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08/12/2013
Georg Friedrich Händel : Atalanta, HWV 35

Dominique Labelle (Atalanta), Susanne Rydén (Meleagro), Cécile van de Sant (Irène), Michael Slattery (Aminta), Philip Cutlip (Nicandro), Corey McKern (Mercurio)
Philharmonia Chorale, Bruce Lamott (chef de chœur), Philharmonia Baroque Orchestra, Nicholas McGegan (direction)
Enregistré en concert à la First Congregationnal Church, Berkeley (10 et 11 septembre 2005) – 143’15
Alblum de deux disques Philharmonia Baroque Orchestra PBP 04 – Notice (en anglais) de Steven Ledbetter





Opéra en trois actes, Atalanta ne fait pas partie des grands ouvrages lyriques de Georg Friedrich Händel (1685-1759). Et pour cause... Outre une intrigue assez faible (une simple amourette pour tout dire entre la princesse Atalanta et le roi Meleagro), il a été créé de façon quelque peu rapide dans le cadre des festivités célébrant en mai 1736 le mariage du prince Frédéric (1707-1751), fils aîné du roi Georges II d’Angleterre, avec la princesse Augusta de Saxe-Gotha (1719-1772). Si la partition a été achevée quelques semaines avant le mariage, les répétitions se firent en revanche dans la précipitation; le succès n’en fut pas moins réel, davantage peut-être en raison d’effets visuels impressionnants et de la présence sur scène du grand castrat Gizzielo (Gioacchino Conti), qui passait à l’époque pour le plus sérieux rival de Farinelli.


Nicholas McGegan avait déjà réalisé le premier enregistrement mondial de cet opéra chez Hungaroton à la tête de la Capella Savaria en 1985. Le voici qui récidive à la tête d’un excellent ensemble, tant vocal qu’instrumental, lors d’un concert donné en septembre 2005 et publié seulement sept ans plus tard. Comprenne qui pourra...


La partition offre à l’orchestre de très beaux moments qui, classiquement, débutent avec une Ouverture en trois mouvements, où brillent d’emblée trompettes et hautbois. Les hautbois, qui récidivent dans la finesse des couleurs lorsque, dans la conclusion du deuxième acte, ils accompagnent avec une infinie douceur Atalanta quand elle chante l’air «Se nasce un rivoletto» (scène 8). Les cordes ne sont pas en reste; ainsi, on est vraiment subjugué par cette richesse de timbres qui illustre l’air de Nicandro «Impara, ingrata, impara», avec ses vrais faux arrêts, ses passages magnifiquement travaillés du grave à l’aigu en un rien de temps (acte I, scène 5). De même, quelle trouvaille que ces échos de cordes en réponse à la très belle voix de mezzo qui chante l’air «Come alla tortorella» (acte I, scène 6): même si un tel jeu peut également s’entendre chez Vivaldi ou, déjà chez Händel, dans le premier acte de Giulio Cesare, l’osmose y est ici parfaite. L’orchestre pourrait parfois être un peu plus vigoureux, notamment dans ce «Lassa! ch’io t’ho perduta» (air superlatif chanté par Atalanta à la deuxième scène de l’acte II), mais le résultat n’en est pas moins d’excellente facture.


L’appréciation globale aurait donc pu être excellente si les voix avaient été à la hauteur. Or, celles-ci souffrent d’une faiblesse assez générale qui, malheureusement, est assez rédhibitoire face aux exigences des partitions haendéliennes.


Dans le rôle-titre, Dominique Labelle est pourtant parfaitement crédible et campe une belle Atalanta. Même si sa voix laisse parfois échapper quelques aigus, notamment dans l’air «Riportai gloriosa palma» à la scène 8 de l’acte I, qu’elle chante par ailleurs avec vivacité et une excellente justesse de caractère, ou que son intonation soit perfectible en de rares occasions (il lui arrive de chanter un peu bas dans l’air «Bench’io non sappia ancor», acte III, scène 1), elle se montre des plus convaincantes, avec des airs à marquer d’une pierre blanche comme ce «Lassa! ch’io t’ho perduta» dont on ne peut encore que regretter le manque de tension de la part de l’orchestre.


La vraie vedette de cet enregistrement, se dit-on au début du premier acte, c’est peut-être Susanne Rydén, qui tient le rôle de Meleagro: dès son premier air, «Care selve, ombre beate» (acte I, scène 1), sa voix s’affirme en effet par sa pureté, notamment dans les trilles, celle-ci se doublant d’une prononciation absolument parfaite. Or, peut-être en raison d’une certaine fatigue, certains de ses airs manquent rapidement de dynamisme («Lascia, ch’io parta solo», acte I, scène 3) et Susanne Rydén finit même par connaître quelques défaillances, principalement en termes de justesse, dans l’air «Non sarà poco» (acte I, scène 9).


Dans le rôle de Mercurio, Corey McKern est également à la peine: l’air «Sol prova contenti» (acte III, scène 7) le montre durement éprouvé, le souffle court, la technique parfois fragile, générant assez logiquement quelques décalages avec les instrumentistes. Incarnant Aminta, Michael Slattery offre également une prestation moyenne: extrêmement expressif dans l’air «S’è tuo piacer, ch’io mora» (acte I, scène 4), il s’avère en revanche beaucoup plus en difficulté au deuxième acte (l’air «Di ad Irene, tiranna, infedele»), témoignant quelques problèmes de maîtrise dans sa ligne vocale, certaines notes allant même se perdre dans l’aigu.


En revanche, Cécile van de Sant (Irène) et Philip Cutlip (Nicandro), excellente basse, ne souffrent aucun reproche. Pour s’en convaincre, il suffit d’écouter les airs «Come alla tortorella» et «Impara, ingrata, impara», deux des sommets de cet opéra.


Le public qui a assisté à cette prestation a visiblement passé une agréable soirée; en revanche, l’auditeur, même s’il prendra un évident plaisir à son écoute, n’y trouvera peut-être pas totalement son compte faute de plateau vocal à la hauteur des exigences d’une partition ô combien séduisante qui, de ce fait, attend toujours sa version discographique de référence.


Le site de Nicholas McGegan
Le site de Dominique Labelle
Le site de Susanne Rydén
Le site de Cécile van de Sant
Le site de Michael Slattery
Le site de Corey McKern
Le site du Chœur et de l’Orchestre baroque Philharmonia


Sébastien Gauthier

 

 

 

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