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11/10/2012
«Sacred Songs»
Valentin Silvestrov : Songs for Vespers – Psalms and Prayers – Two Psalms of David – Two Spiritual Refrains – Two Spiritual Songs – Three Spiritual Songs

Chœur de chambre de Kiev, Mykola Hobdych (direction)
Enregistré en la cathédrale Saint-Michel, Kiev (2008) – 75’14
ECM New Series 476 4990 (distribué par Universal)





Arvo Pärt : Adam’s Lament – Beatus Petronius – Salve Regina – Statuit ei Dominus – Alleluja Tropus – L’Abbé Agathon – Estonian Lullaby – Christmas Lullaby
Eesti Filharmoonia Kammerkoor, Latvijas Radio Koris, Vox Clamantis, Riga Sinfonietta, Tallinna Kammerorkester, Tõnu Kaljuste (direction)
Enregistré en l’église Niguliste, Tallin (23-24 mai 2007 [Berceuses] et 21-24 novembre 2011) – 69’58
ECM New Series 476 4825 (distribué par Universal)





Bien que Valentin Silvestrov se soit peu adonné au chant choral, son parcours musical ressemble à celui de son célèbre contemporain, Arvo Pärt. Nés en 1937 et 1935 respectivement, ils ont subi la férule soviétique pour ensuite participer à celle de l’avant-garde dans les années 1960 avant de s’en émanciper et de donner libre cours à leur talent mélodique dans une tonalité retrouvée. Silvestrov déclare que sa musique est «comme un écho de ce qui existe déjà» et les recherches de Pärt l’ont amené à exploiter un riche héritage national, tonal et d’esprit minimaliste avant la lettre. ECM consacre deux de ses plus récents enregistrements aux chants sacrés de l’un et de l’autre, ceux du compositeur ukrainien écrits en 2006 ou en 2007, ceux du compositeur estonien, écrits ou révisés entre 2006 et 2011. Les deux programmes sont d’un accès immédiat quel que soit le public. C’est en même temps leur fort et leur faible.


La différence stylistique existe néanmoins. Silvestrov, pour qui, au contraire de Pärt, «le chant choral n’a jamais été une préoccupation majeure», compose dans une veine lyrique empreinte d’émotion et le chant en est volontiers plus moelleux, plus vibré que l’épuré de Pärt. Les partitions, brèves et toutes destinées à l’église, ont en commun un choix de textes liturgiques (Sept Chants pour les vêpres, par exemple) ou bibliques (les Psaumes 22, 27 et116), un certain goût pour le frottement harmonique, un jeu sur la résonance et, surtout, un effet de soufflet prolongé qui évoque le retentissement des cloches, si importantes dans la tradition orthodoxe. Silvestrov différencie un ensemble assez homogène grâce à la fréquente intervention de solistes au cours d’une même œuvre – une voix seule ou tout un pupitre mis en exergue et posé sur les vocalises des trois autres, le soin porté au nombre et au choix de registre et de timbre jouant sur les textures. Hormis le surprenant effet de cloches et un climat par définition moins douloureux, ces chants sans aspérité remettent en mémoire le Requiem pour Larissa de 1997-1999.


Pärt compose un ensemble plutôt harmonique aux tempos étirés porté par la pièce la plus importante qui prête son titre à l’album, Adam’s Lament (2009) sur un texte inspiré de Saint Silouan. Le sachant voué au chant choral depuis 1982, l’auditeur n’a guère d’espoir de renouveau mais le programme, moins homogène, moins «planant» qu’à l’ordinaire, peut surprendre par ses houles sonores qui atteignent par moments une intensité dynamique d’une puissance saisissante. Pärt varie les effets maintenant si familiers en variant les effectifs. Depuis 1996 souvent a cappella, le chœur est ici partout accompagné d’un orchestre à cordes agrémenté, selon les partitions, de bois ou des sons cristallins du célesta ou du carillon tubulaire. De 1990, révisés en 2011, les deux brefs chants Beatus Petronius et le surprenant Statuit ei Dominus sont écrits pour deux chœurs, huit bois et orchestre à cordes, et L’Abbé Agathon (2004/2008), la deuxième œuvre importante du programme, pour soprano, baryton, chœur de femmes et orchestre à cordes, les parties des deux solistes exceptionnellement caractérisées dans les rôles du lépreux et du saint. Le programme se termine sur deux petites compositions pour chœur de femmes et orchestre à cordes, deux petites berceuses charmantes mais peu conséquentes, qui pourraient s’offrir en bis.


L’excellence de l’interprétation est un atout indéniable. Aucun mélomane ne peut rester insensible à l’éthéré des voix sublimes du Chœur de chambre philharmonique d’Estonie, augmenté au besoin des voix du Chœur de la Radio lettone ou de l’ensemble Vox Clamantis. Tõnu Kaljuste dirige avec sa rigueur et sa musicalité habituelles, permettant aux voix de dominer l’orchestre sans diminuer l’efficacité de celui-ci. Le style affirmé de sa direction l’emporte sur une distinction possible entre le Riga Sinfonietta de l’Orchestre de chambre de Tallinn. Si l’Estonie est à l’honneur pour Pärt, pour Silvestrov c’est l’Ukraine. On peut penser que c’est l’empreinte vocale de la langue slave qui produit le riche timbre si particulier du Chœur de chambre de Kiev mais peut-être est-ce par la volonté de Mykola Hobdych qui en assure la direction. Bien que les voix des deux programmes soient de qualité si différente, elles sont de part et d’autre amplifiées par une image sonore qui restitue l’espace des lieux sans excès de réverbération grâce à une acoustique favorable. On peut y prendre un plaisir hédoniste.


Christine Labroche

 

 

 

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