About us / Contact

The Classical Music Network

CD

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

04/10/2014
Benjamin Britten: The Rape of Lucretia, opus 37
John Mark Ainsley (Male Chorus), Olga Boylan (Female Chorus), Clive Bayley (Collatinus), Leigh Melrose (Junius), Christopher Maltman (Tarquinius), Sarah Connolly (Lucretia), Catherine Wyn-Rogers (Bianca), Mary Nelson (Lucia), English National Opera Orchestra, Paul Daniel (direction), David McVicar (mise en scène), Yannis Thavoris (décors, costumes), Paule Constable (lumières)
Enregistré au Snape Maltings Concert Hall d’Aldeburgh (juin 2001) – 120’
DVD Opus Arte OA 1123D (ou Blu-ray OABD 7135D)


 Sélectionné par la rédaction





Benjamin Britten: Peter Grimes, opus 33
Alan Oke (Peter Grimes), Giselle Allen (Ellen Orford), David Kempster (Captain Balstrode), Gaynor Keeble (Auntie), Alexandra Hutton (First niece), Charmian Bedford (Second niece), Robert Murray (Bob Boles), Henry Waddington (Swallow), Catherine Wyn-Rogers (Mrs Sedley), Charles Rice (Ned Keene), Christopher Gillett (Rev Horace Adams), Stephen Richardson (Hobson), Chorus of Opera North, The Guildhall School of Music and Drama, Britten-Pears Orchestra, Steuart Bedford (direction), Tim Albery (mise en scène), Leslie Travers (décors, costumes), Lucy Carter (lumières), Margaret Williams (réalisation)
Enregistré sur la plage d’Aldeburgh (juin 2013) – 141’
DVD Arthaus Musik 102 179 (ou Blu-ray 108 101)





Benjamin Britten: Gloriana, opus 53
Susan Bullock (Elizabeth I), Toby Spence (Earl of Essex), Benjamin Bevan (Henry Cuffe), Mark Stone (Charles Blount), Clive Bayley (Sir Walter Raleigh), Jeremy Carpenter (Sir Robert Cecil), Jeremy White (Recorder of Norwich), Andrew Tortise (Spirit of the Masque), Lake Laoutaris-Smith (Time), Giulia Pazzaglia (Concord), Kate Royal (Penelope), Patricia Bardon (Frances Devereux), Nadine Livingston (Lady-in-Waiting), David Butt Philip (Master of Ceremonies), Brindley Sherratt (Blind Ballad-Singer), Carol Rowlands (Housewife), Michel de Souza (City Crier), Chorus of the Royal Opera House, Stephen Westrop (chef du chœur), Orchestra of the Royal Opera House, Paul Daniel (direction), Richard Jones (mise en scène), Ultz (décors, costumes), Mimi Jordan Sherin (lumières), Lucy Burge (chorégraphie)
Enregistré au Royal Opera House, Covent Garden (24 juin 2013) – 163’
DVD Opus Arte OA 1124D (ou Blu-ray OABD 7134D)





Le centenaire de la naissance de Benjamin Britten (1913-1976) a fait l’objet de nombreuses publications qui enrichissent une discographie et une vidéographie déjà bien fournies. Trois DVD parus simultanément attirent l’attention, non seulement sur des œuvres de première importance mais aussi sur l’immense savoir-faire des Britanniques en la matière.


Opus Arte publie seulement maintenant Le Viol de Lucrèce (1946) que le Festival d’Aldeburgh a représenté en juin 2001. David McVicar signe un spectacle abouti dans un dispositif sobre qui renforce l’intensité du premier «opéra de chambre» de Britten. Le metteur en scène règle une direction d’acteur dépourvue d’artifices et d’une grande force de conviction, qui incite les chanteurs, de surcroît excellents comédiens, à se surpasser. Cette production repose sur une distribution d’anthologie. Mezzo de grande classe, Sarah Connolly préserve la dignité de Lucrèce à laquelle elle confère un saisissant profil de tragédienne. Sa confrontation avec le Tarquinius mâle et concupiscent de Christopher Maltman, baryton d’exception, présente une intensité peu commune.


