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03/01/1999
Pierre Boulez : Repons, Dialogue de l'ombre double
Alain Damiens (clarinette)
Ensemble Intercontemporain, Pierre Boulez (direction)
Deutsche Grammophon "20/21" 457 605-2<

A l'occasion de son centenaire, la firme au label jaune lance une ambitieuse collection consacrée à la musique d'aujourd'hui, celle qui nous fera passer du 20e au 21e siècle. Dans un travail d'édition de grande qualité, agrémenté d'intéressants textes de présentation, cinq premiers titres sont proposés : un programme Takemitsu, deux oeuvres de Kagel, l'opéra Un Tramay nommé désir d'André Prévin, l'intégrale des Sequenze de Berio et ce disque Boulez. D'autres suivront pour cette collection dont on souhaite le plus grand succès, mais après l'an 2000, la musique du 20e siècle sera devenue "classique", donc elle se vendra…

Créée en 1981 à Donaueschingen, reprise et étendue en 1984 à Turin, Répons est une oeuvre phare de Pierre Boulez et de cette fin de siècle par son ampleur (durée - 42 minutes -, effectif, raffinement de l'écriture) et par sa large utilisation de l'électronique. Puisant dans une tradition oubliée, Boulez reprend une forme datant du 13e siècle pour exprimer sa pensée musicale, le répons ("Chant exécuté par un soliste et repris en entier ou en partie par le choeur", dictionnaire Robert). Après une introduction où se déploient des solos d'instruments à vent et à cordes, suivent huit sections développant chacune une "idée" musicale (un accord pour la première, une cadence précipitée pour la troisième, une formule pianistique répétitive pour la quatrième, un rythme obsessionnel pour la huitième). Un motif musical relativement stable projeté par un instrument s'oppose à une riche ornementation (variation, écho, spectre, ...) de l'ensemble orchestral qui virevolte et scintille. Une coda finale "épuise" toute l'énergie déployée dans les sections précédentes pour s'éteindre dans le silence. Une musique sensuelle et déroutante, libre et calculée, très mobile et hiératique. Le Dialogue de l'ombre double (1985), pour clarinette solo et électronique distille, d'une façon plus épurée, les mêmes qualités de mobilité et de virtuosité. Une prise de son remarquable de présence permet à l'écoute de se concentrer sur l'essentiel, la musique.


Philippe Herlin

 

 

 

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