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09/29/2012
«Les Sirènes»
Thomas-Louis Bourgeois: Cantates françoises, Livre 1: «Les Sirènes», «Borée» et «Hippomène» – Cantates françoises, Livre 2: «Zéphire et Flore» et «Psiché»

Carolyn Sampson (soprano), Le Concert Lorrain: Alexis Kossenko (flûte, piccolo), Amélie Michel (flûte, piccolo), Zefira Valova (violon), Stephan Schultz (violoncelle), Stefan Maass (théorbe, guitare baroque), Anne-Catherine Bucher (clavecin, direction)
Enregistré en l’église Saint-Pierre-aux-Nonnains, Metz (28-30 novembre 2011) – 72’41
Carus CR83.374 (distribué par Naxos)





Carolyn Sampson s’aventure à l’occasion dans la musique du XXe siècle mais son domaine de prédilection reste le baroque et c’est vers un compositeur méconnu de ce répertoire qu’elle se tourne pour son récital le plus récent. Thomas-Louis Bourgeois, né en 1676 dans le Hainaut et mort en 1750 ou 1751 à Paris, composa plus de quarante cantates de chambre à la française entre 1708 et 1744, tout en menant de front une brillante carrière de haute-contre, de maître de chapelle, de maître de musique et de directeur de théâtres, tel La Monnaie à Bruxelles. Comme Isabelle Desrochers, Thibaut Lenaerts et l’Ensemble Ausonia en 2004, la soprano anglaise, Anne-Catherine Bucher et Stephan Schultz, directeurs artistiques du Concert Lorrain, puisent à la source des deux premiers livres de cantates, publiés en 1708 et 1715. Les cinq cantates élues, inédites au disque, chantent, en 1708, les exploits de Borée, d’Hippomène, et de sirènes observant à distance «la flotte d’Ulisse charmée» et, en 1715, ceux de Psyché, Zéphyr et Flore. Le compositeur était alors soliste à l’Opéra de Paris, auquel il destina deux opéras-ballets de sa plume, fort bien reçus grâce à son talent de dramatisation musicale si efficace dans des cantates.


Actuellement éclipsées par celles de ses contemporains, Clérambault, Campra et le jeune Rameau, peut-être plus développées au niveau de l’accompagnement instrumental, les Cantates françoises de Bourgeois gardent un même style légèrement italianisant et une forme alternant récitatifs et airs non dénués d’élégance et d’adresse, aimables comme il se doit. Pour un petit effectif de quatre à six instrumentistes, l’accompagnement des cinq cantates reste relativement discret, illustrant par les tempos, les ornements et les choix de timbres les différentes humeurs des textes. Le Concert Lorrain les exécute avec toute la gaieté, la grâce et la tendresse recommandées à maintes reprises par le compositeur, sachant se faire plus vif pour souligner les tourments amoureux, plus roboratif pour les orages de Borée, brièvement plus grave pour un sentiment d’abandon ou tout à fait dramatique à la limite d’une surcharge lors des affres d’une Psyché malheureuse. Descriptif sans ambages mais néanmoins charmant vient le gazouillis des flûtes et des piccolos dans l’air «Gracieusement Philomelle revient» de Zéphire et Flore. L’option prise d’une suppression totale de vibrato ne rend pas moins chaleureuse la prestation du Concert Lorrain, fidèle à la partition et colorée à bon escient.


Thomas-Louis Bourgeois donne en tous points la priorité aux textes et la partition en souligne le sens de manière presque mélodique lors des beaux récitatifs alors que les airs, joliment ornés, restent moins mélodiques que leurs équivalents italiens. La carrière internationale de Carolyn Sampson, formée à l’opéra baroque et longtemps à bonne école en tant que soliste du Collegium Vocale de Gand, ne peut que faire d’elle une interprète idéale de ces cantates dramatisées. Sa voix claire, souple et expressive, sa sensibilité et son talent interprétatif mettent en valeur le langage poétique d’un autre temps et les discrètes émotions de ces textes restés anonymes. Au contraire des instrumentistes, elle ne combat pas le vibrato naturel de sa voix, vibrato serré mais permanent assez rare lors d’une voix aussi lumineuse et aérienne. Le contraste pourrait aller à l’encontre d’une intégrité stylistique mais semble au contraire ajouter un relief bienheureux et une note d’intimité et d’authenticité humaine à un ensemble destiné par définition à rester assez extérieur malgré son charme indéniable.


Le site du Concert Lorrain


Christine Labroche

 

 

 

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