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03/24/2011
Riccardo Zandonai : Conchita

Antonietta Stella (Conchita), Aldo Bottion (Mateo), Anna Maria Rota (la Mère de Conchita), Giovanna di Rocco (Dolores), Rosina Cavicchioli (Rufina), Rosetta Arena (le Supervisor), Lorenza Canepa Verra (Estella), Emma de Santis (Une femme), Angela Rocco (Une mère), Chœur et Orchestre de la RAI de Turin, Mario Rossi (direction)
Enregistré en public à Turin (19 septembre 1969) – 90’53
Coffret de deux disques Opera d’Oro OPD 1462 (distribué par DistrArt) – Notice en anglais, pas de livret






Riccardo Zandonai : Francesca da Rimini
Daniella Dessi (Francesca), Fabio Armiliato (Paolo), Giacinta Nicotra (Samaritana), Alberto Mastromarino (Giovanni), Rosella Bevacqua (Garsenda), Sabrina Modena (Adonella), Francesca Rinaldi (Altichiara), Roberta Canzian (Biancofiore), Angela Masi (Smaragdi), L’udovit Ludha (Malatestino), Francesco Zingariello (Ser Toldo), Domenico Colaianni (Il giullare), Alessandro Pucci (Il balestriere), Chœur lyrique des Marches « V. Bellini », Orchestre Philharmonique des Marches, Maurizio Barbacini (direction), Massimo Gasparon (mise en scène)
Enregistré en public à Macerata (2004) – 137’
DVD Arthaus 101 363 (distribué par Intégral) – Format: 4:3. – Region code: 0 (worldwide)





Ceux qui ont vu Francesca da Rimini à Bastille auront peut-être envie de découvrir d’autres opéras de Zandonai. Conchita est tiré, comme les films de Sternberg, de Duvivier et de Bunuel, de La Femme et le Pantin de Pierre Louÿs. Un jeune homme est envoûté par une cigarière devenue danseuse, qui se refuse à lui mais qu’il entretient, ainsi que sa mère. Las de la vie impossible qu’elle lui impose, il finit par la battre : elle y voit là un acte d’amour, se donne à lui et change de vie. Cette relecture de Carmen ne déplaisait pas au compositeur : « Carmen aura une sœur vigoureuse, plus moderne mais aussi étrange et passionnée. » Pour s’assurer de l’authenticité de son inspiration, il fit d’ailleurs un voyage en Espagne en 1909. Pour la création à Milan, au Teatreo Dal Verme, le 14 octobre 1911, Zandonai engagea la soprano Tarquinia Tarquini, dont il s’éprit et qu’il épousa.


Trois ans après, elle ne put créer Francesca, qu’il lui avait pourtant destinée. Qui vient justement d’entendre l’opéra à Bastille en reconnaît aussitôt l’auteur à travers Conchita : même opulence, même raffinement, mêmes affinités simultanées avec le post-wagnérisme et l’impressionnisme, même sens du théâtre avec une tension qui ne faiblit jamais, même exaltation sensuelle. Les pages hispanisantes ne donnent jamais dans le chromo et s’intègrent à l’ensemble : Zandonai s’interdit toujours la facilité. Pas plus que dans Francesca da Rimini il ne ménage les voix : le rôle de Conchita, en particulier, exige un soprano à la fois séduisant et endurant, à la voix souple et longue, sans faille dans ses registres – Tarquinia Tarquini chantait aussi bien Manon et Salomé… que Carmen.


Ce live de la RAI de Turin, fort bienvenu pour découvrir Conchita, ravive en nous le souvenir d’Antonietta Stella, soprano solide et probe qui ferait aujourd’hui une plus brillante carrière… sans une Callas ou une Tebaldi pour la reléguer dans l’ombre. On sent que le rôle l’éprouve, surtout dans l’aigu, mais elle assure, comme on dit, avec vaillance, pleinement investie dans son personnage. Aldo Bottion, éclipsé également par des contemporains prestigieux, fait de même, s’en sortant avec les honneurs. Autre oublié, Mario Rossi faisait partie de ces chefs italiens sûrs et scrupuleux, doué d’un sens du théâtre faisant souvent défaut aujourd’hui, qui ne dédaignait pas de sortir des sentiers battus, notamment pour aller chez les anciens ou les modernes. Il galvanise l’orchestre turinois, pas le meilleur de la péninsule, et rend justice à la générosité incandescente de la partition. Bref, si ce n’est pas la Conchita idéale, et malgré l’absence scandaleuse de tout complément, voici un album précieux pour ceux qui ne veulent pas réduire l’opéra de Zandonai à l’air chanté par Renée Fleming dans son récital « Verismo ».


Le DVD de Francesca da Rimini s’avère moins intéressant : il y a ici la concurrence du live new-yorkais, où l’on voit Renata Scotto et Plácido Domingo s’aimer sous la direction de James Levine – un must (DG). Disciple de Pier Luigi Pizzi, Massimo Gasparon n’exploite pas le bel espace de la scène du Sferisterio de Macerata, confinant l’action sous une espèce de coupole d’église où se cachent les amours clandestines de Francesca et de Paolo. La mise en scène reste convenue, anémiée même ; on n’a d’yeux que pour le brocard des superbes costumes - de Gasparon également. Maurizio Barbacini dirige honnêtement, sans raffinement ni élan particuliers, éludant aussi bien la filiation tristanienne que l’impressionnisme à la française. Côté voix, on assure, ce qui n’est certes pas si mal, surtout pour le couple des amants. Daniela Dessi ne démérite pas, handicapée toutefois par un vibrato excessif et des stridences dans le timbre, sauvée par ses scrupules et la sincérité de son engagement. On peut en dire autant du Paolo de Fabio Armiliato, son compagnon à la ville, un peu brut sans être jamais débraillé, dur d’aigu surtout. Les autres composent un ensemble homogène et si le Giovanni d’Alberto Mastromarino sent le traître de mélodrame, le Maltestino de L’udovit Ludha se tire fort bien d’affaire. Les festivaliers ne sortaient sans doute pas mécontents du spectacle, mais la vocation du DVD est-elle de pérenniser ce genre de soirée ?


Didier van Moere

 

 

 

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