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05/01/1999
Frank Martin : Golgotha
Barbara Locher (soprano), Elisabeth Graf (alto), Laurent Dami (ténor), Marcos Fink (Jésus), Michel Brodard (basse), Luc Baghdassarian (piano), Luca Antoniotti (orgue)
Sinfonietta de Lausanne, Ensemble vocal de Lausanne, Michel Corboz (direction)
Cascavelle VEL 3004 (2 CD)
A une époque où, ne sachant plus quoi écouter, on en vient parfois à exhumer des vieilleries d’un intérêt douteux, il est regrettable que des pièces et des compositeurs importants du XXe siècle ne soient pas joués. C’est hélas le cas de Frank Martin (1890-1974), compositeur suisse dont l’oratorio Golgotha mérite mieux que l’oubli dans lequel il semble à peu près être tombé. Louons donc Michel Corboz de le rendre à la vie. Martin est un descendant de Debussy et Ravel. Sa prosodie est tout à fait debussyste (dans le style de Pelléas), son orchestration l’est plus rarement, même si sa musique évoque parfois le Martyre de saint Sébastien. Martin est peut-être plus proche de Roussel — encore que sa synthèse reste suffisamment personnelle et étrange pour que l’on y voit un véritable style. Golgotha, qui raconte, en français, la passion du Christ, ne me semble en rien inférieure à la musique religieuse d’un Poulenc, et bien plus intéressante que le mysticisme d’un Pärt. L’oeuvre est bien équilibrée, avec des alternances de tension et de détente, d’utilisation massive ou plus intimiste des choeurs. Surtout, elle colle au texte avec une intelligence totale, et sait allier le pathos religieux à une réflexion plus intérieure. Certains passages sont sublimes (" Le discours du temple ", par exemple). On tient peut-être là la grande Passion du vingtième siècle, et en tout cas une pièce magnifique. Même si l’on sent bien que l’interprétation aurait pu être meilleure, le disque bénéficie de la tension des bons enregistrements live. Un disque à écouter absolument.
Stéphan Vincent-Lancrin
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