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03/14/2012
«Il Vespro per la Festività dell’Assunta»
Nicola Porpora : Laudate pueri Dominum – Salve Regina – Laetatus sum – Lauda Jerusalem

Marília Vargas, Michiko Takahashi (sopranos), Delphine Galou (alto), La Maîtrise de Bretagne, Jean-Michel Noël (chef de chœur), Le Parlement de Musique, Martin Gester (direction)
Enregistré en public en l’église abbatiale d’Ambronay (16 septembre 2011) – 64’04
Ambronay AMY030 (distribué par Harmonia mundi) – Notice trilingue (français, anglais et allemand) de Kurt Markström et Martin Gester





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Pauvre Porpora... Qu’il a du être difficile en effet, pour Nicola Antonio Porpora (1686-1768), de devoir travailler à Venise alors que la Sérénissime était alors dominée par la figure écrasante d’Antonio Vivaldi (1678-1741) et d’avoir composé des opéras à Londres alors que l’autre grand tenant du genre s’appelait Georg Friedrich Händel (1685-1759)! Qu’il a dû être également difficile d’avoir enseigné aux chanteurs Carlo Broschi et Gaetano Majorana (plus connus sous les noms respectifs de Farinelli et de Caffarelli) et au jeune Joseph Haydn, le nom du maître se trouvant ainsi durablement éclipsé par ceux de ses élèves! Pourtant, au XVIIIe siècle, Porpora passait encore pour «un de ces grands hommes qui ont illustré l’art, [et qui] s’est fait admirer dans tous les genres. L’Eglise, la Chambre, les Théâtres ont également des chefs-d’œuvre de sa composition. Les Papes ont quelquefois fait des présents à des Princes souverains d’un morceau original de la musique de Porpora ou de Léo.» (Jean-Benjamin de La Borde, Essai sur la musique ancienne et moderne, 1780, tome 3, page 224).


Aujourd’hui, on a pourtant bien oublié ses œuvres, dominées par l’opéra, son premier essai en la matière datant de 1708. L’œuvre religieuse de Porpora a néanmoins offert l’opportunité de voir paraître quelques rares disques, histoire de combler un étonnant vide musicologique. Ainsi, récemment, ce fut le cas de l’ensemble Les Passions, dirigé par le flûtiste Jean-Marc Andrieu, qui a ainsi enregistré le Laetatus sum, le Nisi Dominus et le De profundis avec notamment les contributions vocales d’Isabelle Poulenard et de Guillemette Laurens. Malheureusement, en raison notamment d’une exécrable prise de son, ce disque ne pouvait réellement tenir lieu de réhabilitation... Est-ce le cas en l’espèce? Incontestablement, la prise de son est ici de tout premier ordre, bénéficiant de l’acoustique exceptionnelle de l’église abbatiale d’Ambronay à la réverbération faible mais néanmoins présente.


Côté solistes, le résultat est plus mitigé dans ces quatre pièces que Porpora a composées vers 1744, époque à laquelle il était directeur de l’Ospedaletto de Venise (qu’il dirigea de 1743 à 1747) et où il ne composait que pour des voix féminines, tant chez les solistes que chez les chœurs. Alors que Delphine Galou a pourtant depuis longtemps fait montre de ses qualités dans ce type de répertoire, on la retrouve bien en difficulté dans le Salve Regina: une voix blafarde, un souffle court, l’absence de véritable présence ne cessent d’étonner même si, dans cette même œuvre, elle se rattrape dans le passage «Ad te suspiramus», déclamant avec un ton plaintif la prière faite à la Vierge Marie. Son chant revêt également quelques couleurs agréables dans le «O clemens» conclusif, même si celui-ci reste parfois voilé. En revanche, elle est tout à fait dans son élément avec Marília Vargas dans le magnifique duo «A solis ortu» du Laudate pueri Dominum. Généralement en accord avec les œuvres au programme de ce disque, Marília Vargas se trouve également parfois en peine, devant par exemple pousser un peu ses aigus dans le «Gloria» du Laetatus sum, sa prononciation y étant d’ailleurs perfectible. Même si la soprano Michiko Takahashi intervient moins que ses deux consœurs, celle-ci révèle une voix plutôt chaleureuse et agréable à écouter, notamment dans le très beau Lauda Jerusalem.


Côté orchestre, on appréciera les interventions solistes (notamment le très beau violoncelle de Patrick Langot dans le «Qui habitare» du Laudate pueri Dominum) et le climat général, parfois extrêmement proche de Vivaldi (les cordes dans l’introduction du Laudate pueri Dominum). Regrettons néanmoins la direction généralement trop sage de Martin Gester qui, si elle était plus vivante, ferait davantage honneur aux partitions: c’est flagrant dans le «Fiat pax» du Laetatus sum.


Mais, ce qui emporte totalement et sans réserve notre conviction à l’égard de ce disque, ce sont les chœurs. La Maîtrise de Bretagne (divisée ici en deux chœurs de trois sopranos et trois altos chacun), admirablement préparée par Jean-Michel Noël, est exceptionnelle dans la simplicité du chant, dans l’évidence du discours déclamé... Que ce soit dans le «Gloria» du Laudate pueri Dominum, dans la première partie du Laetatus sum ou dans le «Sicut erat» (toujours au sein du Laetatus sum), les voix plongent l’auditeur dans une atmosphère quasi surnaturelle, bénéficiant d’une excellente diction et distillant une clarté on ne peut plus séduisante. Pour ces douze chanteuses, et surtout pour elles, ce disque s’impose.


Le site de Martin Gester
Le site du Parlement de musique
Le site de la Maîtrise de Bretagne
Le site de Marília Vargas


Sébastien Gauthier

 

 

 

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