About us / Contact

The Classical Music Network

CD

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

04/10/2011
Eduard Abramyan : Préludes n° 1, 2, 11 et 13
Serge Rachmaninov : Sonate pour piano n° 2, opus 36 (version de 1931)
Arno Babajanyan : Capriccio – Improvisation – Folksong – Elégie – Poème

Sona Shaboyan (piano)
Enregistré aux Hardstudios, Winterthur, Suisse (avril 2010) – 55’30
Gallo CD-1321 (distribué par Intégral) – Notice en français, anglais et allemand





Serge Rachmaninov : Sonate pour piano n° 2, opus 36 (version de 1931)
Sofia Goubaïdoulina : Chaconne
Nikolaï Medtner : Sonate Reminiscenza, opus 38 n° 1
Serge Prokofiev : Sonate pour piano n° 7, opus 83

Anna Vinnitskaya (piano)
Enregistré à la Fondation Tibor Varga, Sion, Suisse (juin 2008) – 61’48
Ambroisie AM177 (distribué par Naïve) – Notice en français, anglais et allemand





La Seconde Sonate (1913 révisée en 1931) de Serge Rachmaninov (1873-1943) vient d’être enregistrée à quelques mois de distance par deux jeunes pianistes de l’école russe. L’une est arménienne et profite de son enregistrement pour faire connaître des compositeurs arméniens méconnus tandis que l’autre, russe, présente quelques autres œuvres du grand répertoire russe moderne ou contemporain.


Les deux interprétations de la Sonate de Rachmaninov ne manquent pas d’une belle vitalité juvénile et savent éviter la théâtralité grandiloquente, piège facile de ces pages un brin boursouflées et inégales, mais Anna Vinnitskaya déploie un jeu plus clair, plus habité, et des phrasés au total plus contrastés et intéressants. Leur approche du deuxième mouvement est singulièrement différente. Sona Shaboyan, globalement moins lyrique, est en effet plus lente et plus respectueuse du tempo indiqué mais son final n’a pas la flamboyance de la version d’Anna Vinnitskaya, aucune des deux interprètes n’atteignant toutefois les coups de génie, la virtuosité confondante comme les excès de vulgarité de la version très personnelle de Vladimir Horowitz.


En dehors de cette Sonate, le disque de Sona Shaboyan présente des préludes peu originaux mais joliment tournés d’Eduard Abramyan (1923-1986), tantôt danses lascives et orientalisantes, tantôt mélodies romantiques et pastorales, et des pièces plus caractérisées, influencées à l’évidence par Rachmaninov comme par Khatchatourian, d’Arno Babajanyan (1921-1983). De ces dernières, on retiendra plus volontiers Poème pour ses mouvements enchaînés, au dodécaphonisme tempéré et dotés d’une belle tension dramatique. Il faut avoir assisté à des concerts au milieu des années 1990 dans la salle de l’opéra d’Erevan, lesquels débutaient par le nouvel hymne national et étaient fréquemment interrompus par les coupures d’électricité, alors que le pays était au fond du trou, frappé par un tremblement de terre, qui conduisit à l’arrêt de l’énorme centrale nucléaire soviétique, et isolé par la guerre avec l’Azerbaïdjan, pour comprendre tout l’engagement et le cœur placés dans ce disque.


Le programme d’Anna Vinnitskaya est plus exigeant puisque, après Rachmaninov, elle propose quant à elle la Chaconne (1962) de Sofia Goubaïdoulina (née en 1931), somptueuse et sauvage toccata, où l’interprète démontre une force comme une virtuosité peu communes. Suit l’une des quatorze sonates de Nikolaï Medtner (1880-1951), la Sonate «Reminiscenza» (1918). La pianiste y déploie d’autres talents ; le toucher sait être délicat, fluide, lyrique. Du très beau piano. Retour à la frappe implacable et véloce avec une des trois sonates de guerre de Serge Prokofiev (1891-1953), la Septième (1942). La jeune interprète n’a pas froid aux yeux et avale les difficultés techniques, redoutables, avec gourmandise même si elle sait prendre son temps dans l’Andante caloroso central, moment d’ataraxie où pointe toute la nostalgie du compositeur pour la tendresse maternelle. Mais les martèlements à peine ébarbés sont plus toniques, sans être pour autant noyés par la masse sonore, que marqués par le poids de l’histoire tragique du moment ; la guerre n’est pas là comme elle est présente, terrible, obsessionnelle, voire grandiose, chez Sviatoslav Richter (1970, BBC Legends), créateur de la Sonate en 1943. Ici, le dernier mouvement, presque jazzy, laisse clairement entrevoir une victoire éclair des héros et non la bataille et la fureur du ferraillement. Il n’en reste pas moins que la vision, presque jubilatoire, de l’œuvre par Anna Vinnitskaya reste de bout en bout cohérente, maîtrisée et d’une vitalité incroyable. Une réalisation impressionnante.


Le site d’Anna Vinnitskaya


Stéphane Guy

 

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com