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08/19/2011
Franz Liszt : Années de pèlerinage (Deuxième année. Italie): «Après une lecture de Dante» – Etudes d’exécution transcendante: «Mazeppa» – Harmonies poétiques et religieuses: «Funérailles» – Ballade n° 2 – Nuages gris
Wolfgang Amadeus Mozart : Requiem, K 626: «Lacrymosa» (transcription: Liszt)
Robert Schumann : Myrthen: «Liebeslied» («Widmung»), opus 25 n° 1 (transcription: Liszt)
Franz Schubert : Schwanengesang, D 957 n° 4: «Ständchen» (transcription: Liszt)
Richard Wagner : Tristan und Isolde: «Isoldes Liebestod» (transcription: Liszt)

Lise de la Salle (piano)
Enregistré à la Sendesaal Bremen (janvier 2011) – 77’
Naïve V5267 – Notice de présentation en français, anglais et allemand





«A tribute to BACH»
Franz Liszt : Harmonies poétiques et religieuses: «Bénédiction de Dieu dans la solitude»
Johann Sebastian Bach : Choral pour orgue «Ich ruf zu dir, Herr Jesu Christ», BWV 639 (transcription: Ferruccio Busoni) – «Das Wohltemperierte Klavier» (Première partie): Prélude et fugue n° 4 en ut dièse mineur, BWV 849
César Franck : Prélude, choral et fugue – Prélude, fugue et variation pour orgue, opus 18 (transcription: Harold Bauer)
Félix Mendelssohn : Prélude et fugue, opus 35 n° 1

Célimène Daudet (piano)
Enregistré dans les ateliers du festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence, Venelles (6-9 novembre 2010) – 69’59
Arion 476 282 0 – Notice de présentation en français et anglais





Franz Liszt : Liebestraum n° 3 – Mephisto Waltz n° 1 – Rhapsodie hongroise n° 2
Serge Rachmaninov : Concerto pour piano et orchestre n° 2, opus 18

Nobuyuki Tsujii (piano), Deutsches Symphonie-Orchester, Yutaka Sado (direction)
Enregistré au Salamanca Hall au Japon (17-19 janvier 2007) et au studio Teldex de Berlin (16-17 mai 2008 [Rachmaninov]) – 59’50
Challenge Classics CC72371 (distribué par Intégral) – Notice de présentation en anglais





L’année Liszt 2011 se poursuit, continuant de livrer des albums dont l’intérêt artistique demeure très contrasté. Le tout meilleur, d’abord, avec le dernier enregistrement de Lise de la Salle (née en 1988) publié chez Naïve et reprenant un programme déjà apprécié en concert. Plus encore qu’avec ses précédents disques (lire ici, ici et ici), on ressent un souffle dense et grandiose qui indique à quel point cette très jeune artiste est appelée à devenir une grande interprète et une éminente lisztienne. Dès «Après une lecture de Dante», on est happé par la maîtrise des nuances, le contrôle absolu d’une ligne de chant à la fois très personnelle et assez incontestable. Le choc ressenti n’est que fort peu altéré par les quelques temps morts (dans les passages les moins agités notamment) ou par un toucher qu’on aimerait parfois plus dense dans les fortissimos. Plus épatante encore, présentant un geste d’une grande originalité (obligeant à reconsidérer les équilibres traditionnels entre les deux mains), la Seconde Ballade est d’une lenteur presque perverse dans les crescendos, osant l’assèchement volontaire du discours (moins chargé en décibels qu’à l’accoutumée), ce qui en rend l’exécution dérangeante, presque pesante, mais ô combien complémentaire des grandes versions de la partition. D’une tonalité plus anonyme, «Funérailles» est moins inspirée, ainsi que Nuages gris – qui manque de mystère, encore trop à l’ombre de Dante et de Méphisto. Lise de la Salle s’amuse, en revanche, avec «Mazeppa» emportant les notes dans un tourbillon d’une folle espièglerie, avec un doigté peut-être trop haché mais incontestablement percutant! Habilement intercalées entre les pièces d’inspiration liszto-lisztiennes, les transcriptions donnent la respiration et le rythme à cet attachant album, qui sait également offrir éloquence (dans le Liebeslied schumannien), pudeur (dans la très wagnérienne Mort d’Isolde), méticulosité (dans les nuances du Lacrymosa mozartien) et émotion (dans le toucher du Ständchen schubertien).


Le contraste est grand avec le Liszt de Célimène Daudet (née en 1977), qui s’attaque à la «Bénédiction de Dieu dans la solitude» d’un geste presque timide, qui en plombe les ressorts dynamiques. Baigné d’un peu trop de pédale, ce Liszt-là est davantage caressé qu’habité – trop en retrait par rapport à la partition pour constituer autre chose qu’une première approche de la part d’une pianiste devant encore construire sa personnalité d’interprète. Il faut dire que la pièce de Liszt constitue, en réalité, le cœur d’un programme composé autour de la figure du «prélude et fugue»: celui en ut dièse mineur de Bach, le Premier de l’Opus 35 de Mendelssohn, les Prélude, choral et fugue et Prélude, fugue et variation de Franck. Des pièces où la pianiste française s’engage avec bien plus d’évidence et de passion que dans la «Bénédiction» de Liszt ou le choral Ich ruf zu dir, Herr Jesu Christ de Bach (transcrit par Busoni) – sobre, recueilli mais froid. Constituant à l’évidence le sommet du disque, les deux pièces de César Franck révèlent heureusement une sensibilité touchante et un geste technique rempli de discernement (choix des tempos, équilibre des nuances...).


Aveugle de naissance, le jeune pianiste japonais Nobuyuki Tsujii (né en 1988) – qui a notamment remporté le concours Van Cliburn en 2009 – épate par sa musicalité et sa virtuosité. Mais si l’on ne juge que le seul contenu musical du disque, c’est un piano sobre mais sans identité aucune que l’on entend ici – trop «passe-partout» pour intéresser vraiment –, délicat mais précipité, interprétant le Troisième Rêve d’amour et la Première Méphisto-Valse avec la même humeur et le même caractère. La Deuxième Rhapsodie hongroise paraît totalement à court d’idées par moments (... tel ce trémolo qui s’éternise outre mesure): la technique est certes splendide, mais l’on est plus proche de la Nouvelle-Orléans que de la Hongrie. Signalons enfin que, dans ce CD trop bref (moins d’une heure), le complément constitue en réalité le plat de résistance: un Deuxième Concerto de Rachmaninov pataud, lourd et sans grand intérêt, la poésie se logeant dans l’orchestre (la flûte, la clarinette, l’accompagnement impeccable de Yutaka Sado) – et non au piano.


Le site de Lise de la Salle
Le site de Célimène Daudet
Le site de Nobuyuki Tsujii


Gilles d’Heyres

 

 

 

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