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11/16/2010
Ludwig van Beethoven : Missa Solemnis en ré majeur, opus 123

Anna Tomowa-Sintow (soprano), Annelies Burmeister (alto), Peter Schreier (ténor), Hermann Christian Polster (basse), Rundfunkchor Leipzig, Horst Neumann (chef de chœur), Gerhard Bosse (violon solo), Hannes Kästner (orgue), Gewandhausorchester Leipzig, Kurt Masur (direction)
Enregistré à la Lukaskirche de Leipzig (février 1972) – 73’35
Berlin Classics «Reference» 0013122BC (distribué par Intégral) – Notice et traduction bilingues (anglais et allemand) de Uwe Kraemer





La Missa Solemnis fait figure de monument dans l’œuvre de Ludwig van Beethoven (1770-1827) en raison tant des effectifs requis que de l’énergie que le compositeur y a mise pour parvenir à l’achever. Comme le rapporte Schindler: «Le visage en sueur, il frappait les temps, mesure par mesure, avec les mains et les pieds, avant d’écrire les notes! Les locataires voisins se plaignaient qu’il leur enlevât tout repos, jour et nuit, avec ses trépignements et ses coups. Le propriétaire lui donna congé. (…) Non, jamais un chef-d’œuvre semblable à la Missa Solemnis ne naquit dans des circonstances aussi défavorables. » (B. et J. Massin, Ludwig van Beethoven, Fayard, p. 544)!


Composée entre 1818 et 1823, partiellement exécutée en mai 1824, la Missa Solemnis est une vieille compagne de route de Kurt Masur, lui qui la dirigea à la tête de ses différents orchestres, qu’il s’agisse notamment du Philharmonique de New York en mai 1999 (le disque ayant préservé ces représentations où officiaient respectivement Christine Brewer, Florence Quivar, Anthony Rolfe Johnson et Peter Rose) ou du National, sept ans plus tard, en mai 2006 (voir ici). Sauf erreur, le présent enregistrement est donc le premier témoignage connu de Kurt Masur dans cette œuvre; disons-le d’emblée, il s’agit d’une incontestable réussite.


On l’oublie parfois un peu vite, contexte historique de la guerre froide oblige, mais l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig était (et reste encore aujourd’hui) un orchestre de tout premier plan. Les cordes sont d’une très belle ampleur et les vents au diapason de l’exécution: on soulignera tout particulièrement la petite harmonie, d’une délicatesse absolue dans chacune de ses interventions (la fin du Tempo primo dans le Kyrie, le «Gratias» ou surtout le «Qui tollis» dans le Gloria), sans, naturellement, oublier des cuivres majestueux et éclatants (le «Gloria in excelsis Deo» à la fin du Gloria). Le violon de Gerhard Bosse (Konzertmeister de 1955 à 1987!) est excellent dans le Benedictus, accompagné par un Kurt Masur doté d’un incroyable sens de la respiration et de l’équilibre (l’entrée de la clarinette à 5’35). On regrettera d’autant plus un rythme parfois un rien trop précipité (l’Allegro ma non troppo au début du «In Gloria Dei Patris», dans le Gloria) et une certaine raideur dans la direction qui, hors ces petites considérations, demeure inspirée tout au long de l’œuvre.


Les Chœurs de la radio de Leipzig sont également de très grande qualité: il faut dire que la Missa Solemnis les sollicite constamment et nécessite de leur part une très forte implication du début à la fin. Furieux et réjouissants à la fois dans l’Allegro vivace du «Gloria in excelsis Deo» au début du Gloria, apaisés dans le «Dona nobis pacem» (Agnus Dei), ils sont merveilleux à chacune de leurs interventions et justifient à eux seuls l’acquisition de ce disque. Quant aux solistes, autant dire qu’il s’agit là d’un quatuor fort aguerri même si Anna Tomowa-Sintow et Peter Schreier n’avaient pas encore, en février 1972, autant chanté l’œuvre qu’ils ne le feront par la suite, notamment sous la direction de Herbert von Karajan (leurs enregistrements sous la direction du maître autrichien étant respectivement parus chez Deutsche Grammophon et EMI). Si Hermann Christian Polster manque singulièrement de profondeur dans le «Dona nobis pacem» au sein de l’Agnus Dei, celui-ci s’avère plutôt bon le reste du temps. Les trois autres chanteurs sont excellents, à commencer par un Peter Schreier aux anges (le «Gratias» au début du Gloria), Anna Tomowa-Sintow et Annelies Burmeister formant un duo extrêmement bien assorti sans que cela se fasse trop au détriment de l’alto, pourtant facilement reléguée dans cette partition par une soprano davantage mise en valeur.


Même si, en se limitant aux seules interprétations traditionnelles, elle n’éclipse pas celle de Herbert von Karajan chez EMI (splendide en raison, notamment, d’un José van Dam sans rival dans cette partition), cette version est du plus haut niveau et, compte tenu du prix, on aurait tort de s’en priver!


Le site de Kurt Masur
Le site d’Anna Tomowa-Sintow
Le site de Hermann Christian Polster


Sébastien Gauthier

 

 

 

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