Prégardien vaut par son engagement personnel et par l’équilibre de son programme original.


Le site de Christoph Prégardien
Le site de l’Orchestre symphonique de Bochum


Christine Labroche

 

 

 

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