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01/11/2011
Jan Dismas Zelenka : Miserere en do mineur
Johann Sebastian Bach : Cantate «Weinen, Klagen, Sorgen, Zagen», BWV 12
Antonio Lotti : Missa a tre cori

Balthasar-Neumann-Chor, Balthasar-Neumann-Ensemble, Thomas Hengelbrock (direction)
Enregistré à la Martinskirche de Mülheim (26-29 septembre 2008) – 76’02
Deutsche Harmonia Mundi 88697526842 (distribué par Sony Music) – Notice trilingue (allemand, anglais et français) de Thomas Seedorf





Une fois encore, quelle richesse que cette musique née en Europe centrale au cours du XVIIIe siècle! Profitant de la multiplication des cours princières ou seulement nobiliaires, une pléthore d’orchestres et d’ensembles vocaux se sont créés, chaque chef tendant à s’improviser ensuite compositeur avec plus ou moins de réussite. C’est ainsi que sont notamment apparus les musiciens de la Cour de Dresde (Heinichen, Fasch, Pisendel, Quantz…), autant de noms mis à l’honneur du disque depuis quelques années maintenant.


Egalement ressuscité, Jan Dismas Zelenka (1679-1745) qui, après avoir exercé comme contrebassiste à la chapelle royale de Dresde, devint compositeur officiel à Vienne en 1735. Après la parution, il y a quelques mois, du formidable oratorio Penitenti al Sepolchro del redentore (1736) chez Zig-Zag Territoires (voir ici), voici son Miserere en do mineur qui a notamment fait l’objet d’un superbe enregistrement dirigé par Paul Dombrecht chez Passacaille. Œuvre brève (moins d’un quart d’heure), elle enthousiasme dès les premières notes, les chants fusant de toutes parts sur un leitmotiv prenant de la part des cordes. A l’image de l’oratorio précédemment signalé, les hautbois jouent en outre un rôle absolument fondamental dans l’agencement musical, lui donnant ainsi une urgence et une couleur toutes particulières. La suite de la pièce s’avère en revanche beaucoup plus classique dans son agencement, la voix de la soprano Tanya Aspelmeier étant au surplus un peu courte lors du passage «Gloria Patri I»; seule la dernière partie, «Miserere III» retrouve la verve initiale de l’œuvre. Il est vrai que l’orchestration est exactement semblable à celle de la partie introductive...


L’imagination que l’on pouvait attendre de ce disque eu égard à la première œuvre proposée retombe immédiatement puisque la deuxième pièce n’est autre que la célèbre Cantate «Weinen, Klagen, Sorgen, Zagen» de Johann Sebastian Bach (1685-1750), dont on ne compte plus les versions princeps signées notamment (et sans grande surprise) Philippe Herreweghe, Gustav Leonhardt ou Masaaki Suzuki. Si la présente version ne dépare pas dans l’ensemble, force est de constater qu’elle n’apporte pas grand-chose à ce qui a déjà été fait même si on ne peut qu’admirer la largesse du son, le sens de la diction, la respiration du discours (dans le passage «Angst und Not...» au sein du premier chœur) et la délicatesse de l’accompagnement orchestral. Même si le hautbois d’Emma Black est très beau dans l’accompagnement de l’air d’alto chanté par Marion Eckstein, on préfèrera la plus grande subtilité encore de Marcel Ponseele chez Herreweghe, difficilement surpassable il est vrai. Il eût sans aucun doute été préférable pour Thomas Hengelbrock et son équipe d’enregistrer le second Miserere ZWV 56 de Zelenka dont les versions ne se bousculent pas, tant s’en faut, histoire de ne pas amoindrir l’excitation du programme présenté ici.


Troisième et dernière œuvre au programme de ce disque, la Missa a tre cori d’Antonio Lotti (1667-1740). Compositeur vénitien prolifique, ayant notamment exercé à Dresde et Vienne (villes décidemment incontournables dans l’horizon musical de cette époque), Lotti s’est surtout illustré comme compositeur d’opéras. Il n’en demeure pas moins que son catalogue comporte également plusieurs pièces de musique sacrée, répertoire dont Thomas Hengelbrock s’est véritablement pris d’affectation puisqu’il en a enregistré un certain nombre dont un très beau Requiem en fa majeur (paru en 1999 chez Deutsche Harmonia Mundi). Cette Missa a tre cori se caractérise par une alternance, assez courante pour l’époque (pensons à Vivaldi), entre mouvements syncopés, formalisant un strict respect du contrepoint, et des passages plus détendus où la forme importe moins que le climat suscité. Le jeu des voix dans le «Christe Eleison», qui font écho aux instruments, est ainsi typique de ce que l’on peut parfois entendre chez Vivaldi, de même que la trame instrumentale du «Gloria in excelsis», rehaussée par d’éclatantes trompettes ou, dans un tout autre genre, le délicat «Domine Deus» accompagné par le violon solo.


Une belle œuvre qui complète donc harmonieusement un disque dont, encore une fois, on ne peut que regretter que la figure écrasante de Bach ait conduit à écarter une autre œuvre de Zelenka ou de Lotti, compositeurs qui méritent véritablement d’être portés à l’écoute de tout un chacun.


Le site de Thomas Hengelbrock
Un site exhaustif consacré à la vie et l’œuvre de Zelenka


Sébastien Gauthier

 

 

 

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