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02/14/2011
Frédéric Chopin : Sonate n° 3, opus 58 – Barcarolle, opus 60 – Impromptus n° 1, opus 29, n° 2, opus 36, n° 3, opus 51, et n° 4, opus 66 «Fantaisie-Impromptu» – Polonaise n° 7, opus 61 «Polonaise-Fantaisie»

Alexei Volodin (piano)
Enregistré dans le Studio 1 de la Bayerischer Rundfunk, Munich (24-26 septembre 2009) – 67’39
Challenge Classics CC72354 (distribué par Intégral) – Notice de présentation en français, anglais et allemand







Frédéric Chopin : Sonate n° 3, opus 58 – Barcarolle, opus 60 – Ballade n° 3, opus 47 – Polonaise n° 9, opus 71 n° 2 – Impromptu n° 3, opus 51 – Valses n° 5, opus 42, et n° 8, opus 64 n° 3
Evgeni Bozhanov (piano)
Enregistré à L’Heure Bleue, salle de musique de La Chaux-de-Fonds (11-13 septembre 2010) – 64’54
Fuga Libera FUG579 (distribué par Harmonia mundi) – Notice de présentation en français, anglais et néerlandais







Frédéric Chopin : Sonates n° 2, opus 35, et n° 3, opus 58 – Barcarolle, opus 60 – Impromptu n° 4, opus 66 «Fantaisie-Impromptu» – Polonaise n° 7, opus 61 «Polonaise-Fantaisie» – Nocturnes n° 7, opus 27 n° 1, n° 8, opus 27 n° 2, n° 13, opus 48 n° 1, et n° 20 opus posthume – Berceuse, opus 57 – Ballades n° 1, opus 23, et n° 4, opus 52 – Etudes n° 12, opus 10 n° 12, et n° 23, opus 25 n° 11 – Nouvelles études n° 1 et n° 2 – Mazurkas n° 21, opus 30 n° 4, et n° 41, opus 63 n° 3
Elizabeth Sombart (piano)
Aucune indication sur les lieux et les dates d’enregistrement – 148’08
Double album Le Chant de Linos (distribué par Intégral) – Notice de présentation en français et en anglais







«Autour des Scherzi»
Frédéric Chopin : Scherzos n° 1, opus 20, n° 2, opus 31, n° 3, opus 39, et n° 4, opus 54 – Polonaise n° 6, opus 53 «Héroïque» – Mazurkas n° 13, opus 17 n° 4, n° 25, opus 33 n° 4, et n° 26, opus 41 n° 1 – Variation sur la Marche des «Puritains» de Bellini (6e variation de l’«Hexaméron») – Mélodies, opus 74 n° 3 et n° 11
Corinne Kloska (piano), Xavier Le Maréchal (#) (ténor)
Enregistré en l’église Saint-Marcel, Paris (2007 et 2009) – 67’37
Soupir Editions S218 (distribué par Harmonia mundi) – Notice de présentation en français et anglais







Frédéric Chopin : Ballade n° 4, opus 52 – Fantaisie, opus 49 – Mazurkas, opus 50
Franz Liszt : Après une lecture de Dante, extrait de la «Deuxième Année de pèlerinage» – Funérailles, extrait des «Harmonies poétiques et religieuses»
Frédéric Vaysse-Knitter (piano)
Enregistré dans le Studio S-1 de la Radio polonaise, Varsovie (avril 1996) – 64’24
Polskie Nagrania Edition ECD 070 (distribué par Intégral) – Notice de présentation en français et anglais





L’année du bicentenaire est terminée mais les publications continuent déferler dans les bacs, où Frédéric Chopin (1810-1849) donne l’occasion de comparer cinq pianistes dans des programmes qui se recoupent. Un petit exercice qui révèle – hélas – bien peu de choses sur le génie du compositeur polonais (au sein d’une discographie certes pléthorique) mais qui permet de dévoiler le plus jeune de ces cinq interprètes – Evgeni Bozhanov, le seul qui parvienne véritablement à titiller l’oreille et, accessoirement, à tirer son épingle du jeu de l’écoute comparée.


Bien qu’encore jeune, le plus connu de ces cinq artistes est néanmoins Alexei Volodin (né en 1977). Son Chopin ne laisse rien au hasard, exposant une vision ramassée de la Barcarolle qui exalte puissance et véhémence. Patient et attentif, le pianiste russe bâtit une architecture solide pour la Troisième Sonate, sachant ménager de convaincantes montées en puissance et éviter tout risque d’ennui par des choix de nuances et de tempos toujours en éveil (Scherzo, Finale). Si une légère tendance à ralentir en fin de phrase fait parfois tiquer, elle n’entrave pas l’impression générale de maîtrise de l’esprit comme du texte de cette partition célèbre. Reprenant les quatre Impromptus comme lors d’un récital donné en 2007 à Paris), Alexei Volodin convainc davantage qu’en concert dans ces pages où il diffuse une fantaisie et une imagination rythmiques bienvenues (Opus 36), bien que son geste paraisse souvent trop précipité (Opus 29) ou instable (Opus 51, Fantaisie-Impromptu)... à l’image d’ailleurs d’une Polonaise-Fantaisie excessivement heurtée – plus russe que polonaise – et qui n’émeut pas.


