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01/13/2013
Alban Berg : Wozzeck, opus 7

Georg Nigl (Wozzeck), Mardi Byers (Marie), Maxim Paster (Hauptmann), Roman Muravitsky (Tambourmajor), Roman Shulakov (Andres), Pyotr Migunov (Doktor), Valery Gilmanov (Erster Handwerksbursch), Nikolai Kazansky (Zweiter Handwerksbursch), Leonid Vilensky (Der Narr), Xenia Vyaznikova (Margret), Chœur et Orchestre du Théâtre du Bolchoï, Teodor Currentzis (direction), Dimitri Tcherniakov (mise en scène)
Enregistré en public au Théâtre du Bolchoï, Moscou (novembre 2010) – 95’
BelAir classiques BAC068 (distribué par Harmonia mundi) – Format 1DVD9 NTSC, 16:9 – Region code: 0 – Son: PCM Stereo, 5.1 Dolby Digital – Notice de présentation en français, anglais et allemand





Le Wozzeck monté au Bolchoï en novembre 2010 par Dimitri Tcherniakov tenait de la gageure. Devant un public clairsemé (qui applaudit après le meurtre de Marie, croyant l’œuvre terminée mais brisant du coup le continuum musical) et malgré un orchestre peu familier (qui n’a «jamais rien vu d’aussi difficile» que la partition d’Alban Berg... pour reprendre les mots d’un tromboniste dans les bonus), Tcherniakov fait le pari de l’actualisation de la pièce de Georg Büchner. Après avoir revisité Eugène Onéguine, Macbeth ou encore les Dialogues des carmélites, cet enfant terrible de la mise en scène situe l’action dans une mégalopole et assume la subjectivité de sa réinterprétation: «nous parlons [...] d’une personne qui vit dans une ville. Wozzeck est l’un des nombreux habitants de cette ville. Ce n’est ni un paria, ni un soldat, ni un homme de basse extraction. C’est simplement un homme parmi tant d’autres [...]. Ils sont des millions comme lui qui mènent des vies similaires, mais cette vie exempte de trépidations et d’émotions va être bouleversée. La routine a pris le dessus. Il manque quelque chose de vrai. Il n’y aucune envolée émotionnelle, aucun frisson. Tout se déroule selon un scénario bien huilé dans un climat d’hibernation émotionnelle».


Une vision radicale mais forte et cohérente, qui s’incarne sur scène dans une immense structure (pas évidente à filmer), révélant des cases de même taille qui sont autant d’appartements dans lesquels se joue le drame de la vacuité du quotidien. Où les téléviseurs passent des programmes d’information ou de divertissement. Où le fils de Marie joue à la console électronique (... y compris près du cadavre de sa mère, assassinée dans son salon). La force de cette production se situe dans l’acuité de son analyse du monde contemporain (voir un extrait vidéo). Sa faiblesse réside dans la disparition complète de la question sociale, les conflits de classe étant gommés entre les personnages (dénaturant ainsi la pièce de Büchner). On la jugera également un peu extrême pour le public moscovite, puisqu’il s’agissait de la première production de Wozzeck au Bolchoï depuis... 1927.


En un sens, il est logique qu’une mise en scène de l’ordinaire impose une distribution vocale à la fois homogène et sans gloire vocale. On ne peut nier toutefois les qualités de Georg Nigl dans le rôle-titre, qu’il a souvent endossé et dont il livre ici une interprétation puissante voire possédée. Depuis la fosse, Teodor Currentzis fait des merveilles – incisif dans l’exposition des détails, scrupuleux dans le déchaînement de la violence. Une direction d’orchestre qui respire la passion... mais oublie de respirer à certains moments (si l’on garde à l’oreille la poésie qu’a su y insuffler un Claudio Abbado).


Gilles d’Heyres

 

 

 

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