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02/15/2013
Anton Bruckner : Symphonies n° 8 en do mineur (version Schalk) [1] et n° 9 en ré mineur (édition Loewe) [2]
Wiener Philharmoniker [1], Berliner Philharmoniker [2], Hans Knappertsbusch (direction)
Enregistré en public (29-30 janvier 1950 [2] et 29 octobre 1961 [1]) – 138’39
Album de deux disques Music and Arts Programs of America 017685121623





Anton Bruckner : Symphonie n° 9 en ré mineur
Berliner Philharmoniker, Sir Simon Rattle (direction)
Enregistré en public à la Philharmonie de Berlin (7 et 9 février 2012) – 82’10
EMI Classics 50999 9 52969 2 – Notice trilingue (anglais, allemand et français) de Sir Simon Rattle et Julian Horton





Difficile d’imaginer deux chefs plus opposés que Hans Knappertsbusch (1888-1965) et Sir Simon Rattle (né en 1955)! A l’austère Kapellmeister incarnant à lui seul toute une tradition de grands chefs allemands s’oppose donc l’encore jeune chef britannique, fougueux, et auquel le nom d’Anton Bruckner (1824-1896) n’est guère associé, même s’il a gravé la Quatrième avec Berlin (voir ici) et la Septième avec l’Orchestre symphonique de Birmingham. La confrontation entre les deux dans la grandiose Neuvième s’annonçait donc passionnante.


Afin de mieux s’y consacrer, arrêtons-nous auparavant un instant sur cette Huitième que Knappertsbusch enregistra en public, avec l’Orchestre philharmonique de Vienne. On connaissait déjà les deux grandes versions que Kna avait conduites à la tête, respectivement, du Philharmonique de Berlin (un concert enregistré au Titania-Palast de Berlin en janvier 1951 et qui a notamment été édité par Archipel) et du Philharmonique de Munich (en studio cette fois-ci, en janvier 1963). La présente version mérite tout à fait la comparaison car les Wiener Philharmoniker sont bel et bien présents: l’ampleur des cordes dans le troisième mouvement, le hautbois si reconnaissable dans le premier... Même si le chef commet certains excès (une lenteur franchement excessive à la fin du premier mouvement ou la coda conclusive du quatrième), c’est une version qui ne démérite pas à côté de bien d’autres de la discographie.


Pour ce qui est de la Neuvième, Knappertsbusch recourt à l’édition Loewe, beaucoup moins utilisée que les éditions Alfred Orel et, surtout, Nowak. Hormis les quelques coupures qui peuvent exister dans cette version, le premier problème tient à une prise de son qui, en dépit du nettoyage de la bande, demeure médiocre. Ensuite, on constate à plusieurs reprises certains excès, qu’il s’agisse d’une évidente précipitation dans la première partie du premier mouvement ou, au contraire, d’une excessive lenteur (à 15’40 dans le premier mouvement ou dans le Trio du deuxième). Le Scherzo manque globalement de rigueur, la fin s’avérant pour sa part totalement désordonnée. Les nuances de cette version sont également surprenantes: si les cuivres s’avèrent assez brutaux dans le premier mouvement (à 10’28 par exemple), le crescendo inaugurant le troisième mouvement (qui bénéficie par ailleurs d’un vrai souffle, quasi «parsifalien») est inédit...


A ce petit jeu, et même si l’édition est différente, Sir Simon Rattle s’en sort bien mieux, évidemment. Le Philharmonique de Berlin est superbe, la prise de son impeccable, bénéficiant il est vrai de l’acoustique idoine de la grande salle de la Philharmonie. Les tempi sont plutôt allants et les sonorités d’une très grande richesse, Rattle n’hésitant pas à jouer sur le formidable legato des cordes de Berlin ou sur la puissance impériale des cors (notamment dans le premier mouvement, à partir de 18’35). Le deuxième mouvement est très bien mené mais c’est le troisième mouvement qui est le plus impressionnant, encore une fois grâce aux cordes berlinoises, visiblement dans plusieurs grands jours (le disque reflétant en effet deux concerts).


Quant à l’intérêt de ce disque, il réside avant tout dans ce quatrième mouvement, nouvelle tentative de quelques musicologues pour achever l’œuvre testamentaire de Bruckner. On ne reviendra pas sur le principe même: faut-il achever une œuvre inachevée, surtout lorsque celle-ci se termine de façon aussi aérienne, surnaturelle presque que la Neuvième? Plusieurs tentatives ont déjà été faites et gravées au disque: signalons notamment la version Harnoncourt à la tête du Philharmonique de Vienne et, plus récemment, celle de Gerd Schaller qui a choisi le final reconstitué par William Carragan. La solution proposée ici par Nicola Samale, John A. Phillips, Benjamin-Gunnar Cohrs et Giuseppe Mazzuca consiste à partir de feuillets manuscrits originaux (soit 440 mesures) et à y ajouter ensuite des parties rédigées à partir d’esquisses originales ou d’ébauches diverses (117 mesures), le reste (96 mesures) étant dû aux quatre éditeurs eux-mêmes. L’ensemble est convaincant, les mélodies s’enchaînant assez logiquement à l’oreille, avec d’ailleurs quelques réminiscences d’autres symphonies (le hautbois fait par exemple inévitablement penser à la fin du premier mouvement de la Quatrième à partir de 7’, les cordes rappelant le dernier mouvement de la Deuxième à partir de 18’, un des thèmes du premier mouvement de la Neuvième étant même repris à 19’04). Une splendide version donc pour comparer ce quatrième mouvement aux tentatives existantes et pour tous ceux qui veulent s’essayer à une symphonie achevée, cette fois-ci...


Le site de Sir Simon Rattle
Le site de Benjamin-Gunnar Cohrs


Sébastien Gauthier

 

 

 

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