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07/26/2013
Piotr Ilitch Tchaïkovski : Sonate n° 2, opus 80 – Les Saisons, opus 37b

Nadav Hertzka (piano)
Enregistré au Henry Wood Hall, Londres (20 mars et 23 mai 2012) – 71’02
Skarbo DSK1125 – Notice de présentation en français et en anglais





Piotr Ilitch Tchaïkovski : Les Saisons, opus 37b – Symphonie n° 6, opus 74 «Pathétique»: «Adagio lamentoso» – Roméo et Juliette (transcriptions Naoumoff)
Emile Naoumoff (piano)
Enregistré en l’église évangélique de Saint-Marcel, Paris (novembre 2011) – 78’45
Saphir Productions LVC 1174 – Notice de présentation en français et en anglais





Piotr Ilitch Tchaïkovski : La Belle au bois dormant, opus 66: extraits (transcription Rachmaninov)
Olga Hoteeva, Andrej Hoteev (piano)
Enregistré à la Siemens-Villa, Berlin (12-14 février 2010) – 59’07
New Classical Adventure 60251 – Notice de présentation en allemand et anglais





Ces trois nouveautés reflètent une évidence: les pianistes apprécient autant le piano de Tchaïkovski que la transcription pianistique de ses œuvres pour l’orchestre.


L’éditeur Skarbo offre au jeune Nadav Hertzka (né en 1986) son premier disque. Le pianiste israélien y ose la rare Seconde Sonate (1865): une prise de son précise, un instrument magnifique (Fazioli), une belle sonorité – à mi-chemin entre résonnance et aridité, suffisamment bien construite pour éviter de lasser (dans cette partition d’une évanescence périlleuse, aisée à plomber par un geste trop brusque ou au contraire superficiel). Hertzka évite globalement de tomber dans le piège de la chute de tension, sauf peut-être dans le redoutable dernier mouvement. Malgré une certaine verdeur dans le toucher, l’impression générale est positive.


La même délicatesse caractérise son approche des Saisons (1875), qui convainquent davantage par leur finesse que par leur profondeur, voire par leur émotivité – l’ensemble pouvant être regardé non pas tant comme la description climatique de l’enchaînement calendaire que comme le parcours des saisons de l’âme et de l’existence humaines. Certains épisodes, pris trop dans un tempo trop rapide, en paraissent presque bâclés («Mars», «Juin», «Octobre»). Bref, un piano bien tenu mais encore immature.


La comparaison avec les fascinantes Saisons enregistrées par Emile Naoumoff (né en 1962) renforce cette impression. Le toucher aussi puissant que subtil de l’élève de Nadia Boulanger, creusé de contrastes spectaculaires mais jamais ostentatoires, rempli d’arrière-plans et de réminiscences, va comme un gant à cette musique de la nostalgie et de l’intime: «j’y vois des atmosphères de la Russie rurale, des scènes rustiques dans lesquelles on percevrait les échos du hautbois, de la clarinette. Ces miniatures sont narratives comme des numéros de ballets, des airs d’opéras. J’imagine des marionnettes qui entament un dialogue intime avec le compositeur. Il se regarde dans le miroir de sa Russie», écrit le soliste dans la notice. Une interprétation qui respire la douleur et l’évanescence.


Le pianiste français – qui est également compositeur – livre sa propre adaptation de deux autres partitions de Tchaïkovski. Naoumoff dit n’avoir «fait que traduire en musique ce [qu’il] a ressenti». Roméo et Juliette donne, en effet, le sentiment d’une approche fougueuse mais peut-être trop littérale, trop proche de la partition d’origine. Tout l’inverse de l’Adagio lamentoso de la Sixième Symphonie: Emile Naoumoff fait le choix de refondre la trame émotionnelle du texte orchestral... en la plaçant à la mesure des dimensions comme des spécificités du piano. La transcription fait ainsi tempêter les émotions dans les graves du clavier et dans les abîmes de la pédale. Si la fougue de l’interprétation bute par moments sur les rebords de la résonnance, elle captive indubitablement l’oreille. Une expérience à tenter.


Quant à Andrej Hoteev (né en 1946), il a réuni, à partir d’un manuscrit autographe découvert il y a une quinzaine d’années, vingt-deux (au lieu des cinq bien connues) transcriptions réalisées par un tout jeune Serge Rachmaninov (en 1889 et 1890) à partir de La Belle au bois dormant de Tchaïkovski. On avoue n’être que moyennement emballé par la réussite de cette transcription, nombre d’épisodes paraissant asséchés voire quelque peu ampoulés, étouffant dans le cadre étroit des touches d’un clavier assailli par vingt doigts... Quant à l’interprétation du pianiste, jouant avec Olga Hoteeva cette partition pour quatre mains, on déplore trop de lourdeur et de mollesse pour se convaincre que l’attelage fonctionne véritablement. Comme avec Brigitte Engerer et Boris Berezovsky – moins décevants dans la version brève de l’arrangement de Rachmaninov... mais tout aussi contraints par la partition –, on a du mal à préférer, sinon l’original à la transcription, du moins l’approche enflammée d’un Mikhaïl Pletnev (jouant seul) à cette Belle au bois dormant touffue.


Le site de Nadav Hertzka
Le site d’Emile Naoumoff


Gilles d’Heyres

 

 

 

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