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12/12/2012
Henry Purcell : Fantazias n° 1 à n° 3 in three parts & n° 4 à n° 12 in four parts, Z 732 à Z 743 – Fantazia upon One Note in five parts, Z 745 – In Nomine in six parts, Z 746 – In Nomine in seven parts, Z 747

Les Basses réunies: Sophie Gent, Stéphanie Paulet (violon), Bruno Cocset (alto, ténor de violon en , ténor de violon en mi, direction), Emmanuel Jacques (ténor de violon en , ténor de violon en mi), Mathurin Matharel (ténor de violon en mi, basse de violon en si bémol, basse de violon en do), Steinunn Stefansdottir (basse de violon en sol), Richard Myron (violone en sol), Bertrand Cuiller (clavecin)
Enregistré en l’église Sainte-Geneviève, Courtomer (20-24 août 2011) – 49’45
agOgique AGO007 (distribué par Harmonia mundi) – Notice en français et en anglais de Bruno Cocset





Très proche de l’esprit et de l’esthétique du quatuor à cordes, les treize Fantazias de Henry Purcell (1659-1685) écrites circa 1680 pour consort de violes à trois, quatre ou cinq parties se destinaient davantage au concert privé ou à la pratique instrumentale entre amis (on pense à Schubert ou Dvorák) qu’à un concert à la cour ou au concert public. Le consort, d’un ambitus comparable à celui du quatuor à cordes, peut aller de trois jusqu’à six, voire sept parties comme les deux In Nomine mais sans autre apport que son contrepoint. On comprend donc difficilement pourquoi Bruno Cocset et son ensemble Les Basses réunies ont pris la décision d’inclure la voix sombre d’un violone à leur consort de violons déjà plus sonore, et de l’étoffer, pour dix des quinze pièces, d’un discret continuo avec clavecin, bien que celui-ci soit cordé en boyau. Augmentées d’une partie, les textures s’en trouvent encore enrichies mais peuvent perdre quelque peu en intimité et en transparence.


Purcell à 20 ans n’oublie pas la tradition nationale qui l’a formé – contrapuntique, modalement et tonalement ambiguë, aux fausses relations et aux dissonances non résolues. Les Fantazias et les In Nomine en témoignent tout particulièrement, jusqu’à l’instrumentation. Purcell en reste aux seules violes. Or, dans la seconde moitié du XVIIe siècle, l’Angleterre connaissait le violon et peut-être le violone (contrebasse de viole) et c’est pour cette raison que, hormis ce dernier, les instruments des Basses réunies, réalisés entre 2000 et 2011 par Charles Riché, empruntent aux deux familles, aux violes comme aux violons. Leur sonorité est belle, les timbres richement colorés. On pense aussitôt au London Baroque qui, pour le même programme, écarte les violes pour un ensemble de violons, altos et violoncelles cordés de boyaux, deux altos, le cas échéant, de préférence aux deux violons d’un quatuor à cordes. Les pièces de Purcell s’y prêtent bien dans les deux cas, mais ces lectures plus opulentes n’éclipsent en rien la belle clarté aux attaques plus franches, et la fine sensibilité de la version fidèle de l’ensemble Hespèrion XX (Jordi Savall, 1994) qui reste de référence.


Si la version des Basses réunies s’éloigne de l’esprit originel, tant soit peu, elle ne manque ni d’intérêt ni d’attraits. Le programme ne suit pas l’ordre du recueil du compositeur mais s’établit de manière à varier la nature et le nombre d’instruments sans nuire à l’homogénéité des voix. Celles-ci, pleines, amples et moelleuses, apportent une chaleur certaine, plus charnue, plus extravertie, peut-être, que la douce intimité moins résonante des violes. Les musiciens, attentifs aux rythmes, à la perfection du contrepoint et à la beauté de la ligne mélodique, respectent les humeurs des différents volets qui, au cours d’une même Fantazia, peuvent aller d’une profonde mélancolie à une gaieté dansante ou d’une intensité dramatique à la finesse des sentiments. C’est un bel ensemble – remarquable en somme par rapport à son époque et à la nôtre – et c’est avec beaucoup de conviction que Les Basses réunies livrent leur exploration plus positive de ce «labyrinthe» exquis qui «révèle à l’infini des pans d’inconnu, de solitude et d’interrogation» (Bruno Cocset).


Le site des Basses réunies


Christine Labroche

 

 

 

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