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01/18/2012
«Bach»
Johann Sebastian Bach : Cantate «Widerstehe doch der Sünde », BWV 54: «Widerstehe doch der Sünde» – Cantate «Gott ist unsere Zuversicht», BWV 197: «Schläfert allen Sorgenkummer» – Cantate «Was Gott tut, das ist wohlgetan», BWV 99: «Wenn des Kreuzes Bitterkeiten» (*) – Passion selon Saint Matthieu, BWV 244: «Erbarme dich mein Gott» – Cantate «Freue dich, erlöste Schar», BWV 30: «Kommt, ihr angefocht’nen Sünder» – Cantate «Geist und Seele wird verwirret», BWV 35: Sinfonia – Cantate «Wer mich liebet, der wird mein Wort halten», BWV 74: «Nichts kann mich erretten» – Messe en si mineur, BWV 232: «Agnus Dei» – Magnificat, BWV 243: «Et misericordia» (&) – Cantate «O Ewigkeit, du Donnerwort», BWV 60: « O Ewigkeit, du Donnerwort » (&) – Cantate «Sei Lob und Ehr dem höchsten Gut», BWV 117: «Sei Lob und Ehr dem höchsten Gut» (* + #)

Anne Sofie von Otter (mezzo), Karin Roman (*) (soprano), Anders J. Dahlin (&), Tomas Medici (+) (ténors), Jakob Bloch Jespersen (#) (basse), Concerto Copenhagen, Lars Ulrik Mortensen (orgue et direction)
Enregistré en la Garnisonkirken, Copenhague (juin 2008) – 57’04
Archiv Produktion 477 7467 (distribué par Universal) – Notice et traduction des textes chantés trilingues (anglais, allemand et français) de Kenneth Chalmers





«Ombre de mon amant. Airs et scènes baroques français»
Marc-Antoine Charpentier : Médée, H. 491: Ouverture, air «Princesse, c’est sur vous», scènes 3 à 7 de l’acte III – Prélude et chansonnette «Auprès du feu l’on fait l’amour», H. 446 – Concert à quatre parties de violes: «Gigue angloise» et «Gigue françoise» – Chanson à danser «Celle qui fait mon tourment», H. 450
Michel Lambert : Airs «Ma bergère est tendre et fidèle», «Ombre de mon amant» et «Vos mépris chaque jour»
Jean-Philippe Rameau : Hippolyte et Aricie: prélude et air «Cruelle mère des amours» et air «Quelle plainte en ces lieux m’appelle» – Les Fêtes d’Hébé ou les Talens lyriques: air gracieux pour Zéphire et les Grâces (Prologue, scène 5), ariette «Vole Zéphire!» (Prologue, scène 4), Tambourins 1 et 2 (Première entrée, scène 8), Air tendre, Pour le Génie de Mars, La Victoire, Chaconne (Seconde entrée, scène 5)

Anne Sofie von Otter (mezzo), Les Arts florissants, William Christie (direction)
Enregistré en l’église Notre-Dame du Liban, Paris (septembre 2008) – 65’04
Archiv Produktion 477 8610 (distribué par Universal) – Notice et traduction des textes chantés trilingues (anglais, allemand et français) de Kenneth Chalmers





Anne Sofie von Otter a exploré tous les répertoires possibles et imaginables: de ses chères mélodies nordiques, répertoire constamment enrichi et défendu, à l’œuvre de Händel en passant par Berlioz ou Wagner, la mezzo-soprano suédoise ayant ainsi tenu le rôle de Waltraute dans Le Crépuscule des Dieux donné à Aix-en-Provence voilà maintenant un peu plus de deux ans. Il était normal qu’elle aborde un jour tant le répertoire baroque français que la musique de Johann Sebastian Bach (1685-1750), dont elle a déjà enregistré quelques cantates (notamment sous la baguette du chef danois Lars Ulrik Mortensen) ainsi que la partie d’alto de la Messe en si mineur, que ce soit sous la direction de Claudio Abbado ou de Helmuth Rilling.


