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02/21/2013
André-Ernest-Modeste Grétry : Le Magnifique
Emiliano Gonzalez Toro (Octave, le Magnifique), Elizabeth Calleo (Clémentine), Marguerite Krull (Alix), Jeffrey Thompson (Aldobrandin), Karim Sulayman (Fabio), Douglas Williams (Laurence), Randall Scarlata (Horace), Opera Lafayette, Ryan Brown (direction)
Enregistré au Centre des arts Clarice Smith (Université de Maryland) (6-8 février 2011) – 80’
Naxos «Opera Classics» 8.660305 – Notice bilingue (anglais et français) de Nizam Peter Kettaneh





L’œuvre d’André-Ernest-Modeste Grétry (1741-1813) revient en force! Après des gravures relativement récentes de ses opéras Andromaque et Céphale et Procris (voir ici), voici venu le temps d’écouter Le Magnifique (1773), opéra bien moins connu que La Caravane du Caire ou Zémire et Azor. Créé le 4 mars 1773, ce drame en trois actes brefs (leur durée oscillant dans cette version discographique entre 18 et 29 minutes) a connu un certain retentissement à son époque: comme le relève Grétry lui-même, «le Magnifique n’eut pas un succès éclatant, mais ce qu’on appelle un succès d’estime; il est resté au théâtre» (Voyages, études et travaux de A.-M. Grétry, racontés par lui-même, 1889, p. 138). Sur un livret du fidèle Michel-Jean Sedaine (1719-1797), Le Magnifique raconte avant tout une histoire d’amour.


Alors que la jeune Clémentine et sa servante Alix regardent passer une colonne d’esclaves devant leur maison de Florence, Alix reconnaît son époux parmi eux, un certain Laurence, qui a été capturé et est devenu esclave ainsi que son maître, Horace, riche marchand florentin. La servante demande à sa maîtresse si celle-ci veut savoir si son père, Horace, figure également parmi les esclaves détenus et, sitôt dit sitôt fait, part se renseigner. Alix rapporte ensuite à Clémentine que ces esclaves ont été achetés par un certain Octave, «le Magnifique», et, par ailleurs, que son propre tuteur, Aldobrandin, souhaite se marier avec elle. Au hasard de quelques péripéties qui les amènent à se rencontrer, Octave avoue à Clémentine son amour mais celle-ci, qui pourtant éprouve également des sentiments à son égard, demeure silencieuse. Entre-temps, Laurence, qui a été libéré, force un certain Fabio, sbire d’Aldobrandin, à avouer à tous qu’il a, ainsi que son maître Horace, été vendu comme esclave sur les instructions d’Aldobrandin lui-même. Celui-ci nie mais finit par être immédiatement chassé tandis qu’Horace donne la main de sa fille à Octave, tous concluant l’opéra en chantant leur joie de se retrouver ainsi réunis.


L’Ouverture est certainement le plus beau passage de cet opéra, en tout état de cause le plus connu avec son motif initial illustrant la marche pesante et douloureuse des esclaves censés passer sur le fond de la scène. Son caractère brillant ne masque pas pour autant la faiblesse générale de l’ouvrage. La musique est agréable et s’écoute avec plaisir, d’autant qu’elle offre de vrais beaux moments comme cet ensemble de voix masculines dans le final de l’acte II. Les voix féminines s’en sortent globalement mieux que les voix masculines, notamment parce que leur français s’avère beaucoup plus compréhensible. Dans le rôle de Clémentine, Elizabeth Calleo est très à son aise, que ce soit en duo avec Marguerite Krull (le très bel air «C’est lui, c’est lui», acte I, scène 1) ou seule, notamment dans l’air «Ah! Que je me sens coupable» (acte III, scène 1) idéalement accompagné par un hautbois et le clavecin.


Pour ce qui est des protagonistes masculins, comme on pouvait s’en douter au regard de ses interprétations dans Lully ou Vivaldi, Emiliano Gonzalez Toro incarne un Magnifique très convaincant, doté d’une très belle voix, chaude et puissante. Karim Sulayman est peut-être la vraie révélation de cet enregistrement, dans le rôle de Fabio, le serviteur d’Aldobrandin: qu’il s’agisse de l’air «Ah c’est un superbe cheval!» (acte I, scène 6) ou du trio avec Octave et son maître à la scène suivante («Vous m’étonnez, vous badinez»), il est excellent. Les autres chanteurs sont plus falots; mais ce serait sans compter avec Jeffrey Thompson qui, on avait déjà eu l’occasion de le remarquer lorsqu’il incarnait Ninus dans Pirame et Thisbée, crie bien plus souvent qu’il ne chante. Un seul exemple: son duo avec Clémentine (acte I, scène 4) lorsqu’il chante «A dix-huit ans? J’en ai quarante»! On fuit littéralement...


C’est d’autant plus dommage que, dans la fosse, Ryan Brown conduit son orchestre avec verve et finesse, permettant ainsi notamment aux bois de s’en donner à cœur joie. Saluons donc l’excellente initiative de ces sincères amoureux de la musique française qui, après notamment Le Déserteur et Le Roi et le fermier de Monsigny, puis Sancho Pança de Philidor, apportent une nouvelle pierre à la redécouverte d’un répertoire qui n’en est visiblement qu’à ses balbutiements.


Le site d’Emiliano Gonzalez Toro
Le site d’Elizabeth Calleo
Le site de Marguerite Krull
Le site de Karim Sulayman
Le site de Douglas Williams
Le site de Randall Scarlatta
Le site de l’ensemble Opéra Lafayette


Sébastien Gauthier

 

 

 

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