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02/01/2012
Andrzej Panufnik : Symphonies n° 2 «Sinfonia elegiaca», n° 3 «Sinfonia sacra» et n° 10

Konzerthausorchester Berlin, Lukasz Borowicz (direction)
Lieu d’enregistrement non précisé (7-9 avril [Sinfonia sacra, Sinfonia elegiaca], 25-26 octobre [Symphonie n° 10] 2010) – 61’39
cpo 777 683-2





Né un an après Lutoslawski, Andrzej Panufnik (1914-1991) forma avec son aîné un duo de piano qui jouait dans les cafés varsoviens pendant la Seconde Guerre mondiale. Accusé de «formalisme» et réduit à des travaux alimentaires, il choisit l’exil en 1954 et s’installa en Angleterre, où il avait déjà vécu à la fin des années 1930.Chef principal de l’Orchestre symphonique de la ville de Birmingham en 1957, il démissionna deux ans plus tard afin de se consacrer pleinement à son œuvre. Réhabilité dans son pays natal à compter de 1977, il demeura cependant à Twickenham jusqu’à sa mort, qui survint quelques mois après son anoblissement.


Bien que dirigée et enregistrée en son temps par Stokowski, Schmidt-Isserstedt, Horenstein, Solti et Ozawa, sa musique est aujourd’hui presque entièrement tombée dans l’oubli: profil idéal pour cpo, toujours en mal de réhabilitations (souvent bienvenues). Généralement exemplaire quant à la qualité de ses notices, l’éditeur allemand, une fois n’est pas coutume, est ici pris en défaut: très complet, le texte proprement dit de Christoph Schlüren (en allemand, anglais, français et polonais) n’est pas en cause, mais la traduction française, entachée de multiples coquilles, n’a visiblement pas été relue.


Le catalogue de Panufnik comprend des concertos, de la musique de chambre (dont trois quatuors) et des pages vocales, mais les œuvres orchestrales y tiennent une place centrale, à commencer, bien entendu, par les dix Symphonies (deux partitions de jeunesse ayant en outre été perdues ou détruites). Comme toujours, cpo vient combler une discographie devenue lacunaire, car pourra déjà s’estimer heureux celui qui aura pu mettre la main sur la Deuxième par Whitney (First Edition), les Troisième et Dixième par Kord, les Cinquième et Sixième par Atherton (Explore), la Cinquième par Botstein (ASO) ou par Storgårds (Ondine), la Huitième par Ozawa (Hyperion) et la Dixième par Schwarz (JVC), ou sur les quelques-unes existant sous la baguette du compositeur lui-même (Troisième chez Nonesuch ou chez Unicorn, Huitième chez IMP, Neuvième chez RCA).


Panufnik ne se place ni dans la descendance de Szymanowski, que ce soit l’orchestrateur scintillant ou le héros de la musique nationale, ni dans le sillage de son contemporain Lutoslawski. L’inspiration n’est pas aussi fulgurante, mais le métier est sûr, la sincérité indéniable et l’expression ne s’encombre pas de complications inutiles. C’est ce que confirme ce quatrième volume, confié, comme les trois premiers, au Polonais Lukasz Borowicz (né en 1977), premier chef invité du Philharmonique de Poznan, mais, en lieu et place de l’Orchestre symphonique de la Radio polonaise, à l’une des moins connues des formations de la galaxie berlinoise, le Konzerthaus, où Iván Fischer vient de prendre la succession de Lothar Zagrosek.


Sous-titré «Sacra», il s’ouvre sur la Deuxième Symphonie (1957/1966): provenant pour partie d’une «symphonie de paix» conçue pour amadouer les autorités polonaises, elle devint finalement, en exil, une «Sinfonia elegiaca» et fut créée par Stokowski. Le propos des trois mouvements rappelle celui de la Troisième Symphonie «Liturgique» de Honegger: tristesse (un beau Molto andante, mélodique et expressif), protestation (Molto allegro évoquant les horreurs de la guerre) et lamentation (Molto andante). Intitulée «Sinfonia sacra», la Troisième (1963), «contribution aux cérémonies du millénaire de la christianisation et de l’indépendance politique de la Pologne», peut-être la plus célèbre, du moins la mieux servie au disque, adopte une structure originale en quatre parties enchaînées et de dimension très inégale: trois «Visions» – courte fanfare pour quatre trompettes puis très brève interventions des cordes conduisant à la troisième «Vision», plus développée, percussive et heurtée – et un «Hymne» plus long que les trois parties précédentes, de couleur mahlérienne mais s’acheminant vers une péroraison triomphale, avec retour des fanfares initiales. Elle aussi d’un seul tenant et subdivisée en quatre sections, l’ultime et laconique Dixième (1988/1990), créée par Solti, se révèle plus âpre et angoissée, jusqu’à l’Adagio conclusif, une prière, selon le compositeur, mi statique, mi extatique, entre Gorecki et Messiaen.


Simon Corley

 

 

 

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