Le premier extrait, issu de la Cantate «Widerstehe doch der Sünde», ne donne pourtant pas une très bonne impression; en effet, paradoxalement peut-être, la parfaite diction de Anne Sofie von Otter dessert le discours musical, les mots étant parfois plus hachés voire heurtés que véritablement chantés. Cette entrée en matière, pour le moins déconcertante, se métamorphose heureusement dès le deuxième extrait, issu de la Cantate «Gott ist unsere Zuversicht». Accompagnée avec beaucoup de grâce par Patrick Beaugiraud au hautbois d’amour, elle enchante par la souplesse de sa ligne vocale et la profondeur du sens donné à chaque mot; il en va évidemment de même de ses incursions dans les grandes fresques que sont l’air «Erbarme dich mein Gott» tiré de la Passion selon Saint Mathieu (cette fois-ci, le dialogue est admirablement tissé avec le violon solo tout en retenue de Fredrik From), ou le célèbre «Agnus Dei» de la Messe en si mineur, dépouillé à l’extrême, faisant ainsi d’autant plus ressortir l’humilité du croyant face au Seigneur.


Anne Sofie von Otter est excellente quand elle chante seule; elle n’est pas moins convaincante lorsqu’elle est accompagnée par l’un des quatre autres solistes vocaux de ce disque. L’extrait le plus enjôleur à ce titre est peut-être le duo «Et misericordia» extrait du Magnificat, le duo «O Ewigkeit, du Donnerwort» (issu de la cantate éponyme) s’avérant moins convaincant que d’autres versions discographiques à commencer par la splendide alliance des voix de Robin Tyson et James Gilchrist chez Gardiner (dans leur version publiée chez Soli Deo Gloria). On signalera également le très beau duo «Wenn des Kreuzes Bitterkeiten» (extrait de la Cantate «Was Gott tut, das ist wohlgetan») où, là aussi, le mariage entre les voix de Anne Sofie von Otter et de la soprano suédoise Karin Roman est idéal.


Traversons ensuite la frontière pour nous rendre en France avec cet autre disque de musique baroque, consacré donc cette fois-ci à la seule musique française. Epaulée par Les Arts florissants dirigés par William Christie, Anne Sofie von Otter explore ici de nouvelles contrées même si on a notamment pu l’entendre dans certains opéras de Jean-Philippe Rameau sous la baguette de Marc Minkowski. Une partie importante de ce disque est consacrée à plusieurs extraits de Médée (1693) de Marc-Antoine Charpentier (1634-1704), tragédie en musique qui marquait la volonté de s’extraire des modèles en vogue imposés par Lully et qui n’a finalement connu qu’un succès d’estime, l’œuvre n’ayant été représentée que huit fois après sa création. L’air de l’héroïne éponyme «Quel prix de mon amour» est superbe, hésitant entre le regret des actions passées et la déploration face aux abîmes à venir, de même que le très vif «C’en est fait, on m’y force». Autre grand compositeur à l’honneur, Jean-Philippe Rameau (1683-1764), dont sont présentés plusieurs extraits d’Hippolyte et Aricie (1733), première tragédie lyrique du grand compositeur, et de l’opéra Les Fêtes d’Hébé ou les Talens lyriques (1733). Là encore, Anne Sofie von Otter excelle dans la déploration (l’air «Cruelle mère des amours») ou dans l’agilité vocale, qui se joue des difficultés mais qui sait également jouer avec les mots et les atmosphères souhaitées par la pièce (l’air «Vole Zéphire!»).


Même si Anne Sofie von Otter est donc tout à son aise dans ce répertoire, avouons que le véritable triomphateur de ce disque est bien, comme le montre d’ailleurs ce dernier air, William Christie qui, une fois de plus, emmène ses Arts florissants sur des sommets. Dès l’Ouverture de Médée, le geste du chef américain (désormais naturalisé français) nous emporte, empreint de naturel, de spontanéité, de vivacité et de sérénité, là aussi quand cela s’avère nécessaire. Ecoutez les bassons (et le tambourin) dans le très justement nommé «Tambourins I et II» (Première entrée des Fêtes d’Hébé) ou la délicatesse des cordes dans la «Chaconne» de la Deuxième entrée.


Au-delà de ces extraits, voici donc deux disques qui nous permettent une fois encore de louer les talents des artistes entendus ici et, pour le second d’entre eux, d’inciter tout un chacun à davantage explorer le répertoire baroque français, décidément riche et encore trop méconnu.


Le site d’Anne Sofie von Otter
Le site de Concerto Copenhagen
Le site des Arts florissants


Sébastien Gauthier

 

 

 

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