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11/30/2011
Anton Bruckner : Symphonie n° 4 en mi bémol majeur «Romantique» (éditions Haas [#] et Nowak [*)])

Orchestre Métropolitain du Grand Montréal, Yannick Nézet-Séguin (direction) (#)
Enregistré à Laval, Québec (avril 2011) – 69’47
ATMA Classique ACD2 2667 (distribute par Intégral) – Notice bilingue (français et anglais) de Pierre Vachon





London Symphony Orchestra, Bernard Haitink (direction) (*)
Enregistré en concert à Londres (14 et 16 juin 2011) – 69’08
LSO Live SACD LSO 0716 (distribué par Harmonia mundi) – Notice trilingue (anglais, français et allemand) de David Nice et Andrew Stewart





Choc des générations entre un des vétérans de la direction d’orchestre, Bernard Haitink (né en 1929), et la jeune garde montante représentée par Yannick Nézet-Séguin (né en 1975) dans une œuvre phare du répertoire romantique, la Quatrième Symphonie d’Anton Bruckner (1824-1896). Choc également dans l’appréhension du compositeur autrichien, compagnon de longue route du chef néerlandais, nouveau venu en revanche dans le paysage du chef québécois bien que celui-ci ait déjà gravé les Septième, Huitième et Neuvième Symphonies du maître de Saint-Florian, ayant au surplus déjà donné la Septième à Paris à la tête de l’Orchestre philharmonique de Rotterdam en septembre 2010.


Après avoir remarqué que le choix de chaque chef se porte sur une édition différente de celle de son concurrent, que la durée de chaque version est néanmoins à peu près identique, lançons-nous maintenant dans le difficile exercice de la confrontation. D’emblée, la version Haitink frappe par la perfection de l’orchestre, qui avait déjà été soulignée lorsqu’il était venu diriger cette même symphonie avec le même orchestre en juin dernier salle Pleyel. On est emporté par ce pupitre de violoncelles dans le deuxième mouvement, par ce cor solo qui, dès le début du premier mouvement, instaure un climat empreint de solennité majestueuse, Haitink veillant à ne rien presser (évitant tout autant de s’alanguir), ni bousculer. Car, face à une telle phalange, il faut une baguette à la hauteur: on soulignera ici cet art consommé des transitions qui allie à la perfection douceur et grandeur du discours (dans le deuxième mouvement encore une fois, à partir de 11’15), la justesse absolue des tempi (les fameux appels de cuivres dans le troisième mouvement) ainsi qu’un sens des couleurs que l’on ne retrouve à ce point que sous les chefs d’exception (quelle conclusion du Finale, où la noirceur que l’on retrouvera dans le finale de la Huitième apparaît déjà dans toute son immensité!).



Chez Nézet-Séguin, l’optique est quelque peu différente. Le chef canadien prend davantage à bras-le-corps la symphonie, adoptant des tempi beaucoup plus contrastés non seulement selon le mouvement considéré mais même à l’intérieur de chaque mouvement en tant que tel. Le premier est assez représentatif de cette tendance, magnifiquement servie par un orchestre là aussi de tout premier ordre (quels cuivres notamment!) mais auquel il arrive parfois de manquer de volume (dans les pupitres de cordes en particulier). Les talents de direction de Yannick Nézet-Séguin offrent à plusieurs reprises de superbes moments comme les couleurs inaugurales du deuxième mouvement, où un léger ralenti donne tout son sens aux premières longues phrases où dialoguent bois et violoncelles ou, toujours dans ce mouvement, la manière qu’il a de conduire les pizzicati des cordes dans un climat de véritable désolation où seul surnage un cor fier et solitaire. Le Scherzo est plus décevant, l’orchestre s’avérant trop empressé (à partir de 3’55, on décèle d’ailleurs sauf erreur un léger décalage entre cuivres et cordes) et gommant ainsi les subtilités d’un des mouvements les plus populaires de l’œuvre de Bruckner. Le Finale est au contraire parfaitement mené, servi par un sens des contrastes qui convainc immédiatement. On regrettera tout de même certains tics en matière de tempi qui, en se jetant avec ardeur dans la bataille, peuvent finalement desservir le discours général (le passage à partir de 12’05).


Aussi, et sans que Yannick Nézet-Séguin n’ait démérité à un moment quelconque, Bernard Haitink s’avère de loin le plus convaincant entre les deux par sa hauteur de vue, la force tranquille ainsi dégagée et la sérénité de son approche qui convient au surplus peut-être mieux au qualificatif «romantique» conféré à cette symphonie. Après avoir, il y a quelques mois, déjà laissé au disque une bouleversante Huitième, voici incontestablement une des plus belles gravures brucknériennes de ces dernières années et, dans la discographie déjà abondante de la Quatrième, une des deux ou trois références à connaître.


Le site de Yannick Nézet-Séguin
Le site de l’Orchestre Métropolitain du Grand Montréal
Le site de l’Orchestre symphonique de Londres


Sébastien Gauthier

 

 

 

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