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01/06/2012
Le Concours du prix de Rome de musique (1803-1968)
Ouvrage collectif coordonné par Julia Lu et Alexandre Dratwicki
Symétrie, collection Perpetuum mobile, en collaboration avec le Palazzetto Bru Zane, Centre de musique romantique française – 904 pages, 140 €





 Must de ConcertoNet


Résultat d’une collaboration entre Symétrie et le Palazzetto Bru Zane, cet ouvrage colossal – 904 pages, 1895 grammes – aborde le Concours du prix de Rome de musique, dont bon nombre de mélomanes ont sans doute déjà entendu parler, ne fût-ce que dans les biographies, sans pour autant en connaître l’histoire, le fonctionnement, l’évolution, l’enjeu ou encore l’influence sur le style des compositeurs français. Qu’en retiennent-ils, si ce n’est son académisme, dénoncé avec force sarcasmes par Berlioz puis Debussy, eux-mêmes lauréats, ou le manque de clairvoyance et d’audace du jury? Cette publication vient donc bien à point pour remettre les pendules à l’heure et replacer le prix à sa juste place dans le paysage musical français.


Julia Lu et Alexandre Dratwicki, directeur scientifique du Palazzetto Bru Zane et ancien pensionnaire de la villa Médicis, coordonnent une équipe de trente-deux chercheurs dont les contributions se répartissent en cinq parties, dont une consacrée au «cas Berlioz», précédées d’une introduction et d’un bref historique à lire de préférence avant d’aborder la suite au gré de ses centres d’intérêt et dans l’ordre souhaité. Il s’agit sans doute de la façon la plus judicieuse d’aborder une matière aussi vaste, pourquoi pas en fonction de l’opportunité qu’offrent le concert, la radio et le disque d’écouter ces fameuses cantates dont la plupart restent à découvrir – Glossa y consacre actuellement une collection. Si un nombre significatif de grands compositeurs remportèrent le prix, la plupart des lauréats sont fort peu joués de nos jours, voire oubliés, probablement à tort pour certains. Le prix n’offrait en effet aucune garantie de succès au retour de la Ville éternelle – n’est pas Bizet, Massenet ou Debussy qui veut.


La lecture de cet ouvrage permet de comprendre l’évolution du concours en fonction de la pédagogie, de l’esthétique en vigueur et même de la politique. Contrairement à une idée reçue, le jury s’attacha à récompenser l’inspiration des lauréats et ne se concentrait pas uniquement sur la maîtrise technique et, plus prosaïquement, le potentiel du premier prix à percer à l’opéra – une des raisons de maintenir l’épreuve décisive de la cantate, genre a priori désuet, au contraire, par exemples, de la symphonie et du quatuor. Bien sûr, pour décrocher la suprême récompense, et par conséquent le sésame pour séjourner à Rome, des candidats adoptèrent, pour certains volontairement, un langage susceptible d’attirer les bonnes grâces des évaluateurs mais les plus talentueux n’étouffèrent pas pour autant leur créativité. Des analyses comparatives de cantates, concurrentes ou composée par un même compositeur au fil des années, invitent à nuancer le reproche d’académisme formulé à l’encontre du prix de Rome.


Cette importante publication, à l’écriture rigoureuse et limpide, confronte la «grande» et la «petite» histoire du prix de Rome et regorge jusqu’à plus soif de témoignages, d’anecdotes, de détails, parfois savoureux. L’appareil éditorial est à l’avenant (exemples musicaux, cahiers d’illustrations, palmarès complet, avec nom des lauréats et des librettistes, bibliographie, index des œuvres et des personnes) et justifie à lui seul la présence de ce livre sans équivalent dans les universités et les conservatoires. Celui-ci s’avère également indispensable, malgré son coût, pour les passionnés de musique française qui vivront intensément plus de cent cinquante ans de son histoire en l’abordant sous un angle particulier. Un regret ? Celui d’en savoir aussi peu sur le séjour à la villa Médicis – duquel la Correspondance romaine de Pierné, précédemment éditée elle aussi par Symétrie (voir ici), donnent toutefois déjà un savoureux aperçu – et les «envois de Rome», qui pourraient faire l’objet, du moins faut-il l’espérer, d’un second volume.


Sébastien Foucart

 

 

 

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