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06/02/2012
Richard Wagner : Wesendonck-Lieder (^) – Extraits de «Die Walküre» (^) (*), «Götterdämmerung» (//), «Lohengrin» (^) et «Parsifal» (^)
Gustav Mahler : Kindertotenlieder (~) – Lieder eines fahrenden Gesellen (~)
Edvard Grieg : Haugtussa, opus 67 (#) – Dix-huit Mélodies, opus 5 n° 3 (#), opus 18 n° 4 (=) et n° 7 (#), opus 21 n° 1 (#) et n° 3 (#) (=), opus 25 n° 4 (#), opus 26 n° 3 et n° 4 (#), opus 39 n° 1 (#), n° 3 (#) et n° 4 (#), opus 48 n° 6 (#), opus 59 n° 3 (=) et n° 4 (=), opus 60 n° 1 (#) et n° 5 (=), opus 69 n° 1 (#) et opus 70 n° 1 (#)
Jean Sibelius : Quatorze Mélodies, opus 3, opus 13 n° 4, opus 17 n° 1 et n° 6, opus 36 n° 1, n° 2, n° 4 et n° 6, opus 37 n° 1, n° 4 et n° 5, opus 38 n° 1 et n° 2 et opus 60 n° 1 (=)
Lieder et mélodies divers de Franz Schubert, Johannes Brahms, Robert Schumann, Richard Strauss, Hugo Wolf, Arne Eggen, Eyvind Alnaes, Harald Lie, Christian Sinding (#), Felix Mendelssohn, Franz Xavier Gruber, Charles Gounod, Hubert Parry, Dmitri Bortniansky, John Francis Wade, Samuel Liddle, Johann Sebastian Bach et George Frideric Händel (§)
Trente-cinq Hymnes norvégiens (°)

Kirsten Flagstad (soprano), Set Svanholm (*) (ténor), Edwin McArthur (#) (piano), Sigvart Fotland (°) (orgue), Wiener Philharmoniker, Hans Knappertsbusch (^), Adrian Boult (~), Georg Solti (*) (direction), Oslo Filharmoniske Orkester, Kringkastingsorkestret, Øivin Fjeldstad (//) (direction), London Symphony Orchestra, Øivin Fjeldstad (=) (direction), London Philharmonic Orchestra, Adrian Boult (§) (direction)
Enregistré dans divers lieux (entre le 10 janvier 1956 et le 8 janvier 1959) – Environ 10 heures et demie
Coffret de dix disques Decca 4783930 (distribué par Universal) – Notice de présentation en français, anglais et allemand





A l’occasion du cinquantenaire de la disparition de Kirsten Flagstad (1895-1962), Decca réédite les récitals tardifs gravés pour la firme londonienne (entre janvier 1956 et janvier 1959) par la soprano norvégienne et qui documentent un moment singulier de sa carrière – contemporain du début de l’aventure du Ring de Solti (Flagstad y chante Fricka dans L’Or du Rhin de 1958). A moins de quatre euros le CD, cette réédition très soignée constitue évidemment une aubaine.


Certes, la sexagénaire n’est alors plus capable de se produire sur scène dans les Tristan et les Ring qu’elle offrait avant-guerre. Les extraits de Wagner ne sont pas, du coup, les moments les plus intéressants du coffret – la lenteur de la battue de Knappertsbusch permettant toutefois à la soprano de magnifier les syllabes de Sieglinde (qu’elle chanta dès 1934 à Bayreuth), Elsa (son premier rôle wagnérien, en 1929) et Kundry – et exposent par moments une usure dans la voix (... ainsi que dans celle de Set Svanholm, à qui Flagstad annonce la mort de Siegmund au deuxième acte de La Walkyrie – avec Solti en mai 1957). Mais il va sans dire que le tout reste infiniment supérieur à ce que l’on entend le plus fréquemment sur les scènes wagnériennes actuelles... Et que dire de la longévité de cette technique au vibrato étonnamment modéré – même à pleine puissance! Ce qui nous vaut une palpitante «immolation de Brünnhilde» à la Radio norvégienne – où il est difficile de ne pas frissonner au son du «Ruhe! Ruhe, du Gott!» de la scène finale du Crépuscule des dieux. Dans la notice, George Hall évoque à juste titre l’«été indien de la cantatrice».


Le coffret trouve tout son prix dans l’intimité du lied. En effet, Kirsten Flagstad laisse en héritage la noblesse de sa prosodie et un art du chant qui font de ses enregistrements d’incontournables points cardinaux pour les chanteurs et les mélomanes d’aujourd’hui. Admirables par la clarté de l’élocution, les célèbres Wesendonck-Lieder viennois de mai 1956 (avec Knappertsbusch) sentent pourtant leur âge (la voix est parfois un peu étranglée... et l’aigu trop perçant) – mais l’on s’attache immanquablement au parfum désuet de leur atmosphère crépusculaire et sereine. Les lieder de Mahler viennent – à presque soixante-deux ans (en mai 1957) – un peu tard, obligeant Adrian Boult à avancer à pas feutrés pour s’adapter aux fragilités de la voix (près de vingt-huit minutes pour les Kindertotenlieder).


Les lieder nordiques n’appellent, en revanche, que des éloges. Ceux de Grieg – soutenus par le piano du fidèle Edwin McArthur – respirent les arômes vénéneux (Haugtussa) ou envoûtants («Jeg elsker Dig»), la beauté extatique («Eros») et ténébreuse («Det første møte»). Ceux de Sibelius – avec le somptueux Symphonique de Londres (dirigé par Øivin Fjeldstad) – font forte impression, nous plongeant dans le vertige («Höstkväll» bercé dans l’immensité du monde, «Den första kyssen» baigné d’effluves wagnériennes) et l’extase insensée («På verandan vid havet»). Plus qu’une voix: une torche vive!


Moins essentielle, la sélection de lieder germaniques – douze de Brahms, neuf de Schumann, huit de Wolf, six de Strauss et cinq de Schubert – recèle quelques moments touchants («Meine Rose», «In der Fremde» de Schumann), vibrants («Morgenstimmung» de Wolf) ou recueillis («Alte Liebe», «Wir wandelten», «Dein blaues Auge» de Brahms). Si le timbre est moins conquérant que par le passé, la voix est maîtrisée et resplendit de musicalité et de justesse – y compris dans la flamme du «Zur Ruh, zur Ruh!» de Wolf ou du «Befreit» de Strauss – dont Flagstad assura, rappelons-le, la création mondiale des Quatre derniers Lieder en 1950.


Deux disques réunissent diverses «Sacred Songs» gravées au Kingsway Hall de Londres avec Boult (... pas toutes très substantielles) – comportant quelques Bach et Händel convaincus et solennels. Egalement réunies sur deux disques, les (deux heures d’) «hymnes norvégiens» – accompagnés à l’orgue par Sigvart Fotland – pourront paraître plus anecdotiques. Ils sont pourtant plus idiomatiques et authentiques – comme un écho à la dernière tournée (en 1957) de la carrière publique de la soprano norvégienne, qui parcourut les églises de Norvège pour chanter ces hymnes, avant que la maladie ne la rattrape et que Kirsten Flagstad ne s’éteigne à Oslo, le 7 décembre 1962.


Gilles d’Heyres

 

 

 

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