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03/28/2014



Naxos continue de valoriser la musique italienne des XIXe et XXe hors de sa composante opératique à laquelle elle est généralement réduite: en voici cinq nouveaux exemples, prolongeant la découverte déjà entamée de certains compositeurs ou proposant de nouveaux noms à la curiosité de l’auditeur.


Alfredo Casella : Concerto per archi, opus 40 – 5 Stücke, opus 34
Guido Turchi : Concerto breve

Quatuor de Venise: Andrea Vio, Alberto Battiston (violon), Giancarlo Di Vacri (alto), Angelo Zanin (violoncelle)
Enregistré à Preganziol, Italie (21-22 août [Cinque pezzi] et 7-8 novembre 2012) – 70’52
Naxos 8.573019





L’éditeur a déjà consacré de nombreux volumes à Alfredo Casella (1883-1947), notamment à sa musique pianistique et, surtout, symphonique, parallèlement à l’anthologie publiée par Chandos (voir ici, ici, ici, ici). Mais c’est cette fois-ci à sa musique de chambre que s’intéresse Naxos, en l’espèce à son œuvre pour quatuor à cordes. Comme Stravinski, qui n’a laissé que Trois Pièces puis un Concertino, Casella semble vouloir contourner le genre et éviter le poids de son histoire. La verve, l’humour et les provocations des Cinq Pièces (1920) sont bien de l’époque de Hindemith, Schulhoff ou Stravinski (Suites pour petit orchestre): l’indication de tempo de la première («Prélude») est Allegro vivace e barbaro, les titres des deux suivantes – «Ninna-nanna» (une berceuse) et «Valse ridicule» – surprennent mais une expression plus profonde («Nocturne») n’en parvient pas moins à s’imposer. En première discographique, le Concerto pour cordes (1923) en quatre mouvements, écrit pour le Quatuor Pro Arte (et arrangé en 1929 pour orchestre de chambre par Erwin Stein), évoque le néoclassicisme des Six et de Stravinski, avec un tour volontiers populaire, même s’il faut sans doute entendre au second degré la naïveté de la «Sicilienne» et la robustesse de la «Chanson» conclusive. Le Quatuor de Venise complète le programme avec une œuvre de Guido Turchi (1916-2010) qui, comme nombre de ses compatriotes et contemporains (Malipiero, Petrassi...), fut influencé par la Renaissance italienne. Toutefois, son Concerto breve (1947), créé par le Quatuor Lasalle, adoptant une forme libre trois mouvements enchaînés et sous-titré «hommage à Béla Bartók» – même la thématique est fondée sur la transcription de cinq des lettres de son nom selon la notation allemande –, entretient peut-être davantage d’affinités avec le Hindemith de la maturité (dont Turchi fut, dès 1958, le biographe).


Alfredo Casella : Triple Concerto, opus 56
Giorgio Federico Ghedini : Concerto dell’albatro

Emanuela Piemonti (piano), Paolo Ghidoni (violin), Pietro Bosna (violoncelle), Carlo Doglioni Majer (récitant), Orchestra I Pomeriggi Musicali, Damian Iorio (direction)
Enregistré en public à Milan (11-13 janvier [Ghedini] et 13-15 décembre [Casella] 2007) – 58’09
Naxos 8.573180