Evoluent également sur scène le remarquable Junius de Leigh Melrose et l’impressionnant Collatinus de Clive Bayley. Catherine Wyn-Rogers (Bianca) et Mary Nelson (Lucia) forment un duo idéalement apparié. Associé à l’excellente Olga Boylan (Chœur féminin), John Mark Ainsley (Chœur masculin) assure une prestation superlative: timbre somptueux, émission impeccable, phrasé superbe. A la tête d’un Orchestre de l’English National Opera hissé à un même niveau d’excellence, Paul Daniel assure une direction serrée, éloquente et précise. Un DVD à posséder absolument.


Moins essentiel mais tout de même remarquable : en juin dernier, le Festival d’Aldeburgh a représenté Peter Grimes (1945) sur la plage de cette ville du Suffolk qui a inspiré George Crabbe pour The Borough, dont Montagu Slater a tiré le livret. Margaret Williams en a réalisé un film d’opéra en incorporant, lors du montage, quelques scènes supplémentaires ainsi que des images de la mer, du ciel, des champs et des marais de cette région. Le public, qui a assisté à ce spectacle assis sur la plage (selon la notice), et l’orchestre demeurent donc invisibles. Ce dernier a été enregistré au Snape Maltings, probablement pour améliorer le rendu sonore, tandis que les chanteurs, qui utilisent des microphones indiscrets, s’accommodent plutôt bien de ces conditions évidemment inhabituelles. L’impressionnant dispositif scénique consiste en une structure en bois dégagée et étendue qui permet d’importants déplacements et de beaux effets.


Ce décor unique évoque, plus qu’il ne représente, les principaux lieux dans lesquels l’action se déroule, comme le bar ou la cabane de Peter Grimes, sans que cela porte préjudice au développement dramatique de l’opéra qui débute dès lors sous un ciel crépusculaire pour se poursuivre la nuit tombée, alors qu’en principe, le troisième acte se termine au lever du jour. Cette production mérite toutefois d’être connue, moins pour la distribution, de haut niveau, malgré un Peter Grimes modérément convaincant (Alan Oke), que pour l’originalité de la conception scénique. La prestation acérée, incandescente et sensible de l’Orchestre Britten-Pears, dirigé par l’excellent Steuart Bedford, renforce l’intérêt de cette nouveauté.


Egalement durant le mois de juin de l’année passée, le Royal Opera House a monté Gloriana (1953) soixante ans après l’avoir créé. Richard Jones joue ici la carte de la dérision. Dans cet épisode tourmenté de la vie de la Reine Elisabeth I, les personnages adoptent une posture tragicomique dans une scénographie ludique et colorée : une salle de fête de village dans laquelle le décor change régulièrement et à vue. Le metteur en scène propose de ce grand opéra qui ne dit pas son nom un spectacle bien conçu mais plus divertissant que passionnant. En tout cas le livret et la musique résistent à cette mise à distance ironique.


La distribution se hisse à la hauteur de la réputation de Covent Garden mais l’Elisabeth I de Susan Bullock laisse trop souvent indifférent, malgré son déchirement intérieur entre devoir et sentiment, sauf à la fin, lorsqu’elle parvient à émouvoir, alors que Toby Spence, ténor sophistiqué, incarne un Robert Devereux plus convaincant. A la tête d’un excellent orchestre, Paul Daniel n’a plus rien à prouver dans la musique du compositeur dont il compte assurément parmi les plus grands interprètes. Cette publication apporte un démenti à ceux qui estiment que Gloriana présente un moindre intérêt musical et théâtral en regard des autres opéras de Britten plus régulièrement représentés.


Sébastien Foucart

 

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com