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08/19/2011
Giuseppe Verdi : Simon Boccanegra

Carlo Guelfi (Simon), Karita Mattila (Maria), Julian Konstantinov (Fiesco), Vincenzo La Scola (Gabriele), Lucio Gallo (Paolo), Andrea Concetti (Pietro), Enrico Cossutta (Un capitano), Katia Pellegrino (Un’ancella), Coro e Orchestra del Maggio Musicale Fiorentino, Claudio Abbado (direction), Peter Stein (mise en scène)
Enregistré en public au Teatro Comunale, Florence (juin 2002) – 143’
DVD Arthaus 107 073 (distribué par Intégral) – Format 16:9 – Region code: 0 – Son: PCM stereo, DD 5.1, DTS 5.1 – Notice de présentation en français, anglais et allemand






Roberto Frontali (Simon), Carmen Giannattasio (Maria), Giacomo Prestia (Fiesco), Giuseppe Gipali (Gabriele), Marco Vratogna (Paolo), Alberto Rota (Pietro), Enea Scala (Un capitano), Lucia Michelazzo (Un’ancella), Coro e Orchestra del Teatro Comunale di Bologna, Michele Mariotti (direction), Giorgio Gallione (mise en scène)
Enregistré en public au Teatro Comunale, Bologne (2007) – 140’
DVD Arthaus 101 307 (distribué par Intégral) – Format 16:9 – Region code: 0 – Son: PCM stereo, DD 5.1 – Notice de présentation en français, anglais et allemand





Chef-d’œuvre longtemps rare à la scène comme au disque, le Simon Boccanegra de Verdi est désormais très bien servi par les éditeurs de musique. Si l’on s’en réjouit évidemment, la publication de ces deux nouvelles versions en DVD – concomitamment à la réédition de l’enregistrement classique de Gabriele Santini en 1957 – témoignent de la complexité du choix pour le mélomane.


Claudio Abbado, un quart de siècle après son enregistrement de 1977 chez DG – un premier choix, sinon l’incontestable référence en CD –, dirige toujours Simon Boccanegra avec une intelligence des timbres et des nuances qui fait merveille (souffle du discours, variété des nuances et des rythmes). Le maestro italien a de toute évidence poussé encore plus loin son questionnement de la partition – de ses clairs obscurs et murmures symphoniques. La musique chante partout, même dans les passages qu’on croyait être purement descriptifs, faisant émerger le grandiose et l’éloquent sans qu’on y prenne gare. Et si le Mai Musical de Florence n’a pas toujours eu le niveau de la Scala de Milan, il est de toute évidence dans un très grand soir. Refusant toute paresse routinière, les instrumentistes répondent aux demandes du chef avec plasticité et enthousiasme, dans une veine authentiquement verdienne, intensément italienne. Grand triomphateur des saluts, Abbado réussit même la prouesse d’obtenir du public péninsulaire un silence mahlérien dans les secondes suivant la dernière note.


L’autre atout de ce live florentin de juin 2002 publié en DVD par Arthaus aurait pu résider dans la mise en scène de Peter Stein qui place souvent la scène dans une nuit bleutée, pas évidente à filmer et dont l’effet se perd malheureusement. Sa conception très binaire (de l’espace, des couleurs, des sentiments) est efficace, sans apporter de regard neuf sur l’œuvre. Sa direction d’acteurs est, en revanche, très aboutie tant dans les scènes de foule que dans les moments plus intimistes. De la distribution essentiellement masculine, c’est l’héroïne qui triomphe. Avec sa voix de cristal, Karita Mattila apporte en effet à Maria une émotion à fleur de peau qui aplatit pour le moins l’impact du Gabriele de Vincenzo La Scola, méritant mais moins marquant. Le reste du casting est solide et homogène. Appliqué, le Simon de Carlo Guelfi ne présente aucun défaut objectif... sinon celui de laisser froid par sa sobre réserve et son implication un tantinet timide. Impliqué, le Fiesco de Julian Konstantinov présente une voix chaude et vibrante mais parfois en mal de justesse, alors que Lucio Gallo fait de Paolo un personnage tragicomique, proche du bouffe. Cependant, si les chanteurs soient loin de démériter, ce sont les retrouvailles d’Abbado avec la partition qui font tout le prix de ce DVD.


Le même éditeur propose un autre live (filmé après mais publié avant la version Abbado 2002) de cet opéra dont il existe désormais un bon nombre de DVD de qualité sur le marché (lire ici ou ici) et sur lequel – vu sa médiocrité – on ne s’étendra pas longuement. La faute à la baguette bien jeune de Michele Mariotti, sans poésie aucune ni grand intérêt d’ailleurs, aussi anguleuse que sèche, hachant le tempo comme s’il s’agissait de conduire une moissonneuse-batteuse. L’Orchestre de Bologne délivre une prestation plus qu’ordinaire (des cordes laides, des vents improbables, des cuivres claironnants) et le chœur, manquant de précision, est à l’avenant.


L’équipe de chanteurs ne rattrape pas vraiment les choses. Sans grande identité vocale, Roberto Frontali offre un chant trivial, comme désincarné ou ne s’intéressant pas à son sujet – un comble dans un tel rôle! –, presque effacé devant le chant noble de Giacomo Prestia en Fiesco. Les amants disposent d’une technique solide et d’une belle voix homogène, mais la prestation de Carmen Giannattasio comme celle de Giuseppe Gipali sont en définitive ordinaires. Seul Marco Vratogna, bon acteur bien chantant, apporte en Paolo un peu de dynamisme à une mise en scène trop statique sur le décor de sol unique (une mosaïque carrée) autour duquel les chanteurs s’amusent à tourner une heure et demie durant. Il faut dire que Giorgio Gallione n’a pas grand à chose à dire ni à apporter au livret de Francesco Maria Piave et Arrigo Boito. Avec ses déplacements caricaturaux auxquels le montage tente de donner un semblant de vie, cette production affectée – bien à l’étroit sur la scène du Teatro Comunale de Bologne – ne marquera ni la vidéographie ni la discographie.


Gilles d’Heyres

 

 

 

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