C’est d’Italie que viennent deux des contributions les plus importantes à un genre plutôt rare, celui du trio (avec piano) concertant, auquel Beethoven, Martinů (à deux reprises) et Tcherepnine ont par ailleurs attaché leur nom. Membre fondateur du Trio Italien, constitué en 1930, c’est donc pour son propre usage et celui de ses partenaires que Casella a écrit dès 1933 un Triple Concerto (puis une Sonate à trois), où le trio est davantage traité comme un soliste en tant que tel que dans un souci de mettre en valeur ses individualités. Portant, comme celui de Beethoven, le numéro d’opus 56, il illustre l’évolution du compositeur, à mi-chemin entre le néoclassicisme des années 1920, nettement perceptible dans le premier mouvement, et les effusions postromantiques de ses ultimes Concerto pour orchestre et Troisième Symphonie (à la fin des années 1930), plus spécialement dans l’Adagio central. Le mélange stylistique est riche et généreux, énergique et rythmé, faisant alterner teintes crépusculaires et lumineux éclat du Rondò final. Le couplage avec le Concerto de l’albatros (1945/1949), l’œuvre la plus célèbre de Giorgio Federico Ghedini (1892-1965), destinée au Trio de Trieste, s’imposait d’autant plus que Naxos a déjà consacré plusieurs volumes à ce compositeur (voir ici). En cinq mouvements d’un seul tenant, l’œuvre rejette toute contrainte de forme pour s’apparenter davantage un poème symphonique, une autre de ses particularités tenant à l’intervention, à partir de la toute fin du quatrième mouvement, d’un récitant, qui dit des extraits de Moby-Dick, ici dans la traduction italienne de Pavese. Passionné par Melville – il laisse également un «oratorio scénique» inspiré par Billy Budd –, Ghedini n’est animé par aucune préoccupation virtuose mais brosse un tableau puissamment évocateur des étendues marines antarctiques. Darian Iorio (né en 1972), à la tête de l’orchestre milanais I Pomeriggi Musicali, cultive une certaine lenteur pour installer un climat prenant mais, du coup, passe un peu à côté de la tempête du quatrième mouvement.


Alfredo Catalani : Ero et Leandro [1] – Scherzo [2] – Andantino [3] – Contemplazione [4] – Il mattino [5]
Orchestra sinfonica di Roma, Francesco La Vecchia (direction)
Enregistré à Rome (16-17 avril [4], 1er-2 [3, 5], 11-13 [1] juillet 2011 et 3-4 juin 2012 [2]) – 54’46
Naxos 8.573072





On retrouve l’incontournable Francesco La Vecchia (né en 1954) et son Orchestre symphonique de Rome pour la découverte d’un pan méconnu de l’œuvre d’Alfredo Catalani (1854-1893), dont la notoriété repose aujourd’hui quasi-exclusivement sur La Wally, son sixième et ultime opéra. Son catalogue n’est pourtant pas exclusivement lyrique, comprenant par exemple trois symphonies composées durant les années 1870, dont deux jumelles, Le Matin (1874) et Le Soir. On n’entendra ici que la première de ce diptyque (ce qui laisse espérer qu’un autre album permettra d’entendre la seconde ou peut-être également la Symphonie pour grand orchestre, légèrement antérieure): d’un seul tenant et sous-titrée «sinfonia romantica», elle ne se laisse pas enfermer dans les formes classiques et sa brièveté (moins d’un quart d’heure) n’empêche pas la succession d’épisodes de caractère tour à tour paisible et passionné, toujours d’une belle tenue expressive et même d’une élévation parfois quasi brucknérienne, ressortissant clairement de la musique pure davantage que de la musique à programme. Moins personnel, l’Andantino en la (vers 1871) rappelle, exactement au même âge, le Bizet de la Symphonie en ut. Deux pièces de 1878 créées à Paris, où Catalani avait étudié avec Bazin et Marmontel, se révèlent d’importance inégale: le léger et charmant Scherzo en la, d’inspiration schubertienne, a bien moins d’ambition que la Contemplation, plus développée, dont les beaux thèmes se déploient avec lyrisme et qui ferait sans doute des ravages dans une écoute «à l’aveugle» même si, en fin de compte, elle n’étonne pas de la part de l’auteur de l’air «Ebben? Ne andrò lontana», popularisé par le film Diva. En revanche, la tête d’affiche de ce portrait attachant d’un compositeur sans doute moins convenu que Sgambati ou Martucci, Héro et Léandre (1884), paraît en léger retrait, même si Catalani, dans l’esprit des poèmes symphoniques de Liszt et Smetana, avec parfois même un parfum préstraussien, ne s’y montre pas plus mélodramatique que ses contemporains véristes.


