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10/19/2013
Giuseppe Verdi : Otello

Aleksandrs Antonenko (Otello), Krassimira Stoyanova (Desdemona), Carlo Guelfi (Iago), Juan Francisco Gatell (Cassio), Barbara Di Castri (Emilia), Michael Spyres (Roderigo), Eric Owens (Lodovico), Paolo Battaglia (Montano), David Govertsen (Un hérault), Chicago Symphony Chorus, Chicago Children’s Choir, Chicago Symphony Orchestra, Riccardo Muti (direction)
Enregistré en concert à l’Orchestra Hall, Symphony Center, Chicago (7, 9 et 12 avril 2011) – 136’03
Double album CSO Resound CSOR 901 1301 – Notice de présentation en français, anglais et allemand





Le septuagénaire Riccardo Muti (né en 1941) remet Otello sur le métier avec cet enregistrement de concert venu de Chicago – accompagné d’un livret de près de cent cinquante pages (offrant la traduction du texte italien en anglais et – fait de plus en plus rare pour être souligné – en français). Le chef italien semble d’ailleurs n’avoir gravé cet opéra qu’en direct – au Mai musical florentin en 1980 (Living Stage), à la Scala de Milan en 2001 (Arthaus), au Festival de Salzburg en 2008 (C Major ou Opus Arte). Son geste vif et puissant se combine intelligemment à la finesse de l’orchestre et aux accès de testostérone des chœurs – donnant à l’ensemble une couleur vif-argent qui n’est pas sans rappeler Karajan (EMI). Quelques passages semblent toutefois aussi techniquement parfaits qu’ils paraissent émotionnellement lisses. C’est qu’en dépit de la qualité remarquable de la prise de son, on sent la représentation de concert (la fin laborieuse du troisième acte – pris dans un tempo étrangement plat –, la succession presque artificielle des numéros dans le dernier acte...), montée à partir de plusieurs prises.


La distribution est dominée par l’Otello d’Aleksandrs Antonenko, qui semble en progrès constants dans sa maîtrise du rôle-titre depuis que Riccardo Muti l’a pris son aile (lire ici). Comme à Bastille, le ténor letton dompte admirablement son personnage grâce à une voix bien placée et presque légère par son lyrisme, et ce malgré une puissance indéniable de la projection. Les couleurs étonnent par leur clarté mais les aigus demeurent conquérants, dans un style soigné quoiqu’un peu larmoyant (dans le «Niun mi tema» davantage que dans un «Dio! mi potevi scagliar tutti i mali», investi comme rarement). Une option défendable – ramenant aux premiers opéras de Verdi plutôt qu’au style des dernières années –, défendue par un chanteur possédant véritablement les moyes du rôle.


Le reste de la distribution n’offre rien d’impérissable, à l’image d’un Cassio (Juan Francisco Gatell) un peu tapageur – on a connu «Miracolo vago» plus empathique – et d’une Emilia (Barbara Di Castri) étranglée. Carlo Guelfi est un Iago aigri, qui peste parfois plus qu’il ne chante – à la diction remarquable mais à la voix fatiguée, courte en graves et qui peine à se projeter (un «Credo in un Dio crudel» façon «malédiction d’Alberich», une fin du troisième acte bien compliquée, un «Questo e una ragna» qui s’essouffle...). Parce qu’elle en fait un instrument plutôt qu’un personnage – ne brisant l’armure qu’à de rares moments du quatrième acte –, la Desdemona de Krassimira Stoyanova est assez quelconque. Le spectre de la voix est trop étroit pour qu’on s’y attache durablement. L’interprétation est également «passe-partout», d’une perfection froide dans «Gia nella notte densa» comme dans «Piangea cantando». Et la beauté sublime de l’avant-dernière note de l’«Ave Maria» ne rattrape pas une approche presque apathique par son idéal formel. Le contraste n’en est que plus grand (dans le «Dio ti giocondi, o sposo...» du troisième acte) entre la neutralité du chant de Krassimira Stoyanova et le lyrisme éperdu de celui d’Aleksandrs Antonenko.


Gilles d’Heyres

 

 

 

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