Mais le vrai «sang neuf», c’est Evgeni Bozhanov (né en 1984) qui l’apporte. A l’occasion de la publication du coffret discographique de l’édition 2010 du concours Reine Elisabeth (dont le pianiste bulgare remporta le deuxième prix), ConcertoNet décrivait d’ailleurs un «véritable artiste, dont l’arrogance apparente peut néanmoins agacer (…) une vraie personnalité» (lire ici). La Troisième Sonate résume assez bien l’originalité de cette approche: une sonate toujours intéressante, en perpétuelle transformation, révélant un travail minutieux sur les combinaisons sonores. Elle contient pourtant trop de retenue (et – comme avec Volodin mais en plus gênant encore – une inclination à ralentir les tempos qui désarticule la ligne de chant): elle laisse une impression finalement assez anonyme. Comme à Bruxelles, on en conclut que, dans cet Opus 58, «son interprétation, qui possède du corps mais aussi du cœur, sera laissée à l’appréciation de chacun – mais elle tient la route». Le reste du disque, en revanche, mérite un grand coup de chapeau! Quelle évidence dans ce Chopin qui coule comme une caresse d’ivoire, articulé sur un legato très personnel mais qui sonne juste. La Barcarolle s’en trouve comme rafraîchie, la Neuvième Polonaise comme pimentée, les deux Valses comme émoustillées. La conception du Troisième Impromptu – moins inspirée mais sans faute de goût – ramène en revanche à des réalités plus ordinaires, alors qu’Evgeny Bozhanov explore tous les recoins de la Troisième Ballade sans toutefois en découvrir la clef. Il n’en reste pas moins qu’en publiant ce récital, Fuga Libera frappe fort et annonce – on l’espère – une longue carrière pour cet artiste original et authentique.


Elizabeth Sombart offre un Chopin à l’extrême opposé. La pianiste, dont la notice précise qu’elle a étudié «la phénoménologie (…), l’énergétique (…) et les implications psychanalytiques dans l’expression musicale», considère que «tout naît de l’écoute du son qui puise ses racines dans le silence du Principe. C’est pourquoi chaque interprète doit avant tout avoir fait vœu de silence, car les sons s’y inscrivent et non le contraire». Ce n’est pas une raison suffisante pour étirer à ce point le tempo dans des Nocturnes qui perdent toute pulsation et toute unité à force de lenteur contemplative. Dans les Ballades comme dans les Sonates, le sentiment d’arbitraire est aussi fort que la rythmique est libre. Subjectivité du goût, dira-t-on? On ne peut, en tout cas, s’empêcher de relever que, si le Largo de la Troisième Sonate est effectivement baigné de sensibilité et déborde d’accents romantiques, l’ensemble peine à convaincre de son intérêt discographique. Ainsi, dans l’Allegro maestoso ou le Finale de la Troisième Sonate tout comme dans le Scherzo de la Deuxième sonate, les tempos paraissent franchement empesés. La ligne de chant se fait même ostentatoire – malmenée qu’elle est par des étirements rythmiques qui donnent souvent le mal de mer (interminable «Marche funèbre»... il faut dire qu’Elizabeth Sombart reçut l’enseignement de Sergiu Celibidache). Au total, ce Chopin-là souffre de deux défauts majeurs: un toucher manquant de tranchant qui paraît hacher et même déconstruire la ligne mélodique (improbable Polonaise-Fantaisie, laborieuses Etudes, méconnaissables Mazurkas), d’une part, et un registre interprétatif souvent sucré, voire mielleux (la Fantaisie-Impromptu par exemple) qui abuse de la pédale, d’autre part.


Le premier de ces défauts entache également le jeu de la pianiste d’origine polonaise et italienne Corinne Kloska. Or, manquer de tranchant et hacher les phrasés constituent une tare rédhibitoire dans un corpus aussi bien servi par le disque que celui des quatre Scherzos. Cette faiblesse affecte moins les Quatrième et Deuxième Scherzos (bien tenus mais qui s’alanguissent beaucoup trop) que les Premieret Troisième (apathiques au possible). Les Mazurkas, déjà, retrouvent une sobriété et une tenue qui leur confèrent une certaine dignité ainsi qu’un caractère mélancolique, presque amer. La Polonaise «Héroïque» est tout aussi sobre, mais également trop raide. Tout le contraire des touchantes Mélodies chantées (un peu timidement) par le ténor Xavier Le Maréchal. Surtout, on disposera ici de la rarissime Variation sur la Marche des «Puritains» de Bellini de Chopin, l’une des variations de l’Hexaméron, œuvre collective coordonnée par Liszt.


Enfin, signalons que le label polonais Polskie Nagrania vient de rééditer des enregistrements datant de 1996 (et déjà publiés en 1997) du pianiste français Frédéric Vaysse-Knitter (né en 1975). On y trouve des Chopin dans un style intègre et (déjà) mûr, au toucher rond et généreux et au style noble et sérieux – à l’image d’une Quatrième Ballade où s’épanouit un chant d’une élégance rare et d’une intensité prenante, d’une Fantaisie débordant de lyrisme et de Mazurkas un rien hautaines mais justes. Par sa reparution, le disque fait, du reste, le lien entre les bicentenaires de la naissance de Chopin et de Franz Liszt (1811-1886), dont il offre des «Funérailles» sobrement affligées et sans faute de goût – mais où la rage fait défaut et où l’ennui guette. Par son tempo mesuré, par sa sérénité et sa concentration, Après une lecture de Dante étonne: il y manque certainement la noirceur et l’airain des plus grandes interprétations de cette page (Arrau, Berman, Brendel...), mais autant de musicalité fait plaisir à entendre.


Le site d’Alexei Volodin
La page d’Elizabeth Sombart sur le site de sa fondation
Le site de Frédéric Vaysse-Knitter


Gilles d’Heyres

 

 

 

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