Goffredo Petrassi : Concerto pour flûte [1] – Concerto pour piano [2] – La follia di Orlando (Suite) [3]
Mario Ancillotti (flûte), Bruno Canino (piano), Orchestra sinfonica di Roma, Francesco La Vecchia (direction)
Enregistré à Rome (25-26 mars [2], 22-23 juin [A] et 11-12 novembre [3] 2012) – 71’29
Naxos 8.573073





Après un premier album, La Vecchia et son orchestre reviennent à Goffredo Petrassi (1904-2003), dans trois œuvres fort différentes. Puissant et motorique, le Concerto pour piano (1939), interprété par Bruno Canino (né en 1935), demeure dans l’orbite de Prokofiev, Stravinski et Hindemith, avec peut-être aussi un zeste de Bartók. La Suite en quatre parties formée à partir du ballet en trois tableaux La Folie de Roland (1943), créé à la Scala dans une chorégraphie d’Aurelio Milloss, offre de belles pages d’orchestre, de caractère moins oppressant, plus souple et coloré, avec la présence insistante et intrigante du clavecin. Moins de vingt ans plus tard, le Concerto pour flûte (1960), dédié à l’incontournable Severino Gazzelloni, montre un Petrassi dont le style a considérablement évolué, à l’écoute de la modernité, tant dans l’orchestre – défectif (privé de flûtes, hautbois, violons et altos) mais d’un grand raffinement lorsqu’il accompagne le soliste, avec le rôle important dévolu aux cordes pincées (harpe, guitare) et la subtilité des percussions – que dans la partie soliste, d’une grande liberté (et d’une grande virtuosité), de nature souvent cadentielle. Bien défendue par Mario Ancillotti (né en 1946), la partition, malgré son relatif dépouillement, révèle probablement davantage que les deux autres la personnalité et l’expression poétique du compositeur.


Ottorino Respighi : Giga – Allegretto vivace – Sonate en ré mineur – Sei pezzi – Cinque pezzi
Emy Bernecoli (violon), Massimo Giuseppe Bianchi (piano)
Enregistré à Vicence (3-5 septembre 2012) – 71’44
Naxos 8.573129





De tous ces compositeurs italiens, Ottorino Respighi (1879-1936) est sans conteste le plus célèbre, mais que connaît-on de lui au-delà de sa Trilogie romaine (dont, au demeurant, le dernier volet, Fêtes romaines, demeure lui-même assez rare)? Sa musique de chambre comprend notamment cinq quatuors à cordes, mais c’est ici une intégrale de son œuvre pour violon et piano qu’entame, après un album Ghedini, le duo formé par Emy Bernecoli (née en 1983) et Massimo Giuseppe Bianchi. Si quelques interprètes ont mis sa Sonate en si mineur à leur répertoire, le programme de ce premier volume n’inclut que des pages écrites avant l’âge de trente ans, pour la plupart inédites et sans grand rapport avec l’évolution ultérieure du compositeur, violoniste de formation. Ainsi d’une Sonate en ré mineur (1897), certes finement ciselée, bien charpentée et pleine d’élan, mais qui semble quasiment tout devoir à Schumann et à Brahms. Contemporaines de son premier séjour à Saint-Pétersbourg, au cours duquel il étudia avec Rimski-Korsakov et fut alto solo de l’Orchestre du Théâtre impérial, les Six Pièces (1902), dont cinq furent également orchestrées, ne marquent pas d’évolution sensible mais démontrent que Respighi, à défaut d’une grande imagination, jouissait déjà d’un sens mélodique très sûr et maîtrisait à la perfection la pièce de genre de forme ABA telle qu’elle était prisée dans le dernier quart du XIXe siècle. Les Cinq Pièces (1906) s’inscrivent dans la même perspective. Deux très brèves pages datant des années d’études – une Gigue en si mineur bien néobaroque et un Allegretto vivace en ut bien schumannien – témoignent de l’ambition d’exhaustivité des interprètes, dont l’enthousiasme tend néanmoins à l’emporter sur l’élégance ou la précision.


Le site du Quatuor de Venise
Le site de Damian Iorio
Le site de l’Orchestre I Pomeriggi Musicali
Le site de Francesco La Vecchia
Le site de l’Orchestre symphonique de Rome
Le site de Mario Ancillotti


Simon Corley

 

 

 

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