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03/01/2000
Johann Sebastian Bach : Sonatas & Partitas BWV 1001-1006 (versions pour luth)
Hopkinson Smith, luth baroque 13 choeurs Joël van Lennep 2 cd Astrée Naïve E8678.

Grand voyageur explorateur, Hopkinson Smith s’est déjà fait l’intime de Milan, Mudarra, Rippe, Gaultier, Mouton, Dufaut, Gallot, Visée, Sanz, Guerau, Weiss, et bien d’autres encore. Chaque enregistrement du luthiste est ciselé et parfaitement exécuté à la manière d’une miniature médiévale. Microcosme musical, ce volume met en valeur la clarté de jeu et la grande poésie que l’on connaît de ce pionnier. Hopkinson Smith avait déjà enregistré en un coffret d’Astrée l’intégrale des oeuvres pour luth de Bach. Il revient au Cantor avec des adaptations des sonates et partitas pour violon seul qu’il a écrites sur le modèle de celle effectuée par le compositeur lui-même pour la partita BWV 1006.*
La technique est remarquable de bout en bout – puisqu’on ne l’entend jamais comme telle. Les ornements sont parfaitement exécutés ; la phrase, le luth même respirent. Certains trouverons Smith peut-être trop intérieur, plus tourné vers la spiritualité que vers la chair du sentiment. Toutefois, la musicalité est toujours là et ils n’auront qu’à écouter les mouvements rapides où la fougue de l’interprète se dévoile. Il n’en oublie pour autant pas la délicatesse du toucher et ne perd jamais le fil du discours, même dans les plus denses forêts harmoniques. Par la finesse et la diversité de ses attaques, ce sont plusieurs instruments qu’Hopkinson Smith parvient à extraire de son luth, comme dans la chaconne de la deuxième partita.
Vous cherchez du ronflant, de la vitesse, du grandiose, de l’écrasant, du clonage moderne ? Allez voir ailleurs. Vous aimez le raffinement – on peut se rappeler qu’un médecin du XVIIe siècle, Jacques Ferrand, déconseillait justement aux mélancoliques d’écouter du luth pour ne pas aggraver leur mal – vous aimez la délectation, l’élégance du style ? Ce disque est déjà le vôtre.
* (dans une notice convaincante Hopkinson Smith détaille les thèses qui permettent une telle adaptation)

Frédéric Gabriel

 

 

 

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