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12/01/1999
Anton Bruckner : Symphonie n° 9
Royal Scottish National Orchestra, Georg Tintner (direction)
Naxos, enregistré en 1997


Par son parcours atypique, Georg Tintner illustre ce que l'Europe a perdu en frôlant l'anéantissement et les ténèbres lors de la deuxième guerre mondiale, une certaine idée de l'art à jamais évanouie. Né en 1917, dès l'enfance il chante des messes de Bruckner sous la direction de Franz Schalk (ami et défenseur de Bruckner, créateur de sa Cinquième Symphonie), il suit l'enseignement de Félix Weingartner, dirige, à 16 ans, l'un des choeurs de la Huitième Symphonie de Mahler lors d'un concert où Bruno Walter officie et devient, à 19 ans, chef assistant au Volksoper de Vienne. Mais, deux ans plus tard, l'Anschluss prive brutalement le juif Tintner de son poste. Il part en Angleterre et se voit aussitôt proposer plusieurs postes importants : il refuse et part en Australie où il fera l'essentiel de sa carrière ! Plus personne n'entendra parler de lui en Europe. Un parcours extravagant pour quelqu'un qui aurait pu triompher sur les grandes scènes mondiales et que seule une blessure profonde et secrète peut expliquer. Naxos l'a tiré de cet oubli en lui faisant enregistrer un de ses compositeurs de prédilection, Anton Bruckner. Et l'on regrette encore plus ce que l'on a perdu, car cette Neuvième se classe tout simplement parmi les très grandes versions de l'oeuvre. Elle réalise une sorte de synthèse entre la noirceur d'un Furtwängler, la densité sonore d'un Jochum, l'alacrité d'un Abendroth, le clair étagement des voix d'un Celibidache. Voici peut être la version la plus "équilibrée" de la dernière symphonie de Bruckner, l'une des plus attachantes, celle à recommander absolument pour s'initier à ce monument musical qui semble hors du temps. "Le mystère et l'horreur de la mort animent ces trois mouvements" comme l'écrit Tintner dans le texte de présentation, la méditation et la plus haute spiritualité également, ce qu'il ne manque pas de nous rendre évident. Le 3 octobre dernier, Georg Tintner a disparu à jamais. Que nous restera-t-il ? L'image floue de quelqu'un qui nous aura manqué sans que l'on s'en soit rendu compte et quelques disques, dont cette essentielle Neuvième.

Philippe Herlin

***
Nous avons reçu le 10 avril 2000 une lettre de la femme de Georg Tintner qui corrige certains éléments de la critique qui se référait alors au livret du CD. Nous reproduisons intégralement la lettre de Mme Tanya Tintner ci après.


Dear M. Herlin,

Please forgive me for writing in English!

I have found your review of my husband's Bruckner Symphony No. 9, which I have read with the help of my brother and (French) sister-in-law. It is a wonderful review, and I thank you most gratefully.

It is clear that you understand, and are sympathetic to, my husband and his work, and so I take the liberty to mention one of two things in your review that were not quite right. Please do not think this is meant as criticism - it is just because you have obviously taken a sumpathetic interest that I dare to write to you.

You said that from Vienna he went to England, where he was offered many good positions, but he refused them and went to Australia instead. I am afraid that nothing could be further from the truth. He was allowed to stay in England only for a short time (1939), and he was not allowed to work because he was an "enemy alien". He was certainly offered nothing at all. From England he went to New Zealand, the only country which would take him (and they only because an ex-pupil lived there already, and his parents guaranteed for Georg). Georg tried to get into Canada, Australia, the USA... everywhere ... but NZ was the only place that would take him. He moved to Australia in 1954. Both NZ and Australia are very beautiful places, but as places to have a big career....

He was conducting a little in England 1967-70, at Sadler's Wells (English National Opera) where he was coach, but was unable to get a full-time contract in England and so moved back to Australia in 1970.

When he died on 2 October he was booked to do five concerts in Tokyo in 2000 and 2001, and also concerts in 2000 with the Berne Symphony Orchestra. I heard afterwards that the Luxembourg Philharmonic was also interested, and just about to ask for his dates. So, had he lived a little longer, he would finally have conducted in (Western) Europe for the first time (he conducted several times in Czechoslovakia in the 1990s).

Thank you again for your beautiful review.

With best wishes,

Yours sincerely,

Tanya Tintner



Philippe Herlin

 

 

 

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