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11/13/2010
Jean Sibelius : Symphonies n°6 en ré mineur, op. 104, et n°7 en ut majeur, op. 105 – Suite de Karelia, op. 11 – Kuolema: Valse triste, op. 44 n°1

Kungliga Filharmonikerna, Vladimir Ashkenazy (direction)
Enregistré au Stockholms Konserthus (8-11 novembre 2006, 30-31 janvier et 1-3 février 2007) — 69’46
SACD hybride Exton OVCL-00293 (distribué par Intégral) – Livret de présentation en japonais avec encart en anglais d’Anthony Burton




Plus d’un quart de siècle après sa première tentative pour Decca à la tête du Philharmonia de Londres, Vladimir Ashkenazy termine par cet enregistrement sa deuxième intégrale des Symphonies de Jean Sibelius, avec le précieux concours de l’Orchestre philharmonique royal de Stockholm. Devant le grand nombre de versions déjà en existence, entreprendre une nouvelle intégrale témoigne d’un certain courage et d’une conviction solide. Vladimir Ashkenazy a eu ce désir, peut-être grâce à sa relation personnelle à Sibelius, peut-être grâce à la relation spéciale qu’il entretient avec le Japon. Il bénéficie effectivement de la prise de son transparente et aérée du label japonais Exton, dont la présence, la finesse et la clarté exceptionnelles mettent en relief toutes les nuances de sa palette et captent le plus infime des changements de climat qui perce la grande tension de l’orchestre sibélien.


Par rapport à ce résultat peut-être inattendu, la première intégrale du chef d’origine russe reste en retrait. L’interprétation, dans son ensemble, n’y dépasse que rarement les limites d’un style correct mais classiquement passe-partout, si pâle, si pastel que les puissantes caractéristiques sibéliennes s’en trouvent atténuées. Ashkenazy a redressé la barre. On peut toujours préférer, le klang originel de la passion sombre de Berglund ou le timbre authentique et la précision engagée de la récente version de Vänskä, et certains mélomanes apprécieront toujours la rutilance d’un Karajan ou l’étoffe d’un Sanderling, la robuste version de Segerstam ou la première fine mise au point de Davis (Boston), par exemple, mais une autre vision n’est jamais à négliger et cette nouvelle intégrale (voir ici et ici), ne manque pas d’attraits.


La plus belle réussite de ce quatrième et dernier volet est sans doute l’interprétation de la Sixième symphonie. Peut-être la moins souvent jouée des sept, elle est pourtant d’une subtilité rare, finement détaillée ici par les musiciens et habilement restituée par la technique et la prouesse des ingénieurs du son, la spatialisation des textures pleinement préservée. La version d’Ashkenazy, en surface ensoleillée et peut-être plus tendre que celles de ses confrères, en accentue en profondeur les tensions sous-jacentes et le trouble intériorisé et révèle toute la beauté des ambivalences modales et la finesse des couleurs timbrales, fortes et éphémères, voilées d’orage, ou en demi-teinte diaphane. La fluidité des élans, la mobilité constante et le jaillissement des phrases mélodiques transcendent les changements de direction, le sentiment permanent de transition et le foisonnement des idées; la direction d’Ashkenazy en souligne toute la cohérence avec une expressivité jamais appuyée.


«Par sa dimension spirituelle et sa maîtrise artistique, l’un des grands documents eschatologiques de la musique européenne» (S. Vestdijk), la Septième symphonie organique est parmi les plus belles œuvres du compositeur et, selon Marc Vignal, «même le protoype de la symphonie en un seul mouvement». Aussi bien entouré, Ashkenazy se devait de la réussir et, malgré une baguette au début rêveuse, l’interprétation de son orchestre, bien transmise par l’excellence de la prise de son, reste tout à fait convaincante. Si l’on peut trouver la version de Vänskä plus intense ou celle de Berglund plus sombrement splendide, la direction d’Ashkenazy emporte et émeut et c’est plus volontiers à son propos que l’on se souvient que Koussevitsky ait pu qualifier ce «monolithe sonore» (Vignal) de «Parsifal finlandais.


S’offrent en complément de programme la Suite tirée de Karelia et la «Valse triste», premier volet de la musique de scène de Kuolema, deux pièces non négligeables du catalogue de Sibelius, la suite parce que la Carélie est le berceau du Kalevala et le symbole du sentiment national, et la valse par sa popularité et les méprises à son sujet qui, malgré sa finesse harmonique, feraient de ce drame délicat une simple pièce de salon. Lors de la Karelia-sarja, Vänskä, sobre, retenu et grave, crée une tension dramatique qui en fait ressentir l’importance historique. Ashkenazy marque les rythmes et accentue le relief orchestral au point de permettre aux différents groupes instrumentaux de briller à part comme lors de certains concertos pour orchestre. Les musiciens s’y prêtent avec maîtrise, les sonorités belles, et, si c’est un plaisir autre, c’est un plaisir en soi. La «Valse triste» clôt cette intégrale avec émotion, dignité et grâce.


Le site de Vladimir Ashkenazy chez Decca Le site de l’Orchestre philharmonique royal de Stockholm


Christine Labroche

 

 